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QUESTION D'ACTU

Bactérie résistante

Comment Escherichia coli se joue du système immunitaire

Les cas d'infection se multiplient chez les enfants depuis le début du mois de février. Voici comment Escherichia coli entérohémorragique échappe à la réponse immunitaire de l'organisme.

Comment Escherichia coli se joue du système immunitaire iStockphoto.com/Ktsimage




L'ESSENTIEL
  • L'Escherichia coli entérohémorragique produit une verotoxine, appelée la shiga-toxine.
  • Cette toxine lui permet de neutraliser la réponse immunitaire du corps.
  • C'est cette neutralisation de la réponse immunitaire qui provoque des diarrhées sanglantes

L’intoxication alimentaire causée par Escherichia coli est l’une des pires qui soit. Elle se produit le plus souvent lorsque les règles d’hygiène ne sont pas respectées, aussi bien pour la viande que pour les légumes. Des chercheurs de l’université du Connecticut (Etats-Unis) ont découvert que les désagréments créés par Escherichia coli ne pourraient être que des effets secondaires involontaires. Les résultats de leur étude ont été publiés dans la revue Science Immunology. 

Des produits souillés par des matières fécales

Escherichia coli constitue une famille variée de bactérie intestinale, plus ou moins virulente, que l’on retrouve dans les matières fécales. Ainsi, de nombreux types d'Escherichia coli ne nous rendent jamais malades ; d'autres variétés peuvent provoquer la diarrhée du voyageur. Parmi eux, la contamination par Escherichia coli entérohémorragique (ECEH) induit des douleurs abdominales, des vomissements, de la fièvre et des diarrhées qui peuvent être sanglantes. De plus, l’Escherichia coli entérohémorragique produit une verotoxine appelée shiga-toxine (car elle ressemble à la toxine produite par le Bacille de Shiga), qui détruit la paroi des vaisseaux sanguins, cause des problèmes de coagulation ainsi que de l’hypertension artérielle selon l’Institut Pasteur. Si par malheur, la shiga-toxine pénètre dans la circulation sanguine, elle peut provoquer une insuffisance rénale. 

C'est particulièrement fréquent chez les enfants ; environ 15% des enfants atteints d'infections à Escherichia coli productrices de toxines de Shiga souffrent de maladies rénales, et certains peuvent souffrir de lésions rénales à long terme”, indique  Sivapriya Vanaja, immunologiste à l’université du Connecticut.

L’Escherichia coli entérohémorragique vit normalement dans le bétail sans le rendre malade. Autrefois, il était relativement courant que les foyers d'ECEH proviennent de viande hachée préparée de façon non hygiénique, mais les réglementations strictes des abattoirs ont rendu cette situation moins courante. De nos jours, il est plus probable que les EHEC apparaissent sur les légumes cultivés dans les champs adjacents du bétail ou près des écoulements de fumier.

La shiga-toxine comme mécanisme de défense

Dans tous les cas, une fois infecté, il est très difficile de se débarrasser de l’Escherichia coli entérohémorragique. Ce bacille est résistant aux antibiotiques, qui ont même tendance à aggraver la situation puisque lorsque la bactérie se sent mourir, elle produit davantage de shiga-toxines. C’est pour cette raison que les chercheurs ont voulu savoir comment l’EHEC supprime les effets du système immunitaire. 

En temps normal, l’organisme réagit aux premiers stades des infections à Escherichia coli en activant une enzyme qui déclenche une alarme à l'intérieur des cellules. La cellule éclate et libère alors un nuage de molécules qui appellent d'autres parties du système immunitaire à venir combattre la bactérie. Sauf que dans le cas de l’EHEC, la réponse immunitaire est vite contrée; les chercheurs ont découvert que les cellules infectées par l’EHEC auxquelles il manquait le gène de la shiga-toxine développaient une réponse immunitaire plus importante que les EHEC normales.

En définitive, la suppression du système immunitaire par la shiga-toxine pourrait avoir un lien avec le côté “sanguinolent” de l’infection, car la shiga-toxine empêche une protéine d'ouvrir la cellule infectée et d'alerter le corps de l’infection. Maintenant que les chercheurs ont compris comment la shiga-toxine interfère contre le système immunitaire, leurs prochaines recherches consisteront à comprendre comment empêcher la nuisance de cette toxine. 

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