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"Comme si c'était hier"

Pourquoi se souvient-on mieux des expériences stressantes ?

Les représentations mémorielles d’un objet présent lors d’une situation stressante sont les mêmes que celles du souvenir en lui-même. C’est pour cela que la vue de cet objet, même après un long moment, peut raviver l’émotion de la situation passée.

Pourquoi se souvient-on mieux des expériences stressantes ? Koldunova_Anna/iStock




L'ESSENTIEL
  • Il y a une liaison émotionnelle entre les objets présents lors de situations stressantes et le facteur de stress.
  • Ainsi, un objet présent lors d’une situation stressante nous renvoie plus facilement à ce souvenir que ceux rencontrés lors de moments neutres.

"Nous avons généralement des images détaillées de nos expériences stressantes, comme passer un examen de conduite, même après de nombreuses années, explique Oliver Wolf l’un des auteurs d’une étude qui vient d’être publiée dans la revue Current Biology. Alors qu'une promenade dans le parc le même jour est vite oubliée". Les scientifiques ont donc cherché à comprendre les raisons de ce phénomène : pourquoi les expériences stressantes sont mémorisées plus facilement dans notre cerveau que les autres ? 

Test de stress social de Trèves avec des objets du quotidien

Pour y répondre, ils ont soumis les participants de leur essai au test de stress social de Trèves. Celui-ci consiste à ce que des personnes s’expriment devant un jury de candidature - sorte d’entretien d’embauche - dont les membres n’ont aucune expression et ne donnent aucun retour positif. Cette procédure de laboratoire déclenche toujours du stress chez les participants. Mais les chercheurs y ont apporté un petit plus : lorsque les participants étaient auditionnés, le jury utilisait des objets du quotidien. L’un d’entre eux a par exemple bu une gorgée de café dans une tasse. Un jour plus tard, les chercheurs ont présenté cette même tasse aux anciens candidats tout en enregistrant leur activité cérébrale, via une technique d'imagerie par résonance magnétique (IRM) fonctionnelle cérébrale (ou IRMf). Celle-ci permet de mesurer in vivo l'activité des aires du cerveau en détectant les changements locaux de flux sanguin. Première conclusion : les participants stressés se souvenaient bien de ces objets.

L’amygdale, la zone du cerveau qui réagit face à l’inquiétude et à l’insécurité

Dans le détail, les chercheurs ont principalement analysé l'activité cérébrale dans l'amygdale des participants, une zone du cerveau. Une précédente étude publiée en 2019 dans la revue Cell démontrait le rôle de l'amygdale face à une situation menaçante. Ainsi, "lorsqu’un élément engendre une inquiétude ou une insécurité, une région du cerveau s’anime de manière notable. L’amygdale reçoit constamment des informations sensorielles qu’elle évalue. Fonctionnant comme un système d’alerte, le complexe amygdalien du cerveau décode les stimuli afin de pouvoir orienter et dicter des réactions comportementales. Lorsque des éléments visuels, auditifs, olfactifs ou gustatifs sont identifiés comme dangereux, une réponse physiologique telle qu’un sursaut ou des contractions musculaires se manifeste par l’organisme. 

Une liaison émotionnelle entre les objets et les situations stressantes

Les chercheurs de l’étude plus récente ont donc travaillé sur l’amygdale. Ils ont comparé  les traces neuronales laissées par des objets neutres à celles laissées par les objets qui avaient été utilisés lors du test de stress social de Trèves. Ils en ont conclu que les traces mémorielles liées aux objets de l’entretien se ressemblaient alors que ce n’était pas le cas avec des objets neutres. Autrement dit, ce sont les mêmes représentations mémorielles qu’il s’agisse de l’objet ou du moment. Il y a donc une liaison émotionnelle entre les objets et l’épisode stressant. L’amygdale intègre des éléments et des émotions au sein d'épisodes émotionnels, créant des traces mémorielles similaires qu’il s’agisse des objets ou du moment en lui-même. C’est pour cette raison que les objets sont directement liés à des émotions négatives et que les participants s’en souviennent précisément. Ainsi, un objet qui suscite des émotions fortes, notamment le stress, est mieux retenu qu'un objet neutre dont la liaison n’est pas faite avec un événement marquant pour la personne. C’est aussi pour cela qu’on mémorise mieux les épisodes stressants que ceux basiques. En parallèle, les chercheurs ont obtenu des résultats similaires en montrant aux participants des photos des membres du comité. 

Les principaux enseignements de ces travaux sont donc que les souvenirs d'objets provenant de situations stressantes seraient donc basés sur la même activité cérébrale que celle des souvenirs même du stress. Les réactions se font au niveau neuronal, dans l’amygdale, et sont liées facteur déclencheur du stress. Les auteurs espèrent que leur étude servira de base pour mieux comprendre comment sont enregistrés les souvenirs émotionnels et traumatisants.

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