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QUESTION D'ACTU

Direction générale du Trésor

Obésité : pas question de taxer la malbouffe

L'obésité coûte plus de 20 milliards d'euros à l'Etat. Un rapport propose de taxer les produits au-delà d'un seuil calorique. Le ministère de l'Economie a refusé une telle option.

Obésité : pas question de taxer la malbouffe realinemedia/epictura




L'obésité pèse lourd sur les dépenses de l'Etat. Combinée avec le surpoids, cette maladie a provoqué un surcoût de 20,4 milliards d'euros en 2012. Une facture conséquente qui s'explique par la part de la population touchée : 15 % des Français sont obèses et 32 % en surpoids. La situation devrait s'aggraver dans la prochaine décennie, prédit la direction générale du Trésor, affiliée au ministère de l'Economie. L'un de ses membres a publié une note sur les répercussions sanitaires et économiques du surpoids.

Il faut dire que parmi les personnes en situation d'obésité souffrent, dans un tiers des cas, d'autres affections de longue durée. Les dépenses de santé se font donc aux frais de l'Assurance maladie, qui supporte à elle seule 12,6 milliards d'euros. « Les dépenses liées à l’obésité que nous avons estimées sont comparables à celles de l’alcool et du tabac », souligne la note de Daniel Caby, qui avance plusieurs pistes pour prévenir ce surcoût. 

"Se montrer ingénieux"

La France a déjà amorcé sa politique de prévention de l'obésité, en votant plusieurs taxes. La plus ancienne s'applique aux boissons sucrées et édulcorées. En 2012, elle a rapporté 400 millions d’euros à l’Assurance maladie. Son équivalent sur les boissons énergisantes s’est montrée moins efficace. Il n’a rapporté que 3 millions d’euros en 2014. S’y ajoutent les retraites qui n’ont pas été versées en raison de la mortalité prématurée. Les recettes sont donc minimes et l’impact fortement limité. Daniel Caby, qui signe cette note, veut lutter efficacement contre surpoids et obésité en améliorant ces programmes déjà amorcés.

Impliquer davantage les médecins dans le suivi des personnes en excès de poids est le pivot de sa stratégie préventive. « Parmi les propositions figure un investissement supplémentaire dans la prévention, relève le député Olivier Véran (PS) contacté par Pourquoidocteur. Il n'est jamais trop tard pour apporter des mesures innovantes. Il faut innover, être capable de cibler les populations les plus à risque, se montrer ingénieux. »

Taxer selon les calories

Des mesures financières sont également proposées. La pertinence des taxes, notamment, peut être encore améliorée, en les ciblant davantage par exemple. La direction générale du Trésor propose ainsi de créer une pénalité sur certains aliments qui participent à l'épidémie d'obésité, le sucre en premier lieu. Une alternative plus abordable émerge également de ces lignes : une taxation des produits « au-delà d’un certain niveau de calories », suivant l’exemple mexicain. Encore faut-il que la taxe soit suffisamment dissuasive : si elle représente 20 % du prix, dans le cas des sodas, l’efficacité est avérée. En deçà, les effets ne sont pas significatifs.

Olivier Véran se montre plus prudent à l'égard de ce qu'il nomme des mesures coercitives. « Ces mesures fiscales ont fait l'objet de débats houleux au Parlement. C'est un combat difficile à porter et il n'est pas certain que ce soit la bonne solution, juge-t-il. Les comportements diffèrent selon les territoires, les revenus... D'un point de vue social, ça n'est pas porteur. » Sans compter que le lobbying de l'industrie agro-alimentaire est vivace dans les couloirs de l'Assemblée nationale.

Un double refus au ministère

Le ministère dont dépend la direction générale du Trésor n'est visiblement pas du même avis. Christian Eckert, secrétaire d’État chargé du Budget, a rapidement écarté cette possibilité. « Non, il n'est pas question de regrouper toutes les taxes en une seule taxe qui tiendrait compte des calories », a-t-il tranché au micro de la radio RTL. La réforme nécessaire serait trop complexe, explique-t-il, ajoutant que d'autres taxes « comportementales » sont étudiées par l'Assemblée nationale. Elles porteraient, d'après ses déclarations, sur les huiles, les farines, la margarine ou encore le chocolat. Une taxe Nutella améliorée, en somme.

Son supérieur direct, Michel Sapin - ministre de l'Économie et des Finances - s'est montré encore plus catégorique sur Radio Classique. Hors de question de créer des taxes alors que le gouvernement  « tente de baisser les impôts, de supprimer les taxes ». Il a également rappelé le rôle de conseiller de la direction du Trésor, qui appartient à son portefeuille ministériel :  « La direction du Trésor est là pour faire des propositions, alimenter la réflexion et il se trouve que les politiques sont là pour décider. » Le message est clair comme de l'eau de roche.

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