- La consommation d'alcool du père avant la conception peuvent avoir un effet négatif sur le développement du fœtus. Cela augmente les risques de syndrome d'alcoolisation foetale ou encore la réussite d'une FIV.
- Une nouvelle étude montre que les effets de l'alcool sur le sperme persiste plusieurs semaines après le sevrage.
- Ainsi l'auteur principal conseille aux hommes qui désirent avoir un enfant de s'abstenir de boire de l'alcool trois mois avant la conception.
L’une des premières recommandations données aux femmes enceintes ou désireuses d'avoir un enfant est de ne plus boire d’alcool. La consommation des pères est peu ou pas prise en compte par les professionnels de santé. Et c’est une erreur selon les travaux de Dr Michael Golding de la Texas A&M University. "Au cours des cinq à huit dernières années, nous avons commencé à remarquer qu’il existe certaines conditions dans lesquelles il existe une très forte influence paternelle en matière d’exposition à l’alcool et de développement fœtal", explique le chercheur dans un communiqué de son établissement.
Sa dernière étude montre que les effets de la consommation d'alcool sur la qualité du sperme persistent plus longtemps que l’on pensait. Le “retour à la normale” prendrait plus d’un mois.
Alcool et sperme : la qualité toujours amoindrie après un mois de sevrage
Plus tôt cette année, le Dr Michael Golding et son équipe avaient mis en évidence que les habitudes de consommation d'alcool du père avant la conception pouvaient perturber le développement du fœtus. La qualité moindre du sperme avait un impact sur le développement du placenta, les anomalies cérébrales et faciales associées au syndrome d'alcoolisation fœtale ou encore la réussite d’une FIV.
Quand de l’alcool est absorbé, le foie est soumis à un stress oxydatif. En réponse, le corps se met à surproduire certaines substances qui perturbent l’activité cellulaire normale. Lors de cette nouvelle recherche, les scientifiques ont fait une découverte qui les a étonnés : le sevrage provoque le même type de stress oxydatif, prolongeant ainsi la durée des effets de l'alcool sur le corps, et donc le sperme.
"Pendant le sevrage, le foie subit un stress oxydatif et envoie un signal dans tout le corps masculin", explique l'auteur principal. "Le système reproducteur interprète ce signal et dit : Oh, nous vivons dans un environnement qui contient un facteur de stress oxydatif très puissant. Je dois programmer la progéniture pour qu’elle puisse s’adapter à ce genre d’environnement." Au vu des résultats observés pendant ses recherches, l’expert avance que les adaptations des spermatozoïdes ne sont finalement pas bénéfiques et conduisent à des problèmes comme le syndrome d'alcoolisation fœtale.
Alcool et malformation fœtale : au moins 3 mois de sevrage pour réduire les risques
Bien que ses travaux sur les effets de l’alcool sur le sperme et la fertilité se poursuivent, le Dr Golding émet d’ores et déjà un conseil pour les hommes désireux d’avoir un enfant : il faut s'abstenir de boire au moins trois mois avant de concevoir.
"Il y a encore beaucoup de travail à faire pour obtenir une réponse concrète, mais nous savons que les spermatozoïdes sont produits sur une période de 60 jours et que le processus de sevrage prend au moins un mois", indique le spécialiste. "Donc, mon estimation serait d'attendre au moins trois mois."
Il précise que les quantités bues n’ont pas besoin d’être très excessives pour avoir un impact sur la santé masculine et la qualité du sperme, et cela, même au moment du sevrage.
"Dans les modèles que nous utilisons, même boire trois à quatre bières après le travail plusieurs jours par semaine peut provoquer un sevrage lorsque le comportement cesse", précise le chercheur. "Vous ne vous sentez peut-être pas en état d'ébriété, mais votre corps subit des changements chimiques."
Malformations congénitales liées à l'alcool : des consignes à revoir
Pour le Dr Golding, son étude présentée dans la revue Andrology début décembre, doit conduire à modifier la perception de la responsabilité des malformations congénitales liées à l'alcool "puisque la société a toujours rejeté toute la faute sur les mères, même lorsqu'elles ne consomment pas d'alcool pendant leur grossesse".
"Il y a un traumatisme psychologique associé à la question : « Avez-vous bu durant que vous étiez enceinte ? » Il est également difficile pour les médecins d’avoir cette conversation", reconnaît l’auteur principal. "Mais s’ils ne le font pas, le syndrome d'alcoolisation fœtale n’est pas diagnostiqué immédiatement et l’enfant risque de ne pas recevoir le soutien dont il a besoin plus tard dans sa vie."
Pour lui, les recommandations faites aux couples souhaitant avoir un bébé doivent aussi être revues afin qu’ils sachent combien de temps à l’avance ils doivent arrêter de boire afin de préserver la santé de leur futur enfant.