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Diabète : des pistes thérapeutiques pour éviter l'insuffisance rénale

Des chercheurs américains pensent pouvoir expliquer — en partie — l'apparition de l'insuffisance rénale notamment chez les diabétiques via un affaiblissement de l'activité de nettoyage du rein. Cette découverte met en lumière une chaîne d'acteurs dont leur modification pourraient aboutir à de nouveaux traitements préventifs.

Diabète : des pistes thérapeutiques pour éviter l'insuffisance rénale peterschreiber.media/istock




L'ESSENTIEL
  • Des chercheurs américains ont observé qu'une chute de l'autophagie dans le rein provoque une surchauffe du tubule fragilisant ainsi l'ensemble du rein.
  • Les scientifiques ont détecté une chaîne causale qui provoque ce dysfonctionnement de l'autophagie. Ils sont convaincus qu'éviter ce dysfonctionnement pourrait éviter ou ralentir l'apparition d'une insuffisance rénale.

Environ 30 à 40% des diabétiques développent une maladie leur détruisant les reins lentement. Si les dégâts sont connus, le processus demeurait obscur. Des chercheurs de l'université Augusta (États-Unis) ont publié le 17 août dernier dans The Journal of clinical investigation leur compréhension du phénomène. Ils ont remarqué que les maladies rénales diabétiques perturbaient le mécanisme de nettoyage des reins en augmentant l'activité d'autophagie (destruction par des enzymes de protéines ou cellules endommagées), ce qui finit en “laissant les reins plus vulnérables”, vulgarise Toni Baker, directrice de communication au Collège médical de l'université

C'est la première fois que nous comprenons qu'il existe un nouveau mécanisme qui conduit au dysfonctionnement de l'autophagie dans une maladie rénale chronique comme le diabète, assure Zheng Dong, auteur de l'étude et titulaire d'une chaire de biologie cellulaire et d'anatomie au Collège de médecine de Géorgie à l'université Augusta. Je pense que cela suggère également que nous avons une voie ciblée pour prévenir ou ralentir la progression de l'insuffisance rénale.” Un espoir immense pour l'ensemble des diabétiques.

Pistes de recherches thérapeutiques

Les chercheurs ont remarqué une diminution brutale de l'activité d'autophagie dans le rein. Cette chute d'activité provoque une prolifération de cellules malsaines dans le rein, des cicatrisations, des inflammations puis une infection des urines. Ils ont cherché sur des souris les causes de ce dysfonctionnement. De fil en aiguille, ils ont découvert que le ralentissement de l'autophagie est provoqué par une baisse des niveaux du gène d'activation de l'autophagie (ULK1) elle-même causée par le microARN miR-214 normalement non-impliqué dans ce processus et qui a pourtant augmenté dans l'organisme. Ce microARN est lui-même contrôlé par le suppresseur de tumeur (p53), connu pour réguler le cycle cellulaire. Les scientifiques le suspectent aussi d'être provoqué par le stress afin d'aider à éliminer les mauvaises cellules.

Selon le directeur de l'étude, agir sur miR-214 serait sûrement le plus judicieux car il semble clairement faire obstacle à l'autophagie lors du diabète et n'a pas de rôle évident dans la fonction rénale. Le p53, son régulateur, n'est probablement pas une bonne cible puisqu'il limite la prolifération des cellules, ou alors il offre la piste thérapeutique de mieux réguler l'autophagie en augmentant son action. “Nous pourrons peut-être ralentir l'insuffisance rénale de 20 ou 30 ans ou même l'empêcher de se produire”, se réjouit Zheng Dong.

Mécanisme de l'insuffisance rénale

Cette étude a également été l'occasion de mieux comprendre le mécanisme qui provoque l'insuffisance rénale. Les chercheurs ont remarqué que la prolifération de cellules malsaines dans le glomérule à cause du déficit d'autophagie provoque une hypertrophie dans le tubule, deuxième chambre de filtrage du rein. La raison ? Faute du premier écrémage, les cellules tubulaires font face à une surcharge de travail qui les oblige à multiplier leurs efforts, ainsi elles gonflent avant de s'épuiser. “[Ce processus] aide la cellule à combattre le stress pour lui permettre de survivre encore”, analyse Zheng Dong. Cette malléabilité explique aussi la résilience des reins notamment après un blocage de la circulation sanguine ou une grave brûlure.

Or, cette capacité de se rétablir est mise à mal chez les personnes atteintes de diabète, d'hypertension ou âgées. Les patients diabétiques qui développent une hypertrophie sont plus susceptibles de développer une maladie rénale en phase terminale, écrivent les scientifiques. Bien que l'autophagie diminuée ne soit peut-être pas la seule cause de cette hypertrophie ces scientifiques sont convaincus qu'elle contribue à l'apparition de l'insuffisance rénale d'autant plus que le stress cellulaire est un instigateur majeur du faible niveau d'autophagie.

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