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QUESTION D'ACTU

Controverse

La trithérapie protègerait du sida

Les autorités suisses devraient reconnaître l'absence de risque de transmission sexuelle pour les patients traités dont la virémie reste indétectable depuis six mois.





« Les patients atteints du VIH dont le traitement est stable et efficace, sans virémie détectable depuis au moins 6 mois et contrôlée plusieurs fois, ne sont plus infectieux par voie sexuelle ». Avec une telle déclaration, à l'encontre des recommandations officielles actuelles, le Pr Bernard Hirschel, responsable de l'unité VIH/sida des hôpitaux universitaires de Genève, est conscient d'avoir déclenché une polémique dans le corps médical mais également dans les associations de patients. C'est pourtant la position officielle que la Suisse devrait prendre le 30 janvier, par le biais d'une communication, destinée aux médecins, de la Commission fédérale pour les problèmes liés au sida (CFS), l'instance qui conseille l'Office fédéral de la santé publique sur ces questions.

Les réactions sont déjà vives et controversées, entre ceux qui, comme le Pr Hirschel, défendent une information complète et claire destinée à un large public et ceux qui estiment que les risques de voir cette information mal perçue la consignent au rapport direct entre médecin et patient. « Les données actuelles ne permettent pas de donner une réponse universelle, destinée à la population générale », souligne ainsi le Pr Willy Rozenbaum, Président du Conseil national du sida et praticien hospitalier à l'hôpital Saint- Louis (Paris). « En revanche, il existe des modélisations qui montrent que, en deçà d'un certain seuil de réduction du risque, la modification des pratiques que pourrait engendrer un message mal entendu peut aggraver l'épidémie ».


Un outil de prévention reconnu


De nombreuses études, publiées dès 2000, montrent en effet une réduction du risque de contagiosité lorsque le virus n'est plus détectable dans le sang, dans une fourchette acceptée par tous de 60 à 80 % et que certains poussent pratiquement jusqu'à 100%. Julio Montaner, chercheur à l'université de Colombie Britannique, a même présenté, en 2006, un modèle selon lequel les nouvelles infections en Colombie Britannique seraient deux fois plus importantes sans les trithérapies. Il estime même qu'en élargissant leur utilisation chez tous les séropositifs, le VIH pourrait être éradiqué de la province en 2050. L'idée que les traitements actuels, en réduisant le risque d'infection, sont un véritable élément de prévention prend désormais de plus en plus de place dans les discussions de santé publique. Le CNS a d'ailleurs engagé des discussions sur ces questions et devrait rendre son avis avant l'été. La polémique est donc lancée, le débat devrait avoir lieu et la prise de position de la Suisse pourrait avoir de véritables conséquences sur la prise en charge de la maladie (écouter ci-contre).
En France, ces données sont déjà bien intégrées dans la pratique des médecins, notamment face au désir d'enfant. La réduction du risque par un traitement efficace est en effet ce qui permet de proposer une assistance médicale à la procréation avec lavage de sperme pour éliminer le virus. « Il ne se passe pas une consultation sans qu'on ne me pose ces questions mais, finalement, c'est un choix qui ne peut être qu'individuel. Dans la vie réelle, les couples séro-différents gèrent leur histoire comme ils le veulent, et non pas comme le voudrait le CNS, le ministère de la Santé ou même leur médecin », rappelle le Pr Rozenbaum. Il ne lui semble donc pas nécessaire de prendre le risque de voir cette information mal interprétée alors que la discussion peut avoir lieu, en toute clarté, avec chaque couple dans son cabinet. Qu'ils décident de modifier leurs pratiques ou non, cette annonce ne pourra pas en tout cas pas être anodine pour les patients…

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