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QUESTION D'ACTU

Dr Patrick Bouet, président de l'Ordre des médecins

Déserts médicaux : «les médecins étrangers ne sont pas la solution»

ENTRETIEN. Depuis plusieurs années, le nombre de médecins diplômés à l'étranger exerçant en France augmente. A la ville ou l’hôpital, ils comblent le manque de médecins formés dans l'Hexagone.

Déserts médicaux : \ imagepointfr/epictura




En 2017, plus de 22 000 médecins exerçant en France ont obtenu leur diplôme à l’étranger. Plus de la moitié ont été formés dans un pays situé hors de l’Union européenne, rapporte la nouvelle cartographie du Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom).

Comparé à 2010, le nombre de ces médecins diplômés à l’étranger a augmenté de 4 points. Une hausse qui a permis de palier le manque de médecins dans certaines régions et les départs en retraite non remplacés.

Néanmoins, le Dr Patrick Bouet, président du Cnom, souligne que ces forces vives du système de santé français ne représentent pas une solution aux déserts médicaux. Ils ont simplement entretenu l’illusion que le nombre de médecins augmentait.


Pourquoi fait-on appel à des médecins étrangers ?
Dr Patrick Bouet : Il n’y a pas de démarche de la France pour aller chercher des médecins à diplôme étranger. Ce n’est pas comme le Canada qui vient recruter en France des médecins généralistes ou des anesthésistes. C’est notre système de santé qui présente une certaine attractivité pour ces praticiens à diplôme étranger. Il faut d’ailleurs rappeler que parmi ces médecins, il y a des Français partis à l’étranger puis revenus exercer sur le territoire. L’extension de l’Union européenne a également augmenté cet afflux de médecins diplômés à l'étranger. Personne n’avait anticipé cette situation et nous ne pensions pas inscrire autant de médecins étrangers chaque année sur le territoire français.

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Dr Patrick Bouet, président du Cnom

Dans quel secteur et spécialités peut-on les retrouver ?
Dr Patrick Bouet : La grande partie d’entre eux exerce dans le secteur salarié et hospitalier, un peu comme les nouveaux inscrits diplômés en France. On les retrouve également dans le monde libéral en ophtalmologie, gynécologie ou psychiatrie. Mais aussi en médecine générale puisqu’un certain nombre est titulaire de diplôme de médecine générale ou d’équivalence.

Et où s’installent-ils ?
Dr Patrick Bouet : Ils vont s’installer là où s’installent les jeunes médecins à diplôme français. Soit dans les grandes villes, proches de système hospitalier qui ont besoin de médecins pour renforcer leurs équipes. Finalement, ils s’installent là où il existe déjà un tissu médical important. Et bien qu’un certain nombre s’installent en zones rurales, ils ne représentent pas aujourd’hui une solution à la désertification dans un certain nombre de régions, bassins de vie ou de communautés de communes.

Ils représentent néanmoins une solution temporaire à la désertification…
Dr Patrick Bouet : Ce flux de médecins a permis d’entretenir une illusion quantitative. Il y a encore dix ans nous avions un numerus clausus fixé à 4 000 médecins diplômés chaque année. L’arrivée de ces médecins diplômés à l’étranger a compensé ce numerus clausus très faible. Donc cela a donné l’illusion que le nombre de médecins continuait d’augmenter. Et effectivement aujourd’hui, la France compte plus de 200 000 médecins en exercice, dont plus de 20 000 ont été formés à l’étranger.

Cette tendance à la hausse va-t-elle se poursuivre ?
Dr Patrick Bouet : Pour l’instant, rien ne nous indique que cela va diminuer, notamment en raison de la politique générale de l’Union européenne et des conflits qui existent dans le monde et poussent des médecins et leur famille à se réfugier en France. Donc nous pensons que ce flux va rester stable voire augmenter un peu car il y a en Europe des pays qui produisent beaucoup de médecins.

En outre il y a aujourd’hui des filières nouvelles qui s’ouvrent dans lesquelles de jeunes Français s’engagent pour faire leurs deux premiers cycles d’études médicales. Ils partent en Roumanie, Belgique, Espagne, Italie, bientôt en Croatie ou en Pologne avant de rentrer en France pour être formés à leur spécialité. Cette autre « variété » de professionnels partis à l’étranger pour le début de leur cursus ne représentera pas, à vraiment parler, des diplômés de l’étranger.

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