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QUESTION D'ACTU

Essai clinique

Que valent vraiment les personnes recrutées pour les essais cliniques?

Une étude soulève des questions sur le manque d’objectivité et la standardisation des patients recrutés pour les essais cliniques sur le cancer, qui ne serait pas assez représentatif de la population générale.

Que valent vraiment les personnes recrutées pour les essais cliniques? Ivan-balvan/iStock




L'ESSENTIEL
  • Certaines minorités seraient sous-représentées dans les groupes recrutés pour réaliser ces essais

Les patients sélectionnés lors des essais cliniques doivent-ils être représentatifs de la population d’un pays? C’est la question que s’est posée une équipe de chercheurs de l’université d’Alabama de Birmingham (États-Unis). Dernière étude en date susceptible de modifier la manière dont les patients sont recrutés pour les essais cliniques, les chercheurs ont détecté un manque d'objectivité et de standardisation des patients lors des essais cliniques sur le cancer.

Les résultats de leur étude, publiée en ligne dans la revue Cancer, une publication évaluée par des pairs de la Société américaine du cancer (ACS), ont révélé que les professionnels de la recherche n'inscrivaient pas dans les essais cliniques des patients provenant d'une plus grande proportion de minorités ethniques, ce qui peut avoir des conséquences sur l'application des résultats dans la population générale. Selon les chercheurs, la participation des minorités ethniques aux essais cliniques sur le cancer reste constamment inférieure à la proportion de minorités dans la population américaine en général.

Des patients pas assez représentatifs de la population générale

Pour Raegan W. Durant, professeur assistant en en médecine préventive à l'université d'Alabama de Birmingham qui a dirigé les recherches, il est vital pour les résultats des tests que les patients soient recrutés dans un échantillon représentatif des populations, pour garantir que les résultats soient applicables à la population générale.

Pour mener à bien cette recherche, Raegan Durant et son équipe de chercheurs ont interrogé 91 personnes, dont des dirigeants de cinq centres américains de lutte contre le cancer, des chercheurs principaux d'essais cliniques, des cliniciens référents et du personnel de recherche. Ces entretiens ont permis de dégager cinq thèmes importants.

Les chercheurs ont constaté que les barrières linguistiques et certains autres facteurs rendaient la communication difficile pour les participants aux essais médicaux. Il a également été relevé que le dépistage des patients cancéreux issus de groupes minoritaires n'était pas considéré comme approprié, et certaines de ces personnes ont décrit les contraintes de temps des cliniciens et les perceptions préalables des patients issus de minorités comme un défi lors de la conduite des essais. Certains ont également déclaré qu'il était parfois difficile d'établir une relation de confiance avec les patients issus de groupes minoritaires. Cependant, certaines personnes ont déclaré que l'origine ethnique n'était pas pertinente lors de la sélection et du recrutement des participants aux essais cliniques sur le cancer.

Les chercheurs installent inconsciemment un biais stéréotypé dans leurs échantillons

Selon Soumya Niranjan, première autrice du document, également de l'université de l'Alabama de Birmingham, la représentativité de la population n’est pas totalement assurée dans ces essais cliniques, notamment parce que les chercheurs sont biaisés par des stéréotypes sur certaines catégories. “Pendant la recherche, nous avons observé des idées préconçues selon lesquelles les Afro-Américains étaient moins bien informés sur les études de recherche sur le cancer, moins susceptibles de participer par altruisme, ou simplement moins susceptibles de mener à bien toutes les facettes de l'étude de recherche. Ces exemples et d'autres de préjugés fondés sur des stéréotypes de participants potentiels minoritaires font craindre que les non-blancs se voient offrir moins de possibilités de participer à des études de recherche sur le cancer.”

Soumya Niranjan note que dans certains cas, même lorsque les cliniciens adoptent une position neutre sur le plan ethnique, ils renoncent parfois à certaines des méthodes bien établies pour engager des participants issus de minorités lors du recrutement des essais cliniques.  

Raegan Durant soutient que “cette étude n'indique en aucun cas que tous les professionnels de la recherche et des soins de santé sont partiaux ou que toutes les minorités sont privées de la possibilité de participer à des études de recherche sur le cancer. Toutefois, l'importance à long terme de nos conclusions repose sur l'idée que des préjugés peuvent exister dans pratiquement toutes les formes d'interaction humaine, et le recrutement pour les études de recherche sur le cancer ne fait pas exception. Une fois que nous aurons reconnu la présence potentielle de ce biais dans ce contexte, nous pourrons mieux l'identifier, le mesurer et commencer à réfléchir à la meilleure façon de l’éliminer.”

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