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Médecine du sport

RED-S : « Le risque de Déficit Énergétique Relatif au Sport existe chez les filles et les garçons »

Le RED-S, ou Déficit Énergétique Relatif au Sport, est une menace à ne pas négliger chez les jeunes sportifs de haut-niveau. Quelques éléments pour mieux comprendre.

RED-S : « Le risque de Déficit Énergétique Relatif au Sport existe chez les filles et les garçons » Chinnapong/iStock




L'ESSENTIEL
  • Le RED-S, ou syndrome de déficit énergétique relatif au sport, est la conséquence d’un déséquilibre énergétique entre les dépenses physiques et l’apport nutritionnel lors de la pratique du sport.
  • Le RED-S a de nombreuses répercussions sur l’organisme : perturbations hormonales, notamment menstruelles (pour les filles), diminution de la densité osseuse avec des risques de fractures de fatigue, altération de l’immunité, troubles du comportement alimentaire, troubles psychologiques…
  • Pour éviter le RED-S, il est nécessaire que le sportif ait une alimentation équilibrée et en rapport avec l’intensité de son entrainement et ses dépenses énergétiques, tout en évitant le surentrainement.

Les « Endocrinolympiades », journée du 5 avril 2024 dédiée au sport, aux hormones et à la santé et organisée dans le cadre de la Semaine Olympique et Paralympique par la Société Française d’Endocrinologie, ont permis d’en savoir un peu plus sur le RED-S, un syndrome peu connu dont s’est d’ailleurs intéressé de près le CIO (Comité International Olympique) dès 2014.

Un vrai danger du sport excessif et sans surveillance

Le RED-S ou syndrome de Déficit Énergétique Relatif au Sport (Relative Energy Deficiency in Sports) a été longuement évoqué lors de la journée qui s’est déroulée à l’université Paris Cité, à Paris. Et pour cause, peu connue du grand public, cette pathologie constitue un véritable danger pour les sportifs de haut niveau, mais aussi chez ceux qui pratiquent le sport de loisir en excès et sans un certain équilibre alimentaire.

Il survient à tout âge, mais le plus souvent chez les jeunes sportifs, lors d’entrainements physiques supérieurs à 15 heures/semaine, et lorsque les apports énergétiques sont insuffisants. Il se rencontre surtout lorsque l’apparence physique est un élément important dans la pratique sportive (danseurs et danseuses, gymnastes, patineurs artistiques, cyclistes…), ou que le poids et la composition corporelle (masse grasse/masse maigre) sont primordiaux comme dans certaines disciplines où il existe des catégories de poids (sports de combats, etc).

Une énergie dépensée supérieure à l’énergie en réserve

Le RED-S survient lorsque l’énergie dépensée par le sportif est plus importante que l’énergie qu’il a absorbée. Dans ce cas, le corps n’a plus les réserves énergétiques nécessaires pour alimenter les processus physiologiques du corps. Il y a un déséquilibre entre les dépenses physiques et l’apport nutritionnel.

Et cette trop faible disponibilité énergétique chez un sportif a de graves conséquences sur la santé s'elle n'est pas traitée. En effet, les répercussions de cette altération du métabolisme énergétique sont une diminution de la santé musculosquelettique, des troubles de l’immunité et des anomalies des fonctions reproductives (au niveau des organes sexuels) et donc de la puberté, ainsi que de la croissance.

On sait qu’il existe des variations selon le genre, l’âge et le profil génétique du sportif.

Les filles autant touchées que les garçons

Selon le Pr Martine DUCLOS, chef du service de médecine du sport et d’explorations fonctionnelles du CHU de Clermont-Ferrand, le « risque de déficit énergétique relatif au sport existe aussi bien chez les filles que chez les garçons », mais elle précise que « les garçons peuvent supporter un déficit énergétique plus important que les filles » et que « les troubles physio-pathologiques arrivent aussi plus tardivement chez eux ».

La scientifique explique que le « trépied indispensable des sportifs de haut-niveau est une alimentation équilibrée, des cycles menstruels réguliers (pour les filles) et une bonne santé osseuse ». Dans le cas d’un RED-S, la triade est inversée avec « une faible disponibilité énergétique, des troubles du cycle menstruel et une mauvaise santé osseuse ». C'est transposable à la pratique du sport de loisir intensif !

Chez les jeunes filles, « le profil de l’aménorrhée (absence de règles) sportive est une masse grasse diminuée et une disponibilité énergétique (le corps à moins d’énergie à sa disposition, NDLR) diminuée de manière chronique au niveau quantitatif et qualitatif ».

Les conséquences psychologiques ne sont pas négligeables, pouvant aller jusqu’à la dépression et les troubles compulsifs alimentaires comme l’anorexie.

Le RED-S est responsable également de fatigue chronique et de problèmes de concentration.

L’autre danger du RED-S mis en avant par la spécialiste est la fracture de fatigue, très fréquemment rencontrée dans ce cas et due à une diminution de la densité osseuse.

Les performances sportives sont donc véritablement altérées et le risque de blessures et de maladies (notamment cardiovasculaires) est augmenté.

Attention au régime cétogène

Le Pr Duclos alerte aussi sur le régime cétogène (apport pauvre en glucides, modéré en protéines et riche en lipides) souvent suivi par les sportifs mais qui constitue un véritable risque de RED-S.

Mais bien sûr, il faut garder à l’esprit que, selon le Pr Yves LE BOUC, Directeur d’unité à l’INSERM et Chef du service Explorations Fonctionnelles Endocriniennes à l’hôpital Armand Trousseau à Paris, le « sport est bénéfique dans l’enfance et l’adolescence, notamment pour l’épanouissement psychologique et physique, mais sans perdre de vue qu’il existe une « possibilité de risque de déficit énergétique relatif au sport si l’intensité de l’activité physique est importante ».

Une prise en charge complexe et multidisciplinaire

La prise en charge du RED-S doit être multidisciplinaire grâce à, entre autres, des médecins (pour le soutien et le suivi médical), des nutritionnistes (pour le rééquilibrage diététique), des psychologues (pour la santé mentale).

Les effets de certaines hormones ont été mis en avant. Ce que confirment les Pr Duclos et Le Bouc, avec notamment la leptine et la ghréline, qui pourraient être utilisées comme traitements potentiels.

La prévention de ce syndrome est primordiale. Elle passe par une alimentation équilibrée, des entrainements adaptés, mais aussi des changements dans la culture du sport autour de l’image corporelle et du poids. Il est donc essentiel de sensibiliser les athlètes mais aussi leurs entraîneurs et l’entourage des sportifs (dont les parents).

Tout en restant largement conseillé pour une bonne santé, n’oublions donc pas que le sport dans un contexte de surentrainement, surtout s’il se produit en dehors d’une alimentation équilibrée et sans aucun contrôle, peut ainsi nuire au développement osseux et à la croissance, et engendrer de nombreuses pathologies.

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