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Stéatose hépatique : un foie d’alcoolique… sans boire une seule goutte

La bactérie intestinale Klebsiella pneumoniae est l'une des causes de la maladie du "foie gras non alcoolique", qui touche près d'un quart de la population mondiale. C'est ce que révèle une étude menée par des scientifiques en Chine.

Stéatose hépatique : un foie d’alcoolique… sans boire une seule goutte Fruttipix/iStock




Avoir un foie d'alcoolique sans toucher à un seul verre, c'est possible ! La maladie, dite celle du "foie gras non alcoolique" (également connue sous le nom de stéatose hépatique non alcoolique) touche près d'un quart de la population mondiale. Elle se caractérise par une accumulation de graisses dans le foie, qui n'est pas la conséquence d'une consommation élevée d'alcool. Cette dernière est estimée à deux verres standards (20 g) ou plus par jour pour les femmes et trois verres standards (30 g) ou plus par jour pour les hommes.

"Nous étions surpris de voir la quantité d'alcool que cette bactérie peut produire"

En cherchant les causes de la stéatose hépatique non alcoolique, une douzaine de scientifiques exerçant en Chine ont travaillé sur la bactérie intestinale Klebsiella pneumoniae. "Nous étions surpris de voir la quantité d'alcool que cette bactérie peut produire, a déclaré Jing Yuan, l'une des autrices de l'étude, publiée le 19 septembre dans la revue américaine Cell Metabolism. Lorsque le corps est saturé et ne peut évacuer l'alcool produit par cette bactérie, il est possible de développer le syndrome du foie gras, même si l'on ne boit pas". 

Les résultats des chercheurs proviennent de l'expérience menée sur un individu présentant une sévère stéatose hépatique non alcoolique ainsi qu'un syndrome d'auto-brasserie (du à une prolifération anormale de levures dans l'intestin, qui transforment les glucides absorbés en alcool dans le sang). Comme les traitements antifongiques se sont révélés inefficaces, les scientifiques se sont intéressés à d'autres causes. 

Des souches capables de générer quatre à six fois plus d'alcool

Ainsi, en examinant les selles du patient, l'équipe a trouvé la présence de plusieurs souches de Klebsiella pneumoniae. Une bactérie pourtant commune, mais dont les souches trouvées dans l'intestin du patient sont capables de générer près de quatre à six fois plus d'alcool que celles trouvées sur des personnes saines. Les chercheurs ont répété l'expérience sur 43 patients atteints de stéatose hépatique non alcoolique et 48 personnes en bonne santé. Ils ont trouvé des souches de la bactérie avec des capacités de production moyenne et élevée d'alcool chez environ 60% des patients, contre 6% des personnes saines. 

À partir de là, les scientifiques ont poursuivi leurs travaux sur des souris. Pendant trois mois, ils leur ont injecté de la Klebsiella pneumoniae provenant d'un patient atteint d'un syndrome d'auto-brasserie. Résultat : au bout d'un mois, les souris ont commencé à développer la stéatose hépatique non alcoolique. En parallèle, le foie d'autres souris, mises sous alcool, a montré le même état de détérioration.

"Un environnement intestinal plus adapté à la croissance et à la colonisation de la Klebsiella pneumoniae" ?

Si les chercheurs rappellent que la stéatose hépatique non alcoolique peut avoir plusieurs causes, ils assurent qu'il est "très probable" que la bactérie Klebsiella pneumoniae soit l'une d'entre elles. Une question perdure : pourquoi la bactérie produit-elle une quantité importante d'alcool seulement chez certaines personnes ?

"Il est probable que ces bactéries en particulier entrent dans le corps humain via des porteurs environnementaux, comme la nourriture, explique Di Liu, membre de l'équipe de chercheurs. Mais je ne pense pas que les porteurs soient répandus – autrement, nous pourrions nous attendre à un taux bien supérieur de stéatoses hépatiques non alcooliques. Aussi, certaines personnes pourraient avoir un environnement intestinal plus adapté à la croissance et à la colonisation de la Klebsiella pneumoniae que d'autres, en raison de leur matériel génétique". Prochain objectif : identifier avec certitude les facteurs qui font que certains sont plus susceptibles de développer une bactérie capable de produire une quantité élevée d'alcool.

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