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Académie des sciences

L’enfant face aux écrans : éduquer sans proscrire

L’Académie des Sciences rend aujourd’hui un avis prônant la prévention et l’éducation pour que les écrans deviennent de nouveaux outils bénéfiques au développement des enfants.

L’enfant face aux écrans : éduquer sans proscrire DELAGE JEAN-MICHEL/SIPA/




Qui a dit que les Académies étaient de vieilles institutions poussiéreuses et figées ? L’Académie des Sciences, en tout cas, a pris la mesure de la révolution numérique qui l’entoure. « L’omniprésence des écrans (télévisions, vidéos, ordinateurs, téléphones mobiles et Smartphones, tablettes numériques tactiles…) provoque de profonds bouleversements culturels, cognitifs et psychologiques », écrivent les 4 auteurs de l’avis publié aujourd’hui et intitulé L’enfant et les écrans. Pas question de condamner la place désormais prise par ces écrans dans notre quotidien, au contraire, « un métissage entre la culture traditionnelle du livre et la plus récente culture des écrans est possible, amplifiant les vertus de l’une et de l’autre ».

 

Ecoutez le Dr Serge Tisseron, psychiatre et co-auteur de l’avis de l’Académie des Sciences : « Les écrans potentialisent certes tout ce que l’être humain a de pire mais aussi ce qu’il a de meilleur ! »


Mais pour que les outils numériques trouvent une place bénéfique dans le développement des enfants, les parents et l’école ont un rôle primordial d’éducation et de prévention à jouer. Cet avis de l’Académie des Sciences est d’ailleurs publié conjointement avec un module pédagogique de la Fondation La Main à la pâte destiné aux enseignants de l’école primaire. L’idée est simple : amener les plus jeunes à un usage raisonné et autorégulé des écrans en s’appuyant sur la découverte en classe des fonctions du cerveau mises en jeu lorsqu’on utilise une console de jeu ou une tablette. « Il faut abandonner cette idée de la génération des « digital natives », insiste Elena Pasquinelli, chercheur en philosophie des sciences cognitives et chargée de mission à La main à la pâte. Naître dans ce bain numérique ne fait pas de nos enfants des utilisateurs compétents des écrans. Nous-mêmes sommes nés dans la culture du livre et de l’écrit et cela n’a pas fait spontanément de nous de grands écrivains ! ».


Une éducation aux écrans est donc indispensable et elle doit être progressive. « L ‘interdit est illusoire et inutile, on ne peut pas mettre les enfants dans des bulles sans écrans », souligne l’un des auteurs de l’avis de l’Académie, le psychologue du développement Olivier Houdé. Toutefois, avant 2 ans, « les écrans non interactifs (télévision et DVD) devant lesquels le bébé est passif n’ont aucun effet positif et peuvent au contraire avoir des effets négatifs : prise de poids, retard de langage, déficit de concentration… » Les tablettes tactiles pour tout-petits, l’un des cadeaux les plus reçus par les bambins ce Noël 2012, ne sont pas rejetées. Mais à condition que leur usage par le bébé soit accompagné par un adulte ou un enfant plus âgé et que la tablette ne soit qu’un des outils du développement sensoriel et moteur de l’enfant, aux côtés des traditionnels cubes, hochets et peluches.


A partir de 3 ans, les Académiciens déconseillent « l’exposition passive et prolongée des enfants à la télévision », préconisant plutôt « la constitution d’une vidéothèque familiale qui se substitue à des programmes de mauvaise qualité tout en échappant à la publicité ». De plus, l’enfant doit être invité à parler de ce qu’il a vu à la télévision pour développer sa capacité à raconter.

Ecoutez le Dr Serge Tisseron, psychiatre et co-auteur de l’avis de l’Académie des Sciences : « Raconter le film permet de passer d’une forme d’intelligence spatialisée à une intelligence plus narrative »



En revanche, le jeu vidéo, sur console ou ordinateur doit rester très occasionnel avant 6 ans. « Entre 2 et 6 ans, l’enfant joue par lui-même à faire semblant. C’est ainsi et non par le jeu vidéo qu’il prend conscience de ce qui est pour de faux et pour de vrai », précise Olivier Houdé.

Pour l’Académie des Sciences, l’école primaire est le meilleur lieu pour engager l’éducation systématique aux écrans. L’enfant entre 6 et 12 ans est le plus à même de comprendre ce qu’est le numérique et d’apprendre à raisonner sur la façon dont il en fait usage. La prévention des dérives pouvant survenir à l’adolescence doit commencer chez l’enfant.


C’est en effet à l’adolescence que cet « usage autorégulé des écrans » est le plus difficile à mettre en œuvre dans les familles. Là encore, les recommandations de l’Académie se veulent nuancées. Si « établir des règles claires sur les temps d’internet et de jeux est indispensable », parler avec son adolescent de ce qu’il voit et fait sur les écrans à travers les jeux vidéo et les réseaux sociaux est une source de « découverte mutuelle entre les générations » et l’occasion de l’aider à développer son sens critique et ses capacités de synthèse et de prise de recul.


Ecoutez le Dr Serge Tisseron
, psychiatre et co-auteur de l’avis de l’Académie des Sciences : « S’intéresser à ce que fait un enfant devant son écran permet de distinguer plus vite son éventuel mal-être. »


Les Académiciens se veulent donc lucides et plutôt rassurants face à cette révolution numérique en marche. « Livré seul aux écrans, l’enfant dérivera dans la solitude, tandis qu’accompagné, il en fera des usages nouveaux que la génération de ses parents n’imagine pas », concluent l’Académie comme pour convaincre les parents encore nostalgiques de leur enfance loin de la Wii et de Facebook.


Pour en savoir plus : L'ouvrage L'enfant et les écrans, Un avis de l'Académie des siences rédigé par J-F Bach, O.Houdé, P.Léna et S.Tisseron est publié aux Editions Le Pommier et disponible en librairie.

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