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QUESTION D'ACTU

Attentats au stade de France

Dr Christophe Prudhomme: «on savait que cela allait arriver»

Les attentats qui ont ensanglanté Paris ont fait 129 morts et 352 blessés. Dès les premières fusillades, les blouses blanches se sont mobilisées pour porter secours aux blessés.

Dr Christophe Prudhomme: \ LAURENCE GEAI/SIPA




La France vient de traverser l’attentat le plus meurtrier de son histoire. Ce vendredi 13 novembre, à 21 heures, plusieurs fusillades éclatent au cœur de Paris. Au même moment, deux explosions résonnent auprès du Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Au Bataclan (Paris), où se tient un concert, les spectateurs sont pris en otage. Six attaques simultanées et un bilan qui s’alourdit d’heure en heure au cours de la soirée. Ce vendredi aura été une épreuve pour les hôpitaux et les équipes du SAMU d’Île-de-France, qui ont pris en charge plus de 350 blessés. Dès 22 heures 30, l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a activé le Plan Blanc. Mais la plupart des professionnels de santé se sont mobilisés sans attendre les appels prévus par ce plan.

« On a doublé le nombre d’équipes »

« L’ensemble des équipes était préparé, souligne le Dr Christophe Prudhomme, urgentiste à l’Hôpital Avicenne (Bobigny, Seine-Saint-Denis). On savait que cela allait arriver, mais on ne savait pas quand. » Ce membre du SAMU 93 a effectué plusieurs rotations au cours de cette soirée. D’abord aux alentours du Stade de France – où trois hommes se sont fait sauter – puis sur les différentes zones de Paris qui sont la cible d’attaques. « La prise en charge s’est faite dans un délai rapide, dès qu’on a pu accéder aux lieux. Cela a été plus compliqué dans le cas du Bataclan, qui présentait une configuration difficile », soupire-t-il.

Conformément au plan blanc, les professionnels de santé de la région Île-de-France et des zones limitrophes – jusqu’à Chartres – sont mobilisés. Ce sont, bien sûr, des urgentistes, des anesthésistes et des chirurgiens, mais aussi des brancardiers, des aides-soignants et des infirmiers. « La mobilisation s’est faite sans problème. On n’a pas eu à appeler du personnel, comme la procédure du Plan Blanc le prévoit : les gens sont venus d’eux-mêmes, signale Christophe Prudhomme. Ceux qu’on a appelés nous ont répondu qu’ils étaient sur le chemin. On a doublé le nombre d’équipes en moins d’une heure, et on a pu ouvrir plus de blocs, on a renforcé les services d’urgences. »

« L’hôpital a dû monter en puissance »

5 établissements sont désignés pour accueillir les polytraumatisés et les personnes en situation d’urgence absolue : l’hôpital Lariboisière (10e arrondissement), l’hôpital Bichat (18e), l’hôpital Beaujon (Clichy, Hauts-de-Seine), l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (13e) et l’hôpital européen Georges-Pompidou (15e). Bien d’autres reçoivent les blessés moins lourds.

« A Paris, il y avait de nombreuses plaies par balles, et beaucoup plus de morts, se souvient Christophe Prudhomme. Au Stade de France, où il y avait les bombes humaines, on a trouvé beaucoup de patients dits polycriblés, c’est-à-dire qui ont reçu de multiples éclats. Ils présentaient des blessures sur plusieurs parties du corps, notamment sur le visage. La prise en charge est plus difficile, parce qu’il faut aussi évaluer les blessures internes. »

A l’hôpital Georges-Pompidou, les blessés par balles affluent au cours de la soirée. « On a rappelé du monde et des médecins avec qui on n’avait jamais travaillé se sont présentés pour aider, se remémore le Dr Philippe Juvin, chef du service des urgences à l’HEGP. On a reçu des blessés par balles, qui sont très délabrantes. Mais ce sont des blessures qu’on a tous déjà vues. Le problème, c’est la grande masse à laquelle on a dû faire face. L’hôpital a dû monter en puissance. »

« Un psychiatre est présent »

L’organisation est le maître mot au cours de cette soirée sous haute tension. Grâce à la forte mobilisation des professionnels de santé, chaque blessé peut être dirigé vers le centre adapté. « Tout cela a été possible grâce à un dispositif très dense et à la mobilisation spontanée du personnel », salue Christophe Prudhomme. Cet urgentiste chevronné souligne aussi l’importance du dialogue entre les différents médecins. « L’important, dans cette situation, c’est le travail en équipe. Les plus « anciens », dont je fais partie », orientent les plus jeunes. On leur donne des consignes claires pour les aider à trouver leur place », explique-t-il.

Dès le samedi, les médecins et soignants mobilisés sont remplacés. « Aujourd’hui, les choses sont beaucoup plus calmes, déclare Philippe Juvin. L’équipe de nuit a été remplacée par celle du matin, comme prévu. »

Commence maintenant la deuxième étape, celle du suivi psychologique de ces équipes soumises à un stress de haut niveau. « On commence à s’occuper de la prise en charge psychologique. Un psychiatre est présent et restera à disposition des professionnels de santé toute la semaine », précise Philippe Juvin. Pour les équipes du SAMU aussi la vigilance est de mise. Car la préparation n’est pas tout. « Il faudra un suivi psychologique pour un certain nombre de collègues, admet-il. On reste très vigilants. Les signes, c’est notamment lorsque quelqu’un se replie sur lui-même et ne parle pas. »

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