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Maladies cardiaques : les cardiologues s'inquiètent d'une recrudescence des cas après le confinement

Pendant le confinement, de nombreuses personnes souffrant de problèmes cardiaques n'ont pas été prises en charge comme il aurait fallu. Aujourd'hui, les cardiologues s'inquiètent d'une recrudescence de cas. 

Maladies cardiaques : les cardiologues s'inquiètent d'une recrudescence des cas après le confinement RyanKing999/iStock




L'ESSENTIEL
  • A cause de la crise du coronavirus, de nombreux patients ont vu leur opération cardiaque repportée.
  • Depuis le début de l'épidémie de coronavirus, de nombreux patients n'osent plus se rendre à l'hôpital quand ils ont un problème cardiaque.
  • Pourtant, en France, le stress lié au confinement a rendu de nombreuses femmes plus vulnérables.
  • Les cardiologues s'inquiètent également pour les patients dont les opérations cardiaques ont été retardées.

Chirurgie valvulaire mitrale, aortique, greffe… ils sont des milliers à travers le monde à avoir vu leurs opérations cardiaques reportées à cause de la pandémie de coronavirus. Aujourd’hui, alors de nombreux pays occidentaux se déconfinent, les cardiologues essayent au mieux de “rattraper le temps perdu”. Sans compter la crainte de recrudescence de nouveaux cas de crise cardiaque ou d’AVC chez les personnes qui ont tardé à se rendre aux urgences ces derniers temps, que ce soit par peur d’attraper la Covid ou de saturer les hôpitaux déjà surchargés.  

Nous avons vu, au cours des dernières semaines, aux soins intensifs de cardiologies, des patients avec des infarctus, des insuffisances cardiaques sévères qu’habituellement nous anticipons. Ils ont peur de venir à l’hôpital, peur de déranger leur médecin. Il est temps que nos malades pensent à leur pathologie”, témoigne à La Dépêche le professeur Michel Galinier, co-responsable du service de cardiologie du CHU de Toulouse.

Le 5 juin, dans un reportage consacré aux malades cardiaques, oubliés de la pandémie, France 3 rapportait le cas de Philippe, un Lyonnais, insuffisant cardiaque en attente d’une greffe. “D'ordinaire, il est suivi tous les deux mois. Pourtant, sa dernière consultation hospitalière date de janvier. Son état est grave mais stable, il n'était donc pas prioritaire”, explique le journaliste dans le reportage. “On parlait que du Covid-19 et c'est normal et on mettait en parenthèse tout le reste donc j’étais inquiet”, renchérit le patient. 

“On est capable de prioriser les plus malades”

Toutefois, ce genre de situation n’est bien évidemment pas l’apanage de la France. “Quelqu’un de l’équipe a attrapé le coronavirus donc ils ont dû arrêter les opérations cardiaques”, témoignait par exemple une mère de famille à la télévision anglaise le 18 mars. Son fils de 15 ans souffre d’arythmie cardiaque, “son cœur risque de brutalement s’arrêter”, et devait être opéré mi-mars quand il a reçu un appel de l’hôpital lui expliquant que la procédure serait retardée. “J’avais peur d’être opéré mais je voulais qu’on en finisse et cela me rassurait d’avoir une date et maintenant je ne sais pas quand cela pourra être fait et bien sûr, en attendant, le risque cardiaque continue d’augmenter”, déplore le malheureux.    

Au Canada, le docteur George Honos, cardiologue et porte-parole de la Fondation Cœur + AVC, explique “essayer de rattraper le temps perdu” concernant les malades qui “nécessite un remplacement de valve cardiaque ou un pontage”. “Le patient s’inquiète à la maison en attendant un coup de téléphone de son médecin”, explique-t-il dans une interview à Radio Canada. Fort heureusement, “on a essayé de les suivre à distance de façon très étroite” et il “n’y a pas eu de négligence car, grâce aux techniques plus modernes, on est capable de prioriser les plus malades”, assure le spécialiste.

Au-delà des patients souffrant de pathologies cardiaques chroniques, les médecins s’inquiètent quant aux infarctus de myocarde (crises cardiaques), AVC et AIT (accident ischémique transitoire, quand un caillot obstrue la circulation du sang dans le cerveau, NDLR), qui nécessitent une prise en charge très rapide. Depuis le début de l’épidémie, les consultations ont chuté “de l’ordre de 50 à 70% en Ile-de-France” et d’au moins 40% en province, s’affolait sur Europe 1 début avril Pierre Amarenco, chef du service de neurologie et du centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale à l’hôpital Bichat, à Paris. “Il est très important que les gens appellent le 15 et qu’ils soient rassurés, ils ne croiseront pas de patients infectés. On risque d’ajouter une catastrophe de santé publique à une autre catastrophe”, s’inquiétait-il.

Les femmes plus affectées par le confinement ?

Si un infarctus n'est pas pris en charge dans les trois heures, le muscle cardiaque est mort”, s’alarmait quant à elle Claire Mounier-Vehier, cardiologue, chef du service de médecine vasculaire et HTA au CHU de Lille, dans un communiqué de la fondation Agir pour le cœur. Rappelons en effet que sur les 80 000 victimes d’infarctus de myocarde recensées chaque année en France, 10% décèdent dans l’heure.

Quand on a une crise cardiaque, qu’on a une artère qui est bouchée, si on parvient à ouvrir cette artère rapidement, on minimise les séquelles et le patient a un meilleur pronostic (…) quelqu’un qui a une douleur à la poitrine doit immédiatement contacter les urgences car chaque minute qui passe fait que le risque que les dommages soient permanents augmente. En ouvrant l’artère rapidement, on peut minimiser les dommages. N’hésitez pas, si vous avez un doute appelez les urgences ! Le risque d’être infecté par le coronavirus est vraiment minime car il y a des précautions [dans les hôpitaux, NDLR]”, renchérit George Honos.   

Enfin, outre les patients qui n’ont pas été pris en charge comme il l’aurait fallu pendant la crise, en France, les cardiologues doivent aujourd’hui affronter des cas d’infarctus du myocarde et d’AVC qui découlent directement du confinement. Ils observent notamment une recrudescence chez les femmes. “Pendant le confinement, elles ont vécu la sédentarité, elles ont moins bien mangé, probablement plus fumé pour les fumeuses. Il y a eu un stress lié au télétravail ou à la précarité. Il faut aussi faire l'école à la maison pour les enfants, et s'occuper de la maison. C'est un véritable cocktail pour provoquer des accidents cardiaques”, témoignait ainsi Claire Mounier-Vehier à France Bleu le 26 mai. 

 

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