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QUESTION D'ACTU

Fumée cancérogène et mutagène

Cancers : les autorités se penchent sur l’incinérateur de Lunel-Viel

L’usine d’incinération est suspectée d’augmenter la fréquence des cancers. Pressés par les professionnels de santé, les autorités ont ouvert ce dossier.

Cancers : les autorités se penchent sur l’incinérateur de Lunel-Viel Une usine d'incinération (illustration) - RonaldWilfred/epictura




Les habitants de Lunel-Viel, petite commune de l’Hérault, s’intoxiquent-ils lentement au contact de l’incinérateur d’ordures ménagères qui recrache dans l’air sa fumée chargée de dioxines, furanes, hydrocarbures et métaux lourds ? Certains le craignent. En effet, depuis l’installation de l’usine, en 1999, l’impact de l’incinérateur sur la santé de la population locale alarme des habitants de la région, qui ont saisi les autorités sanitaires.

L’affaire est sérieuse. Le registre des tumeurs et cancers de l’Hérault a rendu ses dernières conclusions au mois d’octobre 2016. Ses résultats ne rassurent pas, ou pas tout à fait. Le Registre montre une surindicence des cancers dans les zones exposées aux rejets de l’usine, notamment dans les communes situées sur la « rose des vents » - Lansargues, Candillargues, Saint-Just, Lunel-Viel, Saint-Nazaire-de-Pézan, Mauguio, Mudaison et La Grande-Motte, où les polluants sont portés par le vent.

Pas de lien 

Mais comme toujours, le lien de causalité n’est pas démontré - pas plus qu’il ne l’est entre les pesticides et les cancers dans le Bordelais, ou encore les déchets miniers et les pathologies observées dans certaines communes des Cévennes. « Si on peut déplorer la progression généralisée de certains cancers, il est heureux pour les Lunelviellois de voir que cette étude ne les impute pas à la présence de l’incinérateur », écrit ainsi la Ville sur son site.

L'argument de convainc par les habitants, et notamment les professionnels de santé de la région. « On retrouve une surincidence des lymphomes malins non hodgkiniens, des sarcomes des tissus mous, des myélomes multiples… Ce sont tous des cancers liés aux dioxines », insiste Francis Glémet, porte-parole de l’Amies (Association des médecins indépendants pour l'environnement et la santé publique), qui porte le combat.

L'ARS promet d'enquêter

Les habitants réclament donc la lumière sur ces éléments. A force de pugnacité, ils ont obtenu gain de cause : l’Agence Régionale de Santé (ARS) leur a promis d’ouvrir le dossier et de se pencher plus sérieusement sur la question. Les représentants de l’association ont ainsi rencontré cette semaine des membres de l’administration sanitaire. « Ils ont acté le principe qu’il fallait discuter avec les élus afin de réduire la quantité d’ordures incinérées pour rechercher des méthodes alternatives », poursuit Francis Glémet.

Mais surtout, l’ARS a promis le lancement d’une étude descriptive en faisant participer les habitants avec un système de questionnaire. L’objectif consiste à évaluer le niveau d’exposition des habitants, leurs habitudes de vie qui pourraient influer sur leur risque de cancer. Enfin, une méta-analyse sera conduite pendant six mois afin de rassembler les connaissances sur la toxicité des dioxines qui, outre leur effet cancérogène, sont connues pour perturber le système endocrinien.

"Le problème, c'est les normes"

« Je vais veiller au grain », lance Francis Glémet. Déjà, l’homme a pu constater le « bras de fer avec les statisticiens et les épidémiologistes » de Santé Publique France, l’agence sanitaire française, qui réclame des données chiffrées avant d’envisager des actions concrètes de protection des populations.
« Le problème, c’est les normes », soupire encore ce pharmacien retraité. L’usine les respecte, pas de problème ; l’ennui, c’est qu’elles n’ont pas évolué depuis 1983 et ont été bâties quand les connaissances sur l'impact sanitaire étaient très lacunaires ».

En attendant, l’Association tente d’agir, avec ses moyens. En accélérant la vitesse d’émission des particules produites par les produits incinérés au niveau de la cheminée, les retombées seraient moins élevées, explique Francis Glémet, qui ne s’illusionne pas pour autant : « Pour modifier les normes, évaluer l’impact réel, prendre des mesures de précaution, il faudra du temps et beaucoup d’argent ». Et sans doute, une bonne dose de courage politique.

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