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Neurologie

Agression sexuelle : des lésions cérébrales chez les victimes

Les femmes qui ont été agressées sexuellement ont un risque plus élevé de développer des lésions cérébrales liées au déclin cognitif, à la démence et aux AVC.

Agression sexuelle : des lésions cérébrales chez les victimes Tero Vesalainen/iStock




L'ESSENTIEL
  • En moyenne, le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui, au cours d’une année, sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles commises leur conjoint ou ex-conjoint, est estimé à 213 000 en France.
  • 7 femmes victimes sur 10 déclarent avoir subi des faits répétés.

Les agressions sexuelles laissent des séquelles à long terme. Parmi elles, des chercheurs américains de l’université de Pittsburgh ont identifié un risque plus élevé de développer des lésions cérébrales liées au déclin cognitif, à la démence et aux accidents vasculaires cérébraux (AVC). Ils ont présenté leurs résultats au cours de la réunion annuelle de la North American Menopause Society qui se déroule actuellement.

Un impact à long terme

Les conséquences négatives à long terme concernent tout type d’agressions sexuelles. “Il peut s'agir d'abus sexuels dans l'enfance ou d'agressions sexuelles à l'âge adulte, précise Rebecca Thurston, autrice principale de l’étude. D'après les données démographiques, la plupart des femmes subissent des agressions sexuelles au début de l'adolescence et au début de l'âge adulte. Ce sont donc probablement des expériences précoces dont nous voyons les marques plus tard dans la vie.”

Cette recherche s’ajoute à des études antérieures qui ont mis la lumière sur l'impact à long terme des agressions sexuelles sur le corps et l'esprit. Celles-ci ont montré que les traumatismes sexuels étaient liés à des niveaux plus élevés de triglycérides et de pression artérielle à la quarantaine et à un risque trois fois plus élevé de développer une plaque carotidienne, tous des facteurs de risque clés de maladie cardiaque. Les femmes victimes d’une agression sexuelle seraient également trois fois plus susceptibles de souffrir de dépression et deux fois plus susceptibles d'avoir une anxiété et une insomnie importantes. “Nous devons garder notre attention sur ce problème de violence sexuelle contre les femmes, car il continue d'être un problème majeur de santé des femmes”, insiste Rebecca Thurston.

Des hyperintensités de la substance blanche

Dans cette nouvelle étude, qui va bientôt faire l’objet d’une publication dans la revue scientifique Brain Imaging and Behavior, les auteurs ont recherché des signes d'hyperintensité de la substance blanche dans les scintigraphies cérébrales de 145 femmes sans antécédents de maladie cardiovasculaire, d’AVC ou de démence. Les hyperintensités de la substance blanche, qui apparaissent sous la forme de petites taches blanches sur les IRM, sont des marqueurs de perturbations de la circulation sanguine qui ont causé des dommages au cerveau. Parmi les participantes, 68% ont subi un traumatisme, dont 23% pour qui ce traumatisme était une agression sexuelle.

Les résultats ont permis d’identifier des hyperintensités de substance blanche plus importantes dans le cerveau des femmes ayant des antécédents d'agression sexuelle. “C’est un indicateur de maladie des petits vaisseaux liée à un accident vasculaire cérébral, à la démence, au déclin cognitif et à la mortalité”, a révélé l’autrice principale de l’étude.

Des empreintes de traumatisme

Les chercheurs ont contrôlé d’autres facteurs susceptibles d'affecter le développement d'hyperintensités de la substance blanche, tels que l'âge, l'hypertension, le tabagisme et le diabète. Ils ont également contrôlé les troubles émotionnels, notamment la dépression, l'anxiété et les symptômes du trouble de stress post-traumatique. L'augmentation des hyperintensités de la substance blanche “n'a pas été expliquée par ces symptômes subjectifs de détresse, a indiqué Rebecca Thurston. C'est presque comme si le corps avait une mémoire qui ne se manifestait peut-être pas pleinement par des symptômes psychologiques. L'agression sexuelle laisse également des empreintes de traumatisme dans notre cerveau et notre corps.”

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