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QUESTION D'ACTU

Journée mondiale contre la dépression

Bipolaires, danger !

Quoi de plus naturel que l’alternance de tristesse et d’excitation ? Il peut pourtant s’agir d’une maladie grave, une forme de dépression qu’il faut impérativement détecter, parce qu’elle menace la santé mentale de 500 000 Français.

Bipolaires, danger ! stocksnapper/epictura




Souffrir de troubles bipolaires, c’est osciller entre deux types d’humeur opposés : être hyperactif, euphorique, irritable ; déborder de projets, faire des dépenses inconsidérées, perdre toute inhibition. Ou, à l’inverse, se sentir triste, ralenti, sans envies et rencontrer de grosses difficultés dans la vie quotidienne ; en prime, dans tous les cas, avec un sommeil gravement perturbé. Des signes que les médecins et leurs patients ont tendance à banaliser : notre société valorise, en effet, l’hyperactivité, le fait d’être très dynamique, d’en faire beaucoup, de dormir peu, d’avoir un excès de confiance en soi… Ce qui explique pourquoi, dans 60 % des cas, c’est le côté dépressif seul, qui va inquiéter et motiver la première consultation.

Dans notre pays, les médecins ont la main lourde sur les médicaments antidépresseurs : ils trouvent là un terrain de prescription idéal… Pourtant, dans cette maladie, l’erreur de diagnostic au départ se paie comptant, car l’effet de médicaments supposés augmenter l’activité chez des gens qui, à un moment de leur maladie, auront besoin de l’effet contraire, est désastreux ! Selon le Professeur Pierre-Michel Llorca, chef du service de psychiatrie du CHU de Clermont-Ferrand, si on sait que 500 000 personnes souffrent dans notre pays de troubles bipolaires, autant d’hommes que de femmes, ce chiffre est probablement sous-estimé ; en raison des erreurs diagnostiques, dues à la confusion du trouble bipolaire avec la dépression classique, que l’on doit aujourd’hui appeler, fort justement, « unipolaire » !

L’humeur dite « normale » connaît des hauts et des bas, mais limités en durée et en intensité. Ce sont des réponses à des événements particuliers qui n’empêchent pas de fonctionner dans son environnement, sans souffrance importante ou anormale.

Les troubles bipolaires apparaissent, soit sans raison apparente, soit en réaction à un facteur déclenchant ; il n’est pas rare de retrouver, dans l’histoire personnelle, une séparation, une perte d’emploi, un déménagement, ou la consommation de substances illicites… En raison de l’alternance entre les phases dépressives et les phases d’excitation, les médecins sont face à des gens qui n’aiment pas beaucoup consulter, car ils trouvent les périodes d’exaltation agréables, créatrices et craignent que le traitement, qui aura pour objectif de lisser leur humeur, ne les transforme en individus tristes et sans saveur. Pour toutes ces raisons, il s’écoule 8 ans, en moyenne, entre le début des troubles et la confirmation du diagnostic. Ce qui est regrettable, car en l’absence de traitements spécifiques, qui sont plutôt efficaces, les troubles bipolaires ont une répercussion importante sur tous les domaines de la vie ; les désinsertions professionnelles sont nombreuses, et le risque de divorce multiplié par trois…

Ces troubles bipolaires sont d’autant plus invalidants que la maladie se déclare chez quelqu’un de plutôt jeune, au moment de son installation dans la vie, de ses études, ou qu’il commence à constituer sa famille. Les symptômes vont souvent s’aggraver, avec l’apparition de cycles rapides, c’est-à-dire plus de quatre épisodes par an, et les compensations habituelles : alcool, drogues ou médicaments. La médecine est face à un vrai problème de santé publique, avec sa traduction brutale : le risque de tentative de suicide est, chez les « bipolaires », 15 fois plus élevé que dans la population générale. Facile de comprendre pourquoi la prise en charge doit être précoce, urgente et adaptée. Pour y parvenir, on ne rappellera jamais assez, que, face à ces symptômes pas toujours objectifs, l’entourage doit être d’une vigilance extrême et ne pas hésiter à s’aider de l’avis d’un psychiatre.

 

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