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Neurosciences

Enfants négligés : des effets sur leurs descendants

Les enfants ayant été émotionnellement négligés par leurs parents présentent des circuits cérébraux altérés. Et ces effets sont transmis aux générations suivantes.

Enfants négligés : des effets sur leurs descendants Train_Arrival/iStock




L'ESSENTIEL
  • En faisant passer une scintigraphie cérébrale à des nouveaux nés, les chercheurs ont constaté que ceux dont la mère avait subi des négligences pendant l'enfance présentaient des connexions fonctionnelles entre les zones du cerveau impliquées dans la gestion des émotions et en particulier de la peur.
  • Toutefois, les chercheurs ignorent encore l'implication de cette signature neuronale sur le futur comportement des enfants.

Ces dernières années, l’avènement des neurosciences a démontré, dans plusieurs études, l’importance de l’amour parental dans le développement cérébral des tout-petits. Une étude datant de 2016 a par exemple montré que les enfants ayant reçu des marques d’affection et de la tendresse avaient un hippocampe plus développé.

Au contraire, les enfants ne recevant pas l’amour et la bienveillance parentale nécessaire à leur développement développeraient des circuits cérébraux altérés. Et cela pourrait même se transmettre à leurs propres enfants.

Une altération des connexions entre zones cérébrales

C’est ce que met en lumière une nouvelle étude, publiée dans la revue Biological Psychiatry : Cognitive Neuroscience and Neuroimaging. Selon ses auteurs, les enfants en bas âge de mères ayant subi une négligence émotionnelle pendant leur enfance présentaient une altération des circuits cérébraux impliqués dans les réactions de peur et d'anxiété.

"Ces résultats montrent que le développement de notre cerveau n'est pas seulement modelé par ce qui se passe dans notre propre vie, mais qu'il est également influencé par des choses qui sont arrivées à nos parents avant même que nous soyons conçus", explique ainsi Cassandra Hendrix, autrice principale des travaux et chercheuse au Département de psychologie de l’université Emory, à Atlanta.

Les chercheurs ont recruté 48 couples mère-enfants noirs à partir du premier trimestre de grossesse. Les mères ont été invitées à répondre à un questionnaire évaluant les traumatismes subis pendant leur enfance, leur niveau de stress prénatal, leur anxiété et leur dépression.

Puis, un mois après leur naissance, les nouveaux nés ont subi une scintigraphie cérébrale, une technique reposant sur l'imagerie par résonance magnétique et qui pouvait être utilisée pendant qu’ils dormaient. Les résultats ont montré que les bébés dont les mères ont été mal-aimés pendant leur enfance avaient des connexions fonctionnelles plus fortes entre l’amygdale, qui est le centre de traitement des émotions de peur, et le cortex préfrontal et le cortex cingulaire antérieur, deux zones jouant un rôle clé dans la régulation des émotions.

Une signature neuronale de la négligence

Après avoir contrôlé les niveaux de stress actuels des mères, les chercheurs ont découvert que plus une mère avait été négligée sur le plan émotionnel pendant sa propre enfance, plus l'amygdale de son bébé était fortement connectée aux régions corticales frontales. Ces résultats suggèrent que la négligence émotionnelle pendant l'enfance a des effets intergénérationnels sur la structure et le fonctionnement du cerveau.

Toutefois, la signification de cette connexion plus forte reste floue, admettent les chercheurs. "La signature neurale que nous avons observée chez les nourrissons d'un mois de mères négligées sur le plan émotionnel peut être un mécanisme qui entraîne un risque accru d'anxiété, ou bien un mécanisme compensatoire qui favorise la résilience au cas où le nourrisson aurait des soignants moins compréhensifs, avance le Dr Hendrix. Dans les deux cas, la négligence émotionnelle de la propre enfance d'une mère semble laisser derrière elle une signature neurale chez son bébé qui peut prédisposer le nourrisson à détecter plus facilement une menace dans l'environnement presque dès la naissance. Nos conclusions soulignent l'importance du soutien émotionnel dès le plus jeune âge, même pour les générations suivantes."

Désormais, les chercheurs souhaitent suivre les enfants de manière longitudinale pour comprendre ce que ces changements dans les fonctions cérébrales impliquent en termes de développement émotionnel et social.

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