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QUESTION D'ACTU

Traitement dérivé de son sang

Antibiorésistance : le dragon de Komodo détient la solution

Une substance présente dans le sang du dragon de Komodo permet de détruire des bactéries résistantes aux antibiotiques.

Antibiorésistance : le dragon de Komodo détient la solution Karen/Flickr




Il porte le nom d’une créature imaginaire féroce, à raison. Les morsures du dragon de Komodo sont connues pour leur dangerosité. Et pourtant, ce varan indonésien est en train de faire avancer la recherche antibiotique d’un pas de géant. Son sang contient en effet un peptide capable d’éradiquer les bactéries les plus résistantes. Le premier test, réalisé chez la souris et publié dans NPJ Biofilms and Microbiomes, est concluant.

Le dragon de Komodo est hors normes en tous points. Sa salive, par exemple, abrite 57 espèces de bactéries, favorisant les infections sanguines chez les proies qui tombent à portée de dents. L’animal est toxique, nul besoin de le prouver. Sauf qu’il échappe à ses propres émanations. C’est donc qu’il existe, quelque part dans son organisme, une substance capable de le protéger.

Une version plus solide

Le secret du varan réside dans son sang. Récemment, l’équipe a isolé 48 peptides aux effets antibiotiques potentiels. Huit d’entre eux ont été synthétisés et exposés à des bactéries capables de résister aux antibiotiques (Pseudomonas aeruginosa et Staphylococcus aureus). Sept d’entre eux se sont montrés aptes à lutter contre les souches.

Les tests réalisés chez des souris confirment ce constat pour au moins une substance. Son nom ? DRGN-1, en hommage au terrible dragon de Komodo. « DRGN-1 ne se trouve pas naturellement chez le dragon de Komodo, précise Monique van Hoek, dernier auteur de l’étude. Il a été modifié de manière à être plus solide en termes de puissance et de stabilité. »

Afin de vérifier l'efficacité du produit, plusieurs rongeurs se sont vus infliger des blessures cutanées, par la suite infectées à l'aide de bactéries connues pour leur résistance. Les chercheurs ont constaté que le peptide permet une guérison plus rapide. Mais ça n’est pas tout.

Les bénéfices de l’évolution

DRGN-1 est surtout capable d’attaquer le biofilm qui protège les bactéries, cette pellicule qui les aide à proliférer et se défendre contre les antibiotiques. Une fois cette membrane détruite, le peptide tue la bactérie. Rien d’étonnant à cela. « Les peptides antibiotiques que nous exploitons représentent le fruit de millions d’années d’évolution destinées à protéger le système immunitaire d’infections dangereuses », rappelle Monique van Hoek.

L’équipe pourra donc remercier chaleureusement – mais à bonne distance – Tujah, le dragon qui réside dans le Parc zoologique aux alligators de St Augstine en Floride (Etats-Unis). C’est lui qui a fourni l’échantillon sanguin à l’origine de ces découvertes. Son rôle s’arrête là, cependant. La prochaine étape consistera à développer des traitements efficaces chez l’animal. Ce n’est qu’ensuite que les humains seront appelés à participer. De quoi éveiller les espoirs les plus grands. Car chaque année, 700 000 personnes meurent dans le monde à cause de l’antibiorésistance.

 

>> Lire notre fiche "Traitements" : Antibiotiques : une utilisation raisonnée évite le développement des résistances

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