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Alcoolisme : on sait enfin pourquoi le sevrage est plus douloureux chez certaines personnes

Des chercheurs ont découvert des variantes génétiques pouvant expliquer pourquoi certaines personnes souffrent de symptômes plus sévères que d'autres lors d'un sevrage alcoolique. A terme, cette étude pourrait aider à mettre en place de nouveaux traitements. 

Alcoolisme : on sait enfin pourquoi le sevrage est plus douloureux chez certaines personnes AlexPro9500/iStock




Dans le monde, 91 millions de personnes souffriraient de désordres liés à l’abus d'alcool, selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Malgré tout, on en sait encore très peu sur les symptômes liés au sevrage. Pourquoi certaines personnes souffrent-elles de l’arrêt de l’alcool plus que d’autres ? D’après une étude internationale parue mardi 25 septembre dans la revue, Clinical and Experimental Research, certaines variantes génétiques seraient à l’origine de cette inégalité.  

En analysant les ADN de différentes populations, des chercheurs de l’Université de Médecine de Yale et de l’Université Aarhus au Danemark ont découvert que certaines variantes dans le gène SORCS2 pouvaient indiquer à quel point le sevrage alcoolique serait difficile pour un individu. Car ces variantes peuvent perturber les mécanismes de régulation du stress dans l’hippocampe, une région du cerveau impliquée dans le système de récompense qui régule également l’addiction. Ainsi, l’activité de la variante génétique peut restreindre l’habilité du cerveau à s’adapter lors d’un arrêt soudain d’alcool.

Autre observation des plus intéressantes : toutes les populations ne sont pas exposées de la même manière. Ainsi, les personnes de descendance européenne sont plus affectées (une personne blanche sur dix est concernée) par ces variantes que celles d’origine afro-américaine qui elles ne semblent pas présenter de prédispositions génétiques pour développer des symptômes sévères lors d’un sevrage alcoolique.

Des symptômes similaires à ceux de la "gueule de bois"

A terme, ces résultats pourraient aider à mettre en place de meilleures stratégies dans le traitement contre l’alcoolisme, se félicitent les chercheurs. "Une meilleure compréhension des gènes qui peuvent être impliqués dans les symptômes de sevrage alcoolique pourrait aider à fabriquer de nouveaux médicaments pour diminuer ces symptômes, ce qui pourrait aider à diminuer la consommation d’alcool", développe Andrew H.Smith, auteur principal de l’étude.

Si on sait depuis longtemps que la génétique est à moitié responsable de l’alcoolisme d’un individu, il s’agit de la première étude concernant son impact dans les symptômes de sevrage.

Lors de ce dernier, le malade souffrira de symptômes similaires à ceux de la "gueule de bois" mais plus prononcés. Parmi les plus courants : la nausée, des migraines, des tremblements et de l’hypertension. Aussi désagréables soient-ils, ces symptômes ne sont pas dangereux et disparaissent habituellement au bout de 7 à 10 jours d’abstinence.

Cinq millions de Français souffrent de problèmes liés à l'alcool

Toutefois, comme cela a été expliqué lors de l’étude, il arrive que certaines personnes soient atteintes beaucoup plus gravement, souffrant par exemple de crises d’épilepsie, de délires alcooliques (hallucinations auditives et visuelles) ou même de "délirium tremens". Il s’agit du syndrome de sevrage alcoolique le plus grave et il peut persister plusieurs jours. La personne a alors des hallucinations extrêmement vives et de violentes trémulations. Elle présente également de la fièvre, des palpitations et des symptômes de déshydratation. Si grâce aux méthodes actuelles une issue fatale est très rare, cela arrive malheureusement parfois.

En France, on estime à cinq millions le nombre de personnes qui connaissent des problèmes médicaux, psychologiques et sociaux dus à la consommation d’alcool. Et chaque année, cette dernière coûte la vie à 45 000 personnes dans le pays. Dans le détail, l’alcool serait la cause d’un tiers des accidents mortels de la circulation, de 25 à 35% des accidents de voitures non mortels, de 64% des incendies et brûlures, de 40% des chutes, de 48% des hypothermies et de 20% des suicides, note le site Alcool Médicaments Addiction. L'alcool serait également impliqué dans 23 000 décès par cancers des voies aérodigestives supérieures, par cirrhose ou par mort prématurée liée à l’alcolo-dépendance.

"L’alcool tue davantage chaque année que les opioïdes mais il y a peu de traitements efficaces pour aider les gens qui ont des problèmes d’alcool", explique Andrew H.Smith dans son étude. "Pour ceux qui souffrent de symptômes de sevrage alcoolique très intenses, c’est une barrière de plus à affronter en essayant de diminuer sa consommation", ajoute-t-il. En effet, les médicaments proposés pour aider les patients à diminuer l’alcool tels que le baclofène, le nalméfène ou encore l'oxybate de sodium sont souvent très lourds à supporter. Les effets secondaires tels que les nausées, les vertiges et les maux de tête poussent bien trop souvent les malades à abandonner leur traitement en cours.

 

 

 

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