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Covid-19 : la distanciation sociale génère une peur de l'autre

Une étude américaine s'est intéressée aux changements sociaux consécutifs aux maladies infectieuses. Humains et animaux réagissent de la même façon, même si l'homme a des compétences supplémentaires.

Covid-19 : la distanciation sociale génère une peur de l'autre taa22/istock




L'ESSENTIEL
  • L'homme, comme d'autres animaux sociaux, a tendance à se regrouper avec ses proches en temps de pandémie. Ainsi il évite les contacts avec les "étrangers" à son groupe d'appartenance.
  • Les réseaux sociaux ou la communication à distance peuvent atténuer les effets négatifs de ces relations sociales appauvries.

Une étude américaine publiée dans la revue The Royal society of London s'intéresse aux impacts à long terme de l'éloignement social. Pour Jessica Stephenson, co-auteure principale de l'étude et directrice du laboratoire Stephenson à l'Université de Pittsburgh, cet évitement collectif a des effets sur l'organisation de nos sociétés.

"Pendant les épidémies, les humains ont tendance à devenir trop sensibles, de sorte que toute sorte d'anomalie physique que quelqu'un a subit devient soudainement un indicateur potentiel d'infection, assure-t-elle. Nous devenons beaucoup plus fanatiques, nous accordons beaucoup plus d'attention aux choses qui différencient les gens de ce que nous percevons comme notre propre phénotype. Ce qui, bien sûr, conduit à beaucoup plus de xénophobie".

Comme les autres animaux

Des traits comportementaux partagés par d'autres espèces. Ainsi l'étude s'intéresse au comportement des fourmis noires face à un champignon. Cette menace les a poussées à se fractionner en groupes beaucoup plus petits que ce que les chercheurs avaient pu prédire. Or cette fragmentation limitait effectivement la propagation de la maladie. Ce genre de comportement a également été observé chez 19 espèces de primates non-humains, et ils résultaient aussi d'une nécessité de réduire la propagation directe de parasites.

"En général, ces maladies infectieuses émergentes sont plus susceptibles de survenir dans des populations qui subissent d'autres formes de stress et peuvent donc exacerber les défis auxquels sont confrontés ceux qui sont déjà en déclin ou en voie d'extinction" assure l'étude. Chez les humains, la surpopulation, la pauvreté, l'agriculture intensive et le commerce mondial semblent favoriser l'émergence de ce type de maladies infectieuses. Cependant, selon les chercheurs, "les liens potentiels entre la flexibilité sociale et le risque d'extinction dû à la maladie n'aient pas été pleinement évalués." Pourtant, Jessica Stephenson et ses collègues affirment que l'émergence d'une maladie infectieuse peut modifier en profondeur le comportement social. Elle peut, par exemple, favoriser la cohésion et l'altruisme au sein du groupe, tout en évitant davantage les interactions sociales et les entités qui présentent un risque d'infection potentiel.

Atout des technologies

Cependant, l'espèce humaine a développé une méthode pour maintenir le contact social sans la proximité : les sciences de communication. "La communication virtuelle qui implique des interactions pourrait protéger les humains, dans une certaine mesure, des effets négatifs sur la santé de l'isolement perçu, fournissant des interactions cruciales pour maintenir les relations sociales dans notre espèce hautement sociale" rassurent les auteurs.

Pourtant, cette méfiance des autres peut malheureusement déclencher une pulsion xénophobe, selon Jessica Stephenson. Des comportements contre-productifs selon elle : "nous ne devons pas discriminer les différents groupes dans notre éloignement social ou dans nos efforts pour travailler ensemble pour vaincre le virus. Mais je pense que nos tendances naturelles et évoluées seraient de s'associer uniquement au sein de nos endogroupes. Nous devons lutter contre cette antipathie naturelle envers les personnes qui diffèrent de nous et ne pas nous arrêter." Selon cette scientifique, cette restriction sociale pourrait être levée avec l'émergence d'un vaccin.

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