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QUESTION D'ACTU

Ambulatoire

L’opéré du jour dort à la maison

C’est Agnès Buzyn qui en fait une des mesures phares de son plan de « sauvetage de l’assurance maladie » : la promotion de la chirurgie ambulatoire… En plus simple : le matin et le soir à la maison, entre les deux, une intervention chirurgicale. On pourrait penser que c’est anecdotique. Pourtant, aux Etats-Unis, 80 à 90 % des interventions chirurgicales se font ainsi. Moins d’une sur deux en France. Bientôt 70 % ?

L’opéré du jour dort à la maison EyeMark/epictura




L’ambulatoire, un nom bien compliqué pour une démarche très simple…

JFL : C’est en effet un de ces noms comme la médecine en invente régulièrement et qui ne veulent pas dire grand-chose au grand public. Apprenez pourtant à connaître le terme de « chirurgie  ambulatoire », car il est fort probable qu’on vous la propose dans un avenir proche. Les médecins français avaient – bien avant que ne les y incite leur ministre – décidé de quitter le peloton de queue des pratiquants de cette chirurgie « express » qui, contrairement à ce que l’on peut imaginer, concerne la plupart des actes à effectuer. D’ailleurs, en Grande-Bretagne, Hollande, Belgique et surtout aux Etats-Unis, 80 à 90 % des interventions chirurgicales se font en ambulatoire.

 

Il n’y a pas que notre ministre, la Cour des comptes aime bien la chirurgie ambulatoire... Et elle dit que ça peut faire faire de belles économies à la sécu...

JFL : Ça coûte en effet moins cher pour le chirurgien et son hôpital, qui ont trouvé là un moyen d’augmenter la rentabilité des lits… On comprend qu’à une période d’économie drastique, l’assurance maladie voit aussi d’un très bon œil une facture fortement divisée à rembourser. La dernière évaluation fait état de 570 millions d’euros d’économie. Et c’est une fourchette basse…

 

N'est-on pas en train de sacrifier la santé des patients sur l'autel de l'économie ?

JFL : On pourrait avoir une certaine forme de doute en effet… Pourtant, les enquêtes les plus récentes, quel que soit le pays, sont unanimes : les malades ayant bénéficié de la chirurgie ambulatoire sont satisfaits et prêts à recommencer. Et les médecins qui en sont des spécialistes disent même qu’il faut balayer les arguments économiques, pour mettre en avant l’amélioration de qualité, à tous les niveaux de l’acte : des médicaments anesthésiques avec moins d’effets secondaires ; des chirurgiens qui ont dû remettre leur technique en jeu, privilégier de petites cicatrices et utiliser des caméras à l’intérieur du corps. Enfin, raccourcir les délais impose la mise en place d’une organisation efficace basée sur l’anticipation, mais aussi l’information des malades, trop longtemps négligée en France, expliquant la frilosité de certains à le proposer à leurs malades.

 

L'ambulatoire, ça ne peut concerner que de petites interventions chirurgicales ?

JFL : Pas du tout ! Cette chirurgie ne s’interdit aucune intervention, même de plusieurs heures et sous anesthésie générale. Il y a un objectif qui peut paraître incroyablement ambitieux : moins de 1 % d’opérés seulement, à terme, devraient rester passer la nuit à l’hôpital. Un discours qui fait grincer des dents à bien des médecins, mais la direction des hôpitaux a tranché, elle recommande l’application de cette technique le plus souvent possible ! Argument non négligeable, le taux des infections nosocomiales, ces infections que l’on attrape à l’hôpital et qui nous coûtent plus de 10 000 morts par an, sont divisées par trois.

 

Donnez-nous quand même des types d’opérations compliquées qui se font avec cette technique ?

JFL : Ablation de la vésicule biliaire, des calculs de rein, certaines opérations du cancer du sein, de la thyroïde, la chirurgie compliquée du genou, de l’épaule…

 

Concrètement, il faut quand même être à jeun en arrivant à l'hôpital ?

JFL : Un simple jeûne de 6 heures pour les aliments et de 2 heures pour les liquides suffit. Il faut aussi avoir le téléphone, pouvoir être raccompagné le soir de l’intervention, enfin, ne pas demeurer seul la première nuit ou aller la passer chez des amis. Cela pourrait être perçu comme un abandon de l’équipe médicale de l’hôpital, alors qu’en réalité, c’est tout le contraire et un confort sécurisé que ces chirurgiens et anesthésistes proposent, avec un lien téléphonique direct avec eux.

 

Et si les gens ne sont pas d’accord pour ce type d’opération, il va se passer quoi ?

JFL : Rien, soyez rassurés. Un dernier détail qui a son importance : la chirurgie ambulatoire n’est en aucun cas obligatoire et la décision finale vous appartient.

 

Si c’est aussi formidable, pourquoi la ministre doit-elle insister lourdement ?

JFL : Tout simplement parce que si les spécialistes et les opérés avec cette technique semblent satisfaits, de très nombreux futurs opérés sont hostiles à la chirurgie opératoire lorsqu’on leur explique le principe : sentiment de protection à l’hôpital, entourage réticent… Souvent motivés par le médecin de famille, qui grogne devant des responsabilités accrues. L’extension de la technique passe mal en France. Déficit d’explication ? Un dossier qui devra être clarifié au-delà de l’effet d’annonce.

 

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