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QUESTION D'ACTU

Sur la piste des six sens

Sentir : des chiens pour flairer nos cancers

En France, un chien a été dressé pour dépister le cancer de la prostate. Une piste que les chercheurs suivent pour mettre au point des nez électroniques. Mais, au fait, l'odorat, comment ça marche ?

Sentir : des chiens pour flairer nos cancers SUPERSTOCK/SIPA




Le chien, le meilleur ami de l’homme ? Oui, et même plus encore. Grâce à son odorat extrêmement développé, il peut dépister des cancers. Cela peut paraître étonnant, mais les cellules tumorales libèrent des métabolites volatiles odorants. C’est en lisant une publication dans la revue médicale Le Lancet, que Le Pr Olivier Cussenot, urologue à l’hôpital Tenon à Paris, s’est intéressé à ce sujet. Des cas de chiens qui avaient flairé des mélanomes cancéreux étaient relatés.
Le Pr Cussenot a  alors décidé de faire dresser un chien pour dépister le cancer de la prostate. Il faut dire que, dans ce domaine, les méthodes existantes ne sont guère  satisfaisantes. Le dépistage se fait grâce au dosage du PSA (antigène prostatique spécifique), or celui-ci n’est fiable que dans 20% des cas. L’urologue s’est adressé à l’Armée, qui avait déjà dressé des chiens à la reconnaissance de drogues ou d’explosifs. Il a fallu deux ans pour que Aspirant, un berger malinois, se familiarise avec sa nouvelle mission. Et les efforts ont payé.

Ecoutez le Pr Olivier Cussenot, urologue à l'hôpital Tenon (Paris): « Les chiens sont récompensés lorqu'ils reconnaissent des urines de patients qui ont un cancer connu. »



Des nez électroniques. Mais utiliser des chiens dans le cadre d’un dépistage généralisé, ce ne serait pas très pratique ! Le Pr Cussenot travaille donc aujourd’hui avec une équipe du Commissariat à l’énergie atomique, afin de reconstituer les combinaisons de molécules repérées par l’animal. Les chercheurs mettent les substances dans de l’eau, les font sentir au chien pour voir s’il réagit, jusqu’à obtenir la bonne composition. L’idée est de mettre au point des techniques de dépistage reproductibles, grâce à des "nez électroniques".
En France, le Pr Cussenot est le seul à faire des recherches dans ce domaine. Mais des travaux sont menés dans d’autres pays, comme aux Etats-Unis, au Japon ou au Royaume-Uni. En Allemagne et en Autriche, des études récemment publiées ont montré que des chiens ont pu détecter un cancer du poumon en reniflant l’haleine des patients, avec un taux de réussite de 70%. Selon le Pr Cussenot, il faudra sans doute attendre une dizaine d’années avant que des tests de dépistage olfactifs puissent être mis sur le marché.

L’odorat, comment ça marche
 
Notre odorat est moins développé que celui de certains mammifères, mais nous sommes tout de même capables de reconnaître des milliers d’odeurs différentes. Pourtant, la zone de notre nez dédiée à cette fonction ne mesure que quelques centimètres carrés. C’est la muqueuse olfactive, située au sommet de la cavité nasale. Elle comporte près de 10 millions de cellules olfactives. Ces cellules transmettent des influx nerveux à notre cerveau. Celui-ci les décode et permet ainsi la perception des odeurs.
L’odorat, mémoire de nos souvenirs , la célèbre madeleine de Proust, n’a pas volé sa réputation. Pour faire remonter en mémoire des souvenirs à priori enfouis depuis des années, l’odorat est imbattable. Quand une odeur vous chatouille les narines, le trajet va directement de la muqueuse nasale au cerveau limbique, sans passer par le fameux cortex. Et c’est là que nos émotions les plus anciennes ont laissé des traces et que les souvenirs qui leurs sont rattachés sont conservés secrètement. Voilà pourquoi une effluve de madeleine ou de jasmin peut vous faire voyager dans le temps en un clin d’œil.

Quand l’odorat fait défaut 

Perdre l’odorat, c’est un peu comme être privé d’émotion. Alors, bien sûr, l’anosmie, terme scientifique qui désigne la perte totale de l’odorat,  ne se voit pas comme d’autres handicaps physiques, mais les conséquences existent bel et bien. D’autant qu’elle entraîne souvent une perte du goût. La vie perd alors de son sel.
Les troubles de l’odorat peuvent également se traduire par une parosmie : à la place d’une bonne odeur, la personne sent une odeur désagréable; ou par une phantosmie, c’est-à-dire la perception d’une odeur qui n’existe pas. Les causes de l’anosmie sont très variées. Elles peuvent être liées à une rhinite, une sinusite ou à une polypose. Un traumatisme crânien ou encore une maladie neuro-dégénérative, comme la maladie d’Alzheimer ou la maladie de Parkinson, peuvent également entraîner une perte de l’odorat. Récemment, des chercheurs français ont découvert que les victimes de dépression sévère distinguent moins bien les odeurs agréables. Les traitements vont dépendre de la cause de l’anosmie. En cas de rhinite chronique par exemple, la corticothérapie est le traitement médical de référence.

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