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Atteinte du cerveau

Un excès d'alcool multiplie par 3 le risque de démence précoce

Le risque de démence précoce est multiplié par 3 en cas de forte consommation en alcool, selon une nouvelle étude française. Ces données font de l'alcool le premier facteur de risque "modifiable" de démence, devant les facteurs habituels comme le tabagisme, l'obésité, l'HTA et le diabète...

Un excès d'alcool multiplie par 3 le risque de démence précoce fermate/istock


  • Publié le 22.02.2018 à 23h04
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  • Mise à jour le 23.02.2018 à 12h29
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Une consommation d’alcool, chronique et excessive*, augmente le risque de démence précoce, selon une nouvelle étude franco-canadienne publiée dans The Lancet Public Health. Et cette augmentation est bien supérieure à ce que l'on pensait jusqu'ici. Elle raisonne sur la quantité d'alcool, mais ne fait pas de différence entre les différentes boissons alcoolisées, que ce soit du vin, de la bière ou de l'alcool.

L'intérêt de cette très large étude est qu'elle confirme d'autres analyses précédentes, mais elle les renforce également en raison de sa taille et parce qu'elle inclut beaucoup plus de gros consommateurs d'alcool, une catégorie qui était sous-représentée dans les études précédentes.

"Les résultats de notre étude démontrent que consommer de l’alcool en excès multiplie par 3 le risque de développer toutes formes de démence, et en particulier la démence précoce, qui, lorsqu’elle commence avant 65 ans, est la cause de nombreux décès prématurés", explique le Docteur Rehm, co-auteur de l’étude, réalisée sur plus d’un million de malades français hospitalisés. Au sein des démences, le risque de la maladie d'Alzheimer et de démence vasculaire est doublé par une consommation excessive d'alcool.

Réduction de l'espérance de vie

Il s'agit d'une étude rétrospective, sur les données de 31,6 millions de français adultes hospitalisés entre 2008 et 3013. Parmi ces hospitalisations, 1,3 millions d'adultes avaient un diagnostic de démence à l'admission et 950 000 une consommation excessive d'alcool, dont 86% une véritable addiction.

L’étude démontre que sur ce très large panel d'adultes, 57% des malades atteints d’une démence précoce (avant 65 ans) devaient leur mauvais état de santé à une consommation chronique et excessive d’alcool. De plus, 64,9% d’entre eux étaient des hommes et ce, même si les femmes qui participaient à la recherche étaient plus nombreuses à souffrir de démence.

La démence précoce est l’un des principaux facteurs de risque de décès liés à la consommation d’alcool excessive, qui réduit en moyenne l’espérance de vie de 20 ans. Un chiffre qu’il serait possible de diminuer grâce à une politique de prévention plus active de la consommation excessive d'alcool, selon le Docteur Rehm. Selon lui, des politiques de santé publique dépistant, traitant et mettant en garde contre la consommation d’alcool chronique et excessive pourraient infléchir le nombre des décès prématurés liés à la démence.

Lésions irréversibles

"Le traitement des troubles liés à la consommation d'alcool doit commencer beaucoup plus tôt dans les soins primaires" résume Bruce Pollock, vice-président à la recherche de CAMH (Centre for Addiction and Mental Health), en soulignant que les lésions neurologiques et cognitives provoquées par la consommation d’alcool chronique sont irréversibles.

Dans une étude, récemment publiée dans la revue Addiction, des chercheurs américains avaient, en effet, mis en évidence un lien net entre consommation d’alcool et modifications anatomiques à long terme de la structure du cerveau (altération de la matière blanche et de la matière grise). Des dégâts plus importants que ceux provoqués, par exemple, par le cannabis.

De quels seuils de consommation parle-t-on ?

Par ailleurs, selon une étude récente publiée dans le Journal of Epidemiology & Community Health, une forte consommation d’alcool (et de tabac) fait vieillir prématurément les adultes, ce qui n’est pas le cas chez les buveurs légers, voire modérés, et les non-buveurs. Le vieillissement était évalué sur le développement de différents critères comme l'apparition d'un arc cornéen, de plis du lobe de l'oreille et d'un xanthélasma.
Ainsi, comparativement à une consommation hebdomadaire d'alcool inférieure à 7 verres, un total hebdomadaire de 28 verres ou plus est associé à un risque accru de 33% d'arc cornéen chez les femmes.

En pratique

L’étude franco-canadienne n’ayant examiné que les cas de démences les plus graves, nécessitant une hospitalisation, l’incidence de la consommation d’alcool chronique et excessive sur le développement de l'ensemble des démences est probablement encore plus importante que ce que viennent de montrer ces résultats.

Les données utilisées dans cette étude sont imparfaites puisque l'on n'a pas de données précise sur la consommation d'alcool, par contre, le nombre de cas qui peut être obtenu à partir des données de santé qui concernent l'ensemble de la France (données PMSI) permet une puissance statistique qui réduit notablement le risque d'erreur.

Cette belle étude est la conséquence directe des modifications légales permettant l'accès aux données de santé anonymisées pour les chercheurs français.

* Les seuils définis par l'Organisation Mondiale de la Santé pour une consommation responsable d’alcool sont les suivants :
• pas plus de 21 verres par semaine pour l'usage régulier chez l'homme (3 verres/jour en moyenne).
• pas plus de 14 verres par semaine pour l'usage régulier chez la femme (2 verres/jour en moyenne).
• jamais plus de 4 verres par occasion pour l'usage ponctuel.
L'OMS recommande également de s'abstenir au moins un jour par semaine de toute consommation d'alcool.

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