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QUESTION D'ACTU

Dr Gilles Lazimi

Affaire Denis Baupin : «Ces femmes sont des lanceuses d'alerte»

ENTRETIEN. Le député Denis Baupin est accusé d'agressions sexuelles. Des témoignages qui aideront des milliers de victimes à sortir du silence, selon le Dr Gilles Lazimi.

Affaire Denis Baupin : \ Alain ROBERT/APERCU/SIPA




Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) est au cœur de la tourmente. Ce lundi matin, 8 femmes dénoncent des faits de harcèlement et d’agressions sexuels commis par Denis Baupin, dirigeant du mouvement des Verts. Parmi elles, 4 élues écologistes ont décidé de prendre la parole à visage découvert. Interrogées par Mediapart et France Inter, elles rapportent les agressions dans des couloirs et des SMS provocateurs et graveleux qu’elles ont reçus durant plusieurs mois. Depuis ces révélations, Denis Baupin a démissionné de sa fonction de vice-président de l’Assemblée nationale même s’il conteste les accusations formulées à son encontre. 
Pourtant, les actes semblent connus de la direction du parti. Et l'omerta qui a prévalu jusqu'à présent  en dit long sur le courage qu’il a fallu à ses femmes politiques.

Un courage salué par le Dr Gilles Lazimi, médecin généraliste au centre municipal de santé de Romainville (Seine-Saint-Denis) et membre du Collectif féministe contre le viol.

Ces témoignages peuvent-ils aider les autres femmes victimes de ces violences à sortir du silence ?
Dr Gilles Lazimi :
La honte, la peur du regard des autres, la peur de perdre son emploi ont maintenu ces femmes dans le silence durant des années. Cette culpabilisation des victimes est absolument scandaleuse mais elle perdure. Elles se sentent coupables d’avoir suscité l’agression.
Le seul coupable, c’est l’agresseur. Mais c’est très dur pour elles de briser le silence. Aujourd’hui, 8 femmes se sont exprimées et c’est formidable, mais peut-être sont-elles plus nombreuses ? Elles sont plus que des lanceuses d’alerte. Elles sont vraiment exceptionnelles. Leurs témoignages vont réellement aider les femmes à pouvoir dénoncer ce qu’il se passe sur le lieu de travail, au quotidien et dire à quel point elles souffrent de ces agressions.

Comment aider les victimes d’agressions et harcèlement sexuel au travail ?
Dr Gilles Lazimi : L’employeur est censé les protéger. Lorsqu’il est au courant, il doit protéger et accompagner les victimes. Mais le harcèlement est un sujet tabou dans le milieu du travail. Dans les entreprises, il y a des gens qui savent et qui choisissent de se taire. C’est scandaleux, il faut que cela cesse. Lorsqu’une personne agit de la sorte, on ne peut pas dire « Oh non ! Il l’a recommencé ». C’est un délit qui doit être puni. Un collègue, un voisin, un ami peuvent les accompagner pour porter plainte. Si elles ne sont pas en mesure d’en parler, il faut qu’elles consultent un médecin. Il faut que l’on puisse reconnaître le préjudice que ces femmes ont subi.

L’affaire Denis Baupin n’est pas un cas isolé dans le monde politique...
Dr Gilles Lazimi :
C’est de l’abus de pouvoir. Ce sont des hommes de pouvoir qui travaillent dans des lieux de pouvoir. Des journalistes politiques ont dénoncé le sexisme à l’Assemblée nationale dans une tribune. Des associations d’attachés parlementaires tentent de le dénoncer. Rien n’autorise d’utiliser sa position hiérarchique pour harceler, menacer ou agresser un collègue. Ce n’est absolument pas normal et loin d’être exemplaire.

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