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La liste très attendue de la revue Prescrire 90 : les médicaments plus dangereux qu'utiles

C'est devenu un des moments clefs de la saison médicale : la publication par le magazine Prescrire des médicaments inutiles et donc dangereux. Et le cru 2018 est conséquent : 90 médicaments épinglés ! Prescrire est le cauchemar de l’industrie pharmaceutique. Indépendante de l’argent de la publicité. Revendiquant suffisamment d’abonnés, en particulier chez les médecins, pour vivre confortablement sans « vendre son âme », la revue pourfend sans relâche les abus. Si elle est parfois un tantinet frileuse sur l’innovation, en revanche, elle attire l’attention sur les abus marketing.

La liste très attendue de la revue Prescrire 90 : les médicaments plus dangereux qu'utiles martyhaas/Epictura




Dans le numéros de février, deux salves ! La première concerne le marketing de ce que l'on appelle dans le commerce les "nanards". Et il est difficile de donner tort  à la revue, lorsqu'elle part en guerre contre la promotion excessive, et surtout sur le ton de la nouveauté, de vieux produits, qui ne sont plus prescrits par les médecins, soit en raison de leur inefficacité, mais surtout parce qu’ils ne sont plus remboursés.
Prescrire dénonce le principe commercial des "gammes ombrelles", qui consiste à vendre sous un nom de marque commun, diverses spécialités contenant des substances actives différentes, un joyeux mélange qui expose à des dangers différents. Suivent les noms de huit marques : Actifed, Advil, Clarix, Doli, Fluimucil, Humex et Vicks. 
Prescire justifie ses accusations : « Cette stratégie marketing, fondée sur la reconnaissance d'une marque, expose à des confusions entre les médicaments et à la méconnaissance de certains risques, par exemple d'interactions médicamenteuses. Les risques d'erreurs sont accentués par des ressemblances entre spécialités, avec mise en avant en gros et en gras de la marque. »
Ce n’est pas faux… Certains diront que la plupart de ces médicaments ne coûtent plus rien à la solidarité nationale puisqu’ils ne sont plus remboursés. Il s’agit là d’une attitude un peu simpliste, qui viserait à faire croire que le médicament non remboursé est un bonbon inoffensif. Or un médicament, remboursé ou pas, reste un médicament, et on doit le considérer comme tel. Surtout si on en prend plusieurs qui peuvent interagir entre eux ou avec les traitements prescrits par le médecin.

« Bénéfices-risques »

Deuxième salve avec le très attendu bilan des médicaments très prescrits par les médecins mais qui sont à écarter des soins et à remplacer par de meilleures options : 90 « cas flagrants de médicaments plus dangereux qu'utiles », pourtant autorisés en France ou dans l'Union européenne.
Un bilan à lire : Prescrire… Et à discuter avec votre médecin, si vous prenez un des médicaments de la liste. Car c'est de la pression des "consommateurs" que viendra le changement d'attitude, probablement pas des pouvoirs publics, plus concernés par le coût très important des médicaments nouveaux qui affluent sur le marché. L'industrie pharmaceutique qui possède souvent un coup d'avance n'est probablement pas surprise par la liste de Prescrire et obéit plutôt à la technique "Tant que ça marche..." Et elle n'a pas tort parce que la plupart des médecins connaissent parfaitement les arguments développés par Prescrire. L'habitude et le manque de temps pour expliquer le changement de prescription sont les arguments les plus employés. 

Si la résolution de ce problème est chez le patient, Prescrire devrait changer la formulation de son argument clef pour juger ces médicaments : cette très vilaine et incompréhensible expression pour les « non professionnels », traduction littérale de l’anglais, qui parle de « bénéfice-risque ».

"Risque", le malade connaît... ce sont les effets secondaires ; qu'il craint, comme les médecins d'ailleurs.

"Bénéfice", pas de doute, il s'agit de ceux de l'industrie pharmaceutique ! Alors que cela n'a rien à voir.

La véritable traduction est toute autre : « avantages-inconvénients ». Car tout le dilemme pour le médecin devrait se résumer, dans un premier temps, par ces mots : est-ce que le recours à un médicament apporte plus d’avantages que d’inconvénients ?
Ensuite, et seulement ensuite, vient la comparaison entre anciens et nouveaux médicaments, pour chiffrer, tant financièrement que médicalement, les avantages d’une prescription nouvelle. En sachant qu’il est difficile pour un médecin de ne pas prescrire celui qui fait « un petit peu mieux » au nom de l’argent ; partant du principe que pour le malade, l’addition est toujours la même : nulle !

Les médecins attendent d'ailleurs des pouvoirs publics de véritables instructions, pas toujours claires quand il s’agit de médicaments innovants.

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