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Covid-19

Covid long : et s'il s'agissait d'une manifestation psychosomatique ?

Être convaincu d’avoir eu la Covid pourrait être plus impactant que d’avoir été réellement infecté dans le développement de symptômes persistants, tels que la fatigue ou la faiblesse musculaire.

Covid long : et s'il s'agissait d'une manifestation psychosomatique ? Vadym Pastukh/iStock




L'ESSENTIEL
  • Cette étude ne remet pas en cause le lien entre l’infection par le virus et le développement d’un syndrome post-infectieux.
  • La conviction d’avoir été contaminé est associée à une probabilité accrue de souffrir de 16 des 18 symptômes les plus communs du “Covid long”.
  • Avoir contracté le virus n’a été lié qu’à une probabilité augmentée d’un seul trouble persistant qui est la perte d’odorat.

Plus d’un patient sur cinq souffrirait de Covid long, c’est-à-dire de symptômes persistants plus de 5 semaines après l’infection au SARS-CoV-2. Une étude française menée sur une grande cohorte épidémiologique suggère que cette persistance des symptômes serait essentiellement le résultat d’un trouble psychosomatique. Être convaincu d’avoir été infecté par le virus impacterait plus le développement des Covid longs que d’avoir été réellement infecté. Ces résultats ont été publiés le 8 novembre dans la revue JAMA Internal Medicine.

Des données statistiques

Cette étude ne remet pas en cause le lien entre l’infection au virus et le développement d’un syndrome post-infectieux. Ce qu’elle souligne, c’est que la conviction d’avoir été infecté est statistiquement plus impactant dans la persistance de symptômes que l’infection elle-même. “Il faut faire attention : nos résultats ne disent en aucun cas que les troubles rapportés par les patients sont imaginaires ou nécessairement psychosomatiques, prévient Cédric Lemogne (AP-HP, Inserm, Université de Paris), chef du service de psychiatrie de l’adulte à l’Hôtel-Dieu, et coordinateur de l’étude. Notre analyse se borne à suggérer que la présence de symptômes prolongés ne serait pas spécifiquement associée au fait d’avoir été infecté par le nouveau coronavirus, et non que ces symptômes n’existent pas. Puisque ces patients les ressentent, ces symptômes existent par définition.” 

Pour arriver à ces résultats, les chercheurs ont utilisé les données de la cohorte Constances, la plus grande cohorte épidémiologique française, qui inclut plus de 30 000 personnes. Ces derniers ont dû répondre à un questionnaire leur demandant en particulier s’ils pensaient avoir contracté le Covid-19, si un diagnostic ferme avait été posé, et s’ils souffraient d’un ou plusieurs symptômes persistants, plusieurs semaines après le début de la maladie. Les auteurs de l’étude ont croisé ces réponses avec le statut sérologique de chacun des participants. “À partir de ces données, nous avons tenté de savoir ce qui, du statut sérologique ou de la conviction d’avoir été infecté, était le plus étroitement associé à des symptômes prolongés”, précise Cédric Lemogne. 

La quasi-totalité des symptômes reconnus serait psychosomatique

Les résultats indiquent que la conviction d’avoir été contaminé est associée à une probabilité accrue de souffrir de 16 des 18 symptômes les plus communs du “Covid long”. Avoir contracté le virus n’a été lié qu’à une probabilité augmentée d’un seul trouble persistant qui est la perte d’odorat.

Des limites

Les limites de cette étude sont que les données ont été collectées entre mars et novembre 2020, période où les tests PCR étaient limités. Ainsi, de nombreux participants enrôlés dans l’étude se sont vus diagnostiquer le Covid-19 sans validation solide. Par ailleurs, cette recherche “ne prend pas en compte le fait maintenant admis que certains sujets ayant fait un Covid avéré ne développent pas d’anticorps, ou les perdent très vite, ajoute Dominique Salmon-Ceron, infectiologue à l’Hôtel-Dieu (AP-HP), au Monde. Ces personnes ont donc une sérologie négative quand ils sont explorés pour des symptômes prolongés. Le taux exact de sujets qui ont une sérologie négative après un Covid avéré est mal connu mais pourrait atteindre au moins 10 % des sujets.

Les chercheurs ont par la suite testé l’hypothèse d’un biais important lié aux limites de la sérologie et réitéré leur analyse sans tenir compte de cet indicateur. Ils se sont alors cantonnés à étudier les personnes qui déclaré avoir contracté la Covid-19 et que cette contamination a été confirmée par un test biologique ou par le diagnostic d’un médecin. “On retrouve alors des conclusions analogues”, a noté Cédric Lemogne.

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