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QUESTION D'ACTU

Crise sanitaire

Les globe-trotteurs repensent leur été et oublient les destinations lointaines

Censés faire un road trip de trois semaines en Californie, Laura et son conjoint se rabattent sur une semaine partagée entre la Charente et la Haute-Savoie. D'un mois au Brésil, Maïlys passe à une semaine à Narbonne. Il aurait dû partir huit mois en Asie début avril, désormais Félix s'accroche à l'espoir d'un départ en septembre. Les amateurs de grands voyages racontent leurs déconvenues.

Les globe-trotteurs repensent leur été et oublient les destinations lointaines Fizkes/iStock




L'ESSENTIEL
  • De nombreux voyageurs ont été contraints d'abandonner leurs projets dans des pays lointains
  • Certains ont décidé de se rabattre sur des vacances "made in France"

Les vacances seront Françaises. C'est du moins ce qu'avait laissé entendre Édouard Philippe à la mi-mai lorsqu'il avait annoncé : "Les Français pourront partir en vacances en France en juillet et août". Si des pays européens annoncent peu à peu la réouverture de leurs frontières pour l'été, les autres continents semblent, pour l'heure, hors de portée.

Ainsi, certains n'ont d'autre choix que se rabattre sur l'Hexagone : c'est le cas de Laura et son conjoint. Le 24 mai, ils auraient dû être dans l'avion, direction les États-Unis, pour un road trip de trois semaines en Californie. "Cela fait presque un an que l'on avait tout calé. J'avais offert le billet d'avion à mon copain pour Noël", se remémore la journaliste de 28 ans. Le couple aurait dû faire Paris–Los Angeles puis San Francisco–Paris avec Air France. 

"On attendait le départ avec impatience, on avait préparé le trajet nous-mêmes"

"Mon compagnon avait réussi à poser trois semaines, ce qui est énorme : en sept ans, il n'avait jamais pu le faire. Étant à la pige, j'ai pris très peu de vacances cette année et l'année dernière, indique Laura. Pour nous, c'était assez incroyable, d'autant que l'on n'est jamais parti en Erasmus ou en gros voyage". Tout était réservé : hôtels, voiture. "On attendait le départ avec impatience. On avait préparé le trajet nous-mêmes, et dressé un tableau Excel très abouti pour tout répertorier", énumère la jeune femme

Lorsque la crise sanitaire a commencé à être médiatisée, le couple a d'abord pensé que leur voyage pourrait être maintenu. "Puis, en voyant le Jour J approcher, on s'est dit que ça allait être compliqué, raconte la journaliste. Là-dessus, on a reçu un mail à la fin du mois de mars, disant que 95% des vols avaient été supprimés en mai, dont le nôtre. On a su, clairement, que l'on ne partirait pas". Après de longues démarches, la voiture et tous les hôtels ont pu leur être remboursés. Pour l'avion, ils ont obtenu un avoir.

"On a de la famille en Charente, on va y faire un petit road trip"

"Avec la crise, le salaire de mon compagnon va beaucoup baisser l'année prochaine, déplore la journaliste. Comme c'est un voyage qui coûte très cher, on partira moins loin dans un premier temps". Cet été, le couple prévoit de prendre au moins une semaine de vacances dans l'ouest de la France. "On a de la famille en Charente ; on va y faire un petit road trip dans la voiture de ma mère ; waouh !, lance Laura dans un rire. On pense aussi aller dans le chalet des parents d'une amie en Haute-Savoie".

La journaliste relativise le plus possible. "On est un peu tristes ; le pire était le jour où on a annulé les hôtels un par un. Néanmoins, on ne le vit pas comme une tragédie : le plus important, c'est que l'on soit en bonne santé", assure-t-elle.

"Je gardais toujours espoir" 

Maïlys a également dû se faire une raison. En ce moment, elle devrait être en train de préparer ses 5 semaines au Brésil avec sa sœur. Elles auraient dû s'y rendre à la fin du mois de juin. "C'est un voyage que j'attendais avec beaucoup d'impatience depuis l'an dernier, souffle l'étudiante de 19 ans. Une cagnotte m'avait été offerte pour mes 18 ans, puis j'ai économisé toute l'année pour ça. J'ai travaillé l'été dernier, et j'avais prévu toutes mes vacances autour de ce voyage. Vu que j'ai entamé ma première année en école d'ingénieurs en septembre 2019, c'était ma motivation. Je suis très déçue".

Comme Laura, Maïlys croyait encore au maintien de son départ au début de la crise. Puis, les frontières ont fermé. "Je gardais toujours espoir. Je ne pensais pas que ça allait durer autant et tout impacter. En fait, j'ai compris que c'était fichu quand le Premier ministre a dit que les vacances seraient Françaises", se remémore l'étudiante. 

"Des amis de l'école partent à Narbonne en juin : j'ai décidé de venir avec eux" 

C'est en demandant le remboursement de sa réservation Air France que la jeune femme a vu que le vol aller était annulé. "Pour l'instant j'ai juste un avoir, ce qui est embêtant car je ne sais pas si je pourrai partir l'année prochaine, regrette Maïlys. Cela va dépendre de mes dates de cours, et, surtout, de la durée des stages que je devrai faire". Loin de se laisser abattre, elle a décidé de travailler tout l'été pour économiser davantage pour le voyage au Brésil, afin de pouvoir un jour y rester plus longtemps et en profiter le plus possible.

"Finalement, des amis de l'école partent à Narbonne en juin : j'ai décidé de venir avec eux une semaine pour avoir un petit moment de répit dans l'année, rapporte Maïlys. Je ne connais pas du tout l'Occitanie, donc c'est l'occasion de découvrir la région, et, surtout, d'avoir des vacances". Si elle a prévu de se baigner et de faire du jet ski, la jeune femme est tributaire des annonces du gouvernement concernant les autorisations liées aux plages.

"Si je pars en septembre, je ne prévois pas de vacances en France"

Félix, 24 ans, est également dans l'attente. "Si mon projet est annulé, j'irai avec des amis dans le Sud pendant une semaine. Mais, si je pars en septembre, je ne prévoirai pas de vacances en France. Je prendrai ma décision fin juin selon les nouvelles décisions gouvernementales", indique-t-il. À l'origine, cet étudiant en marketing aurait dû partir au début du mois d'avril pour un voyage de huit mois, entre la Turquie, Taïwan, la Chine, la Corée du Sud et le Japon. "Je l'avais prévu depuis une bonne année, même si j'y pensais depuis longtemps", explique Félix.

Après avoir fini ses études en septembre dernier, il a travaillé pendant six mois pour financer son voyage. Début mars, il a vu qu'il lui serait impossible de partir et a décalé son départ au mois de septembre. "Je me force à rester optimiste sur cette date, assure-t-il. Je me dis si je ne fais pas ce voyage maintenant, en fin d'études, je ne le ferai pas, ou beaucoup plus tard : je préfère continuer à le préparer". Heureusement, il avait prévu de prendre ses billets d'avion à la dernière minute.

"Je reste optimiste"

Comme il part seul, Félix est libre de repenser son itinéraire comme il le souhaite. "J'ai réduit le nombre de pays dans lesquels j'irai à quatre : j'ai enlevé la Chine", indique-t-il. L'objectif reste le même que pour son projet initial : retrouver des personnes qu'il avait rencontrées à Londres via son réseau universitaire. "Néanmoins, je pense partir plutôt sept mois maintenant : de septembre à mars, précise-t-il. Si je peux partir un peu avant ce serait top, mais je ne suis vraiment pas sûr que ce soit possible. Je reste optimiste".

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