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QUESTION D'ACTU

Température corporelle

Notre corps n’est plus à 37°C, et c’est normal

Depuis que le médecin allemand Karl Wunderlich a établi en 1868 que la température normale du corps humain était comprise entre 37 et 37,5°C, cette référence n’a jamais été remise en cause. Pourtant, des températures plus basses sont souvent rapportées chez des adultes en bonne santé.

Notre corps n’est plus à 37°C, et c’est normal Rafael Abdrakhmanov/iStock




L'ESSENTIEL
  • La température corporelle humaine normale, comprise entre 37 et 37,5°C, a été établie par Karl Wunderlich en 1868. Pourtant, des disparités existent chez les adultes en bonne santé.
  • Plusieurs relevés font état de température corporelle comprise entre 36,3 et 36,6°C, soit un degré de moins.
  • Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette baisse, notamment une meilleure hygiène de vie, un accès à des vêtements chauds, des maladies plus rares ou un environnement climatisé et/ou chauffé.

On ne questionne jamais assez les vérités que nous prenons pour acquises. Prenons l’exemple de la température. Depuis plus de 150 ans, elle est fixée chez un adulte en bonne santé entre 37 et 37,5°C. Ce baromètre, nous le devons à Karl Wunderlich, un médecin allemand du XIXe siècle, qui a établi en 1868 la courbe des températures pour suivre l’évolution de la maladie. Si ces résultats étaient justes à son époque, des chercheurs de l’université de Santé Barbara (Etats-Unis) remettent en cause ces chiffres. Les résultats de leur étude ont été publiés le 28 octobre dans la revue Science Advances. 

Une baisse de 1,7°C observée depuis une vingtaine d’années

Cette baisse de la température corporelle s’observe partout. Une étude réalisée en 2017 auprès de 35 000 adultes au Royaume-Uni a montré que la température corporelle moyenne s’établissait à 36,6°C. Une autre, réalisée cette fois aux Etats-Unis, indiquait une température moyenne de 36,3°C. 

Pour cette nouvelle étude, une équipe internationale de médecins, anthropologues et chercheurs se sont intéressés aux Tsimane, une population indigène vivant dans l’Amazonie bolivienne. Pendant 16 ans, ils ont observé une chute de la température corporelle de ce peuple de 1,7°C. Aujourd’hui, la température des Tsimane est estimée à 36,5°C. 

En moins de deux décennies, nous observons à peu près le même niveau de déclin que celui observé aux États-Unis depuis environ deux siècles”, souligne Michael Gurven, professeur d’anthropologie à l’université de Santa Barbara. 

Cette nouvelle analyse se base sur un échantillon de 18 000 observations faites sur 5 500 adultes, et prend en compte les facteurs qui pourraient perturber la température, comme la température ambiante ou la masse corporelle des individus.

La piste d’une meilleure hygiène de vie

Les premières mesures de la température à grande échelle datent de la Guerre de Sécession américaine (1861-1865). A cette époque, les températures relevées correspondaient à celles retenues par Karl Wunderlich. Pourtant, elles n’ont fait que chuter depuis, sans que l’on ne comprenne pourquoi, la faute sûrement aux tests réalisés uniquement sur la population américaine, sans aucun référentiel comparatif. “L'une des principales hypothèses est que nous avons connu moins d'infections au fil du temps grâce à l'amélioration de l'hygiène, à l'eau propre, aux vaccinations et aux traitements médicaux”, indique Michael Gurven. 

Dans les mesures réalisées pour cette expérience chez les Tsimanes et dans d’autres populations, l’analyse reste toujours la même. “Même lorsque nous avons limité l'analyse aux 10% d'adultes qui ont été diagnostiqués par les médecins comme étant en parfaite santé, nous avons observé la même baisse de la température corporelle au fil du temps”, complète Thomas Kraft, chercheur postdoctoral au sein de l’unité des sciences anthropologiques intégratives de l’université de Santa Barbara. 

Pourtant, si l’amélioration des conditions sanitaires peut être vue comme une piste sérieuse, Michael Gurven émet quelques réserves. “Alors que la santé s'est généralement améliorée au cours des deux dernières décennies, les infections sont encore très répandues dans les zones rurales de Bolivie. Nos résultats suggèrent que la réduction des infections ne peut à elle seule expliquer la baisse de la température corporelle observée.”

Une adaptation au monde moderne

Toute la question est donc de savoir pourquoi cette baisse des températures s’observe partout. Si aucune “solution miracle” ne vient expliquer clairement le phénomène, plusieurs facteurs peuvent s’additionner. Parmi eux, la température dans laquelle nous évoluons est une bonne piste. “Une autre possibilité est que notre corps n'ait pas à travailler aussi dur pour réguler la température interne, en raison de la climatisation en été et du chauffage en hiver, explique Thomas Kraft. Bien que la température corporelle des Tsimanes change en fonction de la période de l'année et des conditions météorologiques, ils n'utilisent toujours pas de technologie avancée pour les aider à réguler leur température corporelle. Ils ont cependant davantage accès à des vêtements et des couvertures.

Malgré une norme qui fixe la température corporelle entre 37° et 37,5°C, la plupart des s’accordent pour dire que notre corps se régule tout au long de la journée, mais que des éléments multifactoriels, comme la prise de médicament tel que l’ibuprofène, l’âge, l’activité physique voire le cycle menstruel, peuvent faire varier la température du corps d’un degré. 

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