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QUESTION D'ACTU

Série “plan cancer”

“L'IRM de la prostate est une révolution”

Alors que la nouvelle stratégie décennale contre le cancer va être dévoilée cette semaine, Thierry Lebret, urologue et chef du service d'Urologie de l'Hôpital Foch, nous parle du cancer de la prostate.

“L'IRM de la prostate est une révolution” Thierry Lebret




- Pourquoi Docteur : Quelle est aujourd'hui l’incidence du cancer de la prostate ?

Thierry Lebret : C’est le premier cancer de l’homme en France. Tous les hommes finissent par en avoir un. À partir de 85 ans, on ne trouve quasiment jamais de prostate sans cancer mais tous les cancers ne se développent pas rapidement et n’iront pas jusqu’au décès du patient. Il n'existe pas un cancer de la prostate mais plusieurs. Il y a des cancers de la prostate très agressifs et d'autres moins agressifs, l’espérance de vie allant de quelques mois à des dizaines d’années. Il y a aussi le stade de prise en charge qui entre en jeu. Ce qui est important de savoir c’est qu’un cancer n’est guérissable que s’il est totalement asymptomatique. Pour le guérir il faut trouver un cancer avant qu’il fasse parler de lui et c’est toute la problématique et c’est pour cela que l’on se bat pour le dépistage.

- Quelles sont les méthodes de dépistage utilisées et sont-elles pleinement efficaces ?

Les méthodes ont beaucoup changé ces dernières années. Aujourd’hui elles sont basées sur 2 examens, essentiellement le PSA et le toucher rectale mais il y a eu la révolution de l’IRM de la prostate. Avant on ne voyait pas le cancer en imagerie. Dans plus de 80% des cas on peut voir par l’IRM un tissu suspect de cancer. Et ça change tout. Dès qu’on a le moindre doute, avec un PSA un peu élevé ou un toucher rectal anormal, on va faire une IRM. C’est devenu l’examen clé. Maintenant, l’IRM sert à guider les biopsies. C’est une révolution purement technologique qui a servi à pouvoir déceler le cancer.

- Quand doit avoir lieu ce dépistage ?

Les autorités continuent de dire que l’on ne fait pas de dépistage. Les sociétés savantes préconisent un PSA et un toucher rectal entre 50 et 65 ans. Grâce aux statistiques et au big data, on a découvert que si avant 60 ans le PSA est inférieur à 1 nanogramme par mL, on peut arrêter le dépistage et il n’y aura pas de cancer. Le toucher rectal permettre de mesurer le poids et la consistance de la prostate tandis que le PSA affine la suspicion de diagnostic.

- Quels traitements existent actuellement ?

Plus que traitement, je préfère parler de prise en charge parce que l’on s’aperçoit que tous les cancers de la prostate ne sont pas traités et sont simplement surveillés. S’il n’y a pas de métastase, donc un cancer localisé, il faut évaluer le risque que l’on prend à ne pas le traiter. La surveillance consiste à vérifier le PSA régulièrement et à étudier s'il bouge ou pas. Un an après, on effectue des biopsies pour voir s’il y a des évolutions parce qu’il y a une grande partie des cancers de la prostate qui ne bougent pas, ce qui concerne environ 60% des cas de cancer faiblement agressif. Sur tous les cancers de la prostate localisé, il y en a environ un sur cinq que l’on décide uniquement de surveiller. La difficulté dans ce choix est la prise de risque.

Pour les cancers qui doivent être traités, il y a 4 traitements possibles. Le premier consiste à enlever la prostate. Le deuxième est la radiothérapie externe associée à de l’hormonothérapie. La troisième concerne la curiethérapie, où l'on place sous anesthésie des petits grains radioactifs. Le quatrième, c’est l’HIFU, c’est-à-dire que l'on introduit une sonde dans la prostate et l'on tue les cellules prostatiques par ultrasons focalisés de haute intensité. Ces traitements sont tous possibles et sont choisis en fonction de l’âge, de l’agressivité du cancer, de sa localisation et du choix du patient. Ils peuvent avoir des conséquences sur la sexualité et le périnée.

- Un vaccin, baptisé Provenge, a été développé contre ce cancer mais n'est autorisé qu'aux États-Unis. Peut-il être introduit en France ?

Il est extrêmement cher et n’a pas pour l’instant d'autorisation de mise sur le marché en France. Peu de communication a été faite sur vaccin mais pour moi il ne constitue pas le futur. La sortie sera sur la carte d’identité du cancer, c’est-à-dire la biologie moléculaire qui permet de lutter sur les mutations pour traiter les anomalies moléculaires.

Il y a aussi la théranostique. Aujourd’hui, le PET scanner permet de savoir si le cancer est métastatique et où il se trouve dans l'organisme. L’étape suivante, c’est la théranostique. Le principe est de mettre sur la même molécule un élément radioactif qui va détruire la cellule. On va faire le diagnostic et la thérapie en même temps. Les recherches avancent et on commence à avoir des éléments intéressants mais ça n’est pas encore en pratique courante.

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