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QUESTION D'ACTU

Série "cancer du poumon : état des lieux" (5/5)

Jean-Pierre Pernaut touché par un cancer du poumon : aurait-il dû se faire dépister plus tôt ?

Alors que l'ancien présentateur du journal de 13 heures de TF1 Jean-Pierre Pernaut vient d’annoncer être atteint d'un cancer du poumon, Pourquoi docteur vous propose, avec l'aide du nouveau collectif "Ensemble nous poumons", une série pour tout connaître de cette maladie. Aujourd'hui, focus sur son dépistage, qui n'est pas encore généralisé en France, au grand dam de nombreux spécialistes. 

Jean-Pierre Pernaut touché par un cancer du poumon : aurait-il dû se faire dépister plus tôt ? Egor Kulinich / istock.




L'ESSENTIEL
  • Avec la volonté d’améliorer la prise en charge des patients grâce à une détection précoce du cancer du poumon, le collectif "Ensemble nous poumons" s’est nouvellement constitué.
  • Son ambition est d’éliminer le cancer du poumon comme cause de décès.

Seul un diagnostic précoce permet l’accès à des traitements locaux et curatifs : chirurgie ou radiothérapie, auxquelles peut être associée une chimiothérapie. Or, en France, les cancers du poumon sont souvent diagnostiqués à un stade avancé (75% d’entre eux), du fait de symptômes peu spécifiques. "Identifié à des stades avancés ou métastatiques, le cancer du poumon a un pronostic défavorable. À ces stades, la survie à 5 ans varie de 3 % à 23 %, tandis qu’elle peut aller au-delà de 50 % en cas de diagnostic à un stade localisé", explique le collectif Ensemble nous poumons. "L’accès précoce au diagnostic pose la question du dépistage", déduisent les experts. 

De nombreux spécialistes français sont en faveur de la mise en place d'un dépistage systématique du cancer du poumon pour les individus à risque, comme c’est déjà le cas aux Etats-Unis. Mais un avis de la Haute autorité de santé (HAS) s'y oppose, soulignant le risque de générer des faux-positifs et le danger des irradiations.

Deux grandes études sur le dépistage par scanner 

Le dépistage du cancer du poumon par scanner faible dose a fait l’objet de deux grandes études qui ont démontré qu'il sauvait des vies. La première (National Lung Screening Trial ou NLST) a été faite aux États-Unis, et la seconde (NELSON) a été menée aux Pays-Bas et en Belgique.

L’étude NLST, conduite entre 2002 et 2007, portait sur plus de 50 000 fumeurs ou anciens fumeurs âgés de 55 à 74 ans. Les participants ont été randomisés en deux groupes pour bénéficier tous les ans pendant 3 années consécutives soit d'un scanner (26 722), soit d'une radiographie thoracique (26 732). Après 2007, le suivi a été prolongé pendant 3 ans et demi. Le taux d’adhésion au dépistage était supérieur à 90 % dans les deux groupes, et la réduction de la mortalité par cancer du poumon de 6,7 % dans le groupe du scanner. "Cet essai est le premier au monde qui montre un bénéfice significatif d’une technique de dépistage du cancer broncho-pulmonaire", expliquent les experts. "Cependant, des limites de l’étude avaient été soulevées : populations étudiées, taux de complication de la biopsie, etc...", détaillent-ils. 

Après la recherche NLST, l’essai NELSON a démontré que le dépistage précoce du cancer du poumon permettrait d’augmenter les chances de guérison. En effet, après 9 ans de suivi, les résultats suivants ont été observés : 24% de réduction de la mortalité chez les hommes et 48% chez les femmes. "L’étude NELSON est la plus large cohorte européenne : elle a inclus 15 822 participants suivis pendant 5 ans et demi", soulignent les professionnels de santé. 

Quelle faisabilité du dépistage organisé ?

Enfin, pour aller plus loin et évaluer l’efficacité et la faisabilité dans la vie réelle du dépistage organisé du cancer du poumon chez les gros fumeurs, une étude a été conduite dans le département de la Somme par le Dr Olivier Leleu (DEP-KP80). Son protocole reprend celui de l’étude NLST (3 scanners sur 3 ans).

Si elle ne prendra fin qu'au dernier trimestre 2021, l’étude DEP-KP80 permet déjà d’apprécier les résultats du premier et du second scanner. "Ces données semblent confirmer la faisabilité et l’efficacité de ce dépistage. Les trois quarts des cancers ont été diagnostiqués à un stade précoce (I ou II). Autant de cancers localisés qui ont pu bénéficier de traitements curatifs, notamment d’un accès à la chirurgie lors du deuxième tour", se félicite le collectif Ensemble nous poumons. Seul bémol :"alors que 72% des participants ont bénéficié du premier tour de scanner, seuls 35 % ont effectué le second scanner thoracique. Les causes de cette baisse d’adhésion à l'examen sont en cours d’investigation", conclut l'organisation.

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