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QUESTION D'ACTU

Répercussions néfastes

Divorce: une mauvaise communication avec le père affecterait la santé des ados

Après un divorce, de nombreux enfants auraient du mal à communiquer avec leur père, ce qui aurait des conséquences néfastes sur leur santé et l'estime de soi plus tard pendant l'adolescence. 

Divorce: une mauvaise communication avec le père affecterait la santé des ados Nikodash/iStock




Depuis une cinquantaine d’années, le nombre de mariages en Europe a grandement diminué tandis que le taux de divorce augmentait. Dans le détail, depuis 1965, le taux brut de nuptialité dans l’UE a baissé de près de 50% tandis que celui de divorce passait de 0,8 divorces pour 1000 à 1,9 divorces pour 1000 en 2013. Or, chacun le sait, quand des adultes divorcent, ils ne sont pas les seuls à en subir les conséquences. Une séparation peut également entraîner de graves séquelles psychologiques pour les enfants. Dans le passé, des travaux ont même montré que les enfants dont les parents s’étaient séparés en très mauvais terme au cours de leur petite enfance avaient une plus grande propension à tomber malades. Aujourd’hui, une nouvelle étude vient mettre en lumière les aspects négatifs du divorce, mais chez les adolescents cette fois. Selon les résultats du papier paru dans la revue SAGE, de nombreux enfants du divorce auraient du mal à communiquer avec leur père après le divorce des parents, ce qui augmenterait leurs problèmes de santé et d’estime d’eux-mêmes.   

Pour en arriver à cette conclusion, des chercheurs de l'université de Bergen (Norvège) ont suivi 1 225 ados. Ils les ont interrogés en 2011 puis 2013, leur demandant si cela était facile ou difficile de parler avec leurs parents. Les chercheurs ont également interrogé les participants sur leurs problèmes de santé (maux de tête et d’estomac, étourdissements, dépression, troubles du sommeil, anxiété…) et d'estime d’eux-mêmes. En 2011, 213 de ces enfants avaient des parents divorcés. Deux ans plus tard, ils étaient 270.

“Nous voulions savoir ce qu'il advient de la communication entre les parents et les enfants après un divorce et quel en est l'impact sur la santé future des enfants”, commente le Professeur Eivind Meland, du département de santé publique et de soins globaux de l'université de Bergen. Résultat des observations : “Le divorce ne semble pas avoir affecté leur façon de communiquer avec leur mère, mais semble lié aux difficultés de conversation avec leur père”, explique-t-il. 

Trois fois plus d’enfants ont perdu contact avec leur père qu’avec leur mère   

Et pour cause : “Si le divorce est porté devant les tribunaux, c'est la mère qui se retrouve le plus souvent avec le statut de principal pourvoyeur de soins”. Ainsi, trois fois plus d’enfants ont déclaré avoir perdu contact avec leur père qu’avec leur mère. 

“Il semble que les difficultés de conversation entre les enfants et le père étaient présentes aussi avant le divorce, mais nous voyons aussi que le divorce affaiblit la relation entre les enfants et leur père”, poursuit Meland. Et filles auraient encore plus difficultés à parler avec leur père que les garçons. “Dans les données, nous pouvons voir la tendance selon laquelle les filles souffrent davantage d'avoir perdu le contact avec leur père, mais la différence n'est pas significative”, explique le chercheur. 

Eivind Meland développe : “Nous constatons également que la proximité avec le père et la mère a des répercussions sur la santé des enfants deux ans après le divorce.” Les chercheurs ont ainsi observé un lien significatif entre la façon dont les enfants arrivaient ou non à communiquer avec leur père après le divorce et les problèmes de santé rencontrés plus tard. “Les enfants qui ont déclaré avoir perdu le contact ou qui ont de la difficulté à parler avec leur père après le divorce avaient aussi la plupart des problèmes de santé”, explique Meland. Les filles de parents divorcés auraient donc tendance à être davantage malades.

En revanche, quand les enfants déclaraient avoir de bonnes relations avec leurs deux parents après le divorce, ce dernier ne semblait pas avoir d’effets négatifs sur leur santé ou leur estime d’eux-mêmes. En conclusion, “cette étude prouve un effet spécifique au sexe sur la perte de confiance entre les pères et les enfants après le divorce. La déficience de la confiance a des répercussions prédictives sur la santé et l'image de soi des adolescents au milieu de l'adolescence. Du point de vue de la santé publique, la préservation de la relation et de la confiance entre les enfants et leurs pères après le divorce semble être une tâche importante (…) nos recherches montrent clairement qu'une relation solide avec les deux parents est importante pour la santé des enfants. Cela devrait avoir une influence sur la politique familiale.”

En France, de plus en plus de mineurs partagent leur vie entre les deux domiciles  

En France, si le nombre de divorces varie bien sûr d’une année à l’autre, en moyenne à l’heure actuelle, près de 130 000 séparations sont prononcées chaque année. Il y aurait donc 1,8 mariages pour 1 divorce. Autrement dit, près de 45% des mariages français ne dureraient pas.  

Traditionnellement accordée à la mère, la garde de l’enfant fait de plus en plus la part belle au père. En effet, en 2002, la résidence alternée, qui consiste pour un enfant à résider pendant une durée à peu près égale chez son père ou sa mère quand ces derniers sont séparés, a légalement été reconnue. Cette loi stipule également qu’ “en cas de désaccord entre eux sur le mode de résidence de l’enfant, le juge peut ordonner à titre provisoire une résidence en alternance dont il détermine à la durée”. Si ce mode de fonctionnement ne fait pas l’unanimité chez tous les experts, de nombreux pédopsychiatres le jugeant trop perturbant chez les enfants, il est de plus en plus populaire chez les parents qui se séparent à l’amiable.  

Même au niveau des tribunaux puisqu’entre 2003 et 2012, les décisions de justice en faveur de la garde alternée auraient doublé pour atteindre 17% (pour 73 % des cas chez la mère, 7 % chez le père et 3 % chez un tiers). Désormais, en France, un enfant de couple divorcé sur cinq vivrait en résidence alternée.

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