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Cancer de la prostate : les hommes infertiles seraient plus à risque

D'après des chercheurs suédois, les hommes ayant recours à des techniques d’assistance médicale à la reproduction ont plus de risque d'être un jour touchés par un cancer de la prostate. 

Cancer de la prostate : les hommes infertiles seraient plus à risque Christoph Burgstedt/iStock




Avec 1,6 millions de cas diagnostiqués en 2015, le cancer de la prostate est le cancer masculin le plus courant au monde. Et, d’après une nouvelle étude parue ce jeudi 26 septembre dans le British Medical Journal (BMJ), les hommes ayant des problèmes de fertilité ont plus de risque de développer cette maladie que les autres.

Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs de l’Université Lund (Suède) ont suivi des Suédois devenus pères pour la première fois entre 1994 et 2014 et identifié ceux diagnostiqués d’un cancer de la prostate jusqu’à 20 ans après la naissance de leur premier enfant. Ils ont ainsi pu observer que 0,42% des hommes ayant bénéficié d’une ICSI (injection directe d'un spermatozoïde dans l'ovule) étaient tombés malades contre 0,37% de ceux ayant eu recours à une fécondation in vitro et 0,28% qui avaient eu un enfant sans faire appel à la médecine.

Ainsi, ceux qui été aidés par des techniques d’assistance médicale à la reproduction ont "un risque significativement plus élevé de cancer de la prostate que ceux qui étaient devenus pères de façon naturelle", concluent les chercheurs. Soit une augmentation de risque de 30 à 60%. La ICSI, "utilisée pour les hommes avec les formes les plus sévères d'infertilité", c’est-à-dire ceux qui ont des anomalies de spermatozoïdes les empêchant de féconder l’ovocyte, est qui plus est associée à un risque presque doublé du cancer précoce (diagnostiqué avant 55 ans), ont également remarqué les chercheurs.

Deux problèmes de santé liés aux hormones sexuelles

Ainsi, selon eux, ces hommes devraient bénéficier d’un dépistage précoce du cancer de la prostate et d’une surveillance sur le long terme. "Comme les cliniciens notent depuis de nombreuses années que le cancer de la prostate précoce est associé à un mauvais pronostic, même avant l'ère du dépistage de l'antigène spécifique de la prostate, les hommes qui ont recours à la procréation assistée peuvent mériter plus d'attention et constituer une catégorie facilement accessible de patients qui peuvent bénéficier du dépistage précoce", écrivent-ils.

Toutefois, cette étude présente quelques limites. En effet, elle "se limitait principalement aux hommes ayant reçu un diagnostic de cancer de la prostate au début de leur vie. Comme l'ICSI n'est utilisée que depuis les années 1990, la détection du cancer de la prostate à déclenchement tardif chez ces hommes nécessite un suivi plus long et fait l'objet de recherches futures", concèdent-ils.

L’infertilité masculine (environ 8% des hommes des sociétés occidentales concernés) et le cancer de la prostate (10%) étant souvent liés aux hormones sexuelles masculines, ce n’est pas la première fois que des chercheurs étudient un possible lien entre ces deux problèmes de santé. Toutefois, la faiblesse des études menées jusque-là (peu de participants, temps de suivi trop court), n’a pas permis de tirer de conclusions définitives, explique-on ici.  

Complications du dépistage préococe

Le mécanisme biologique qui associerait possiblement l'infertilité et cancer de la prostate "n'est pas encore connu" mais "des anomalies sur le chromosome Y" pourraient jouer un rôle, renchérissent deux spécialistes d’endocrinologie de l’Imperial College de Londres dans un éditorial accompagnant l’article, remettant au passage en doute l’intérêt du dépistage précoce pour le cancer de la prostate. En effet, selon eux, il n’est pas prouvé qu’il améliore le taux de survie. Qui plus est, les surdiagnostics et les surtraitements qui peuvent en découler ont tendance à lourdement affecter la qualité de vie des patients, alertent-ils.

Il y a quelques semaines, des chercheurs de l’Université Queen Mary de Londres ont toutefois annoncé avoir réussi à mettre au point un nouveau test sanguin bien plus pratique. Combiné avec la recherche sur le protéine PSA, ce dernier permettrait de détecter à coup sûr un cancer agressif de la prostate tout en évitant les biopsies invasives.

Ce nouveau test détecte les cellules cancéreuses précoces ou cellules tumorales en circulation qui ont quitté la tumeur d’origine et circulent dans le sang avant de se répandre dans le corps. En mesurant ces cellules plutôt que la PSA, parfois dans le corps pour d’autres raisons que le cancer, ce test devrait permettre un diagnostic plus précis.

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