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Le temps passé sur les écrans affecterait peu l'habilité sociale des jeunes

Malgré le temps passé sur les écrans, les jeunes d'aujourd'hui seraient tout aussi compétents socialement que ceux des générations précédentes, assure une nouvelle étude. 

Le temps passé sur les écrans affecterait peu l'habilité sociale des jeunes Erstudiostok/iStock




L'ESSENTIEL
  • Les écrans ont la réputation de perturber le sommeil et les capacités de concentration des enfants
  • Une étude américaine montre que le temps passé devant les écrans n'affecte pas la sociabilité des jeunes

Les écrans c’est le diable, entend-on souvent, surtout en ce qui concerne les enfants. De nombreuses études ont en effet montré que trop de temps passé sur les écrans modifiait la structure du cerveau des petits et les empêchait de dormir et de se concentrer tandis que plusieurs travaux se sont intéressés au lien entre dépression et troubles de l’image de soi à l’adolescence et réseaux sociaux. Cependant, si vous ne savez plus comment occuper votre enfant en cette période de confinement et que vous culpabilisez de le laisser des heures sur son smartphone, pas de panique, assurent des chercheurs américains. Malgré le temps passé sur les écrans et les réseaux sociaux, les jeunes d’aujourd’hui sont tout aussi compétents socialement que ceux de la génération précédente, montre une nouvelle étude parue dans l'American Journal of Sociology.

L’idée de cette étude a germé il y a quelques années quand le professeur Douglas Downey, auteur principal et professeur de sociologie à l'université d'État de l'Ohio (Etats-Unis) s’est disputé avec son fils dans un restaurant. “J'ai commencé à lui expliquer à quel point sa génération était terrible en matière de compétences sociales, probablement à cause du temps qu'ils passaient à regarder les écrans, explique le chercheur en préambule de l’article. Nick m'a demandé comment je savais cela. Quand j'ai vérifié, il n'y avait vraiment aucune preuve solide”, poursuit-il.

Downey et ses collègues ont donc décidé d’enquêter sur la question. Pour leurs travaux, ils ont utilisé des données de l’étude longitudinale sur la petite enfance, gérée par le Centre national américain des statistiques de l'éducation. Les chercheurs ont ainsi comparé les évaluations des enseignants et des parents de 19 150 petits ayant commencé la maternelle en 1998, soit six ans avant lancement de Facebook, avec celles de 13 400 enfants arrivés à l’école en 2010, l’année où a été lancé l’iPad. Dans le détail, les enfants ont été évalués par leurs enseignants six fois entre le début de la maternelle et la fin du CM2. Les parents les ont quant à eux évalués au début et à la fin de la maternelle ainsi qu’à la fin du CP.  

Une “panique morale” de la part des adultes

Résultats : les deux groupes d’enfants ont globalement reçu les mêmes évaluations, que cela concerne leur capacité à nouer et entretenir des amitiés et à s’entendre avec les autres ou encore leur habileté à réguler leur tempérament. "Dans pratiquement toutes les comparaisons que nous avons faites, soit les compétences sociales sont restées les mêmes, soit elles ont en fait augmenté modestement pour les enfants nés plus tard, commente donc Douglas Downey. Il y a très peu de preuves que l'exposition à l'écran ait été problématique pour le développement des compétences sociales”, assure-t-il.

L’équipe a toutefois constaté que les compétences sociales étaient légèrement inférieures chez les enfants qui accédaient aux jeux en ligne et se connectaient aux réseaux sociaux plusieurs fois par jour. “Mais même cela n'a eu qu'un effet assez faible, détaille Downey. Dans l'ensemble, nous avons trouvé très peu d'éléments prouvant que le temps passé sur les écrans nuisait aux compétences sociales de la plupart des enfants.”

Il y a une tendance pour chaque génération à mon âge à commencer à se préoccuper de la jeune génération. C'est une vieille histoire”, explique le chercheur. Selon lui, ces inquiétudes impliquent généralement une “panique morale” face aux nouvelles technologies : à chaque nouveau changement technologique, les parents s’inquiètent quand cela bouleverse la dynamique familiale.  

L'introduction du téléphone, de l'automobile, de la radio, tout cela a provoqué une panique morale chez les adultes de l'époque car la technologie permettait aux enfants de jouir d'une plus grande autonomie, développe-t-il. Les craintes concernant la technologie basée sur l'écran représentent probablement la panique la plus récente en réponse au changement technologique.”

Toutefois, les nouvelles générations apprennent qu’avoir de bonnes relations sociales signifie être capables de communiquer correctement en face à face et en ligne, explique Downey. “Il faut savoir communiquer par e-mail, sur Facebook et Twitter, ainsi qu'en face à face. Nous venons d'examiner les compétences sociales en face à face dans cette étude, mais les études futures devraient également porter sur les compétences sociales numériques”, conclut-il.

Stimuler l’enfant au maximum

Les écrans sont un sujet permanent de controverse entre scientifiques et experts de l’éducation. Concernant les jeunes enfants, l’OMS a plusieurs fois insisté sur l’importance de les garder éloignés de ces nouvelles technologies. “Pour assurer la santé pour tous, il faut faire ce qu’il y a de mieux pour la santé dès le plus jeune âge”, déclare le Directeur général de l’organisation, le docteur Tedros Adhanom Ghebreyesus. “Le développement est rapide pendant la petite enfance et il faut profiter de cette période pour adapter le mode de vie familial dans un sens favorable à la santé”, poursuit-il. Jusqu’à un an, l’OMS recommande donc de bannir les écrans de la vie des enfants. De deux à quatre ans, le temps passé devant la télévision, la tablette ou le smartphone ne doit pas dépasser une heure, mais “moins, c’est mieux”. Jusqu’à 5 ans, l’enfant ne doit pas rester attaché pendant plus d’une heure à la fois (dans un landau ou une poussette, sur une chaise haute ou encore sur le dos d’un aidant). Enfin, quand il est assis, le petit doit être stimulé via la lecture, le chant, les histoires racontées ou les jeux éducatifs par exemple, suggère l’autorité sanitaire.

Pour les plus grands, les experts insistent sur l’importance de privilégier les contenus de qualité : des émissions et des dessins animés favorisent l’apprentissage d’une nouvelle langue ou les jeux vidéo aident à développer la logique, par exemple. “Même s’il est pratique et amusant pour les enfants d'utiliser les écrans, il faut leur apprendre à bien s'en servir et imposer des limites. N'hésitez pas à rester au côté de votre enfant quand il joue avec la tablette ou quand il regarde la télévision. Vous pouvez aussi commenter ses efforts pour réussir un niveau ou discuter avec lui de ce qu'il se passe à l'écran pour enrichir son expérience. N'oubliez pas de toujours privilégier les apprentissages dans la vraie vie et les échanges avec l'entourage qui resteront toujours les plus importants dans le développement de l'enfant”, explique notamment la docteure Claire Lewandowski, psychiatre et addictologue, à Pourquoi docteur.

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