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Tuberculose : le plan de l'ONU pour éradiquer la maladie infectieuse la plus mortelle au monde

A New York, les Nations Unies ont présenté un plan pour éradiquer la tuberculose, maladie infectieuse la plus mortelle au monde, d'ici 2030 et faciliter l'obtention de médicaments à bas coûts.

Tuberculose : le plan de l'ONU pour éradiquer la maladie infectieuse la plus mortelle au monde Dr_Microbe /iStock




Mobilisation mondiale contre la tuberculose. Suite à "l’appel d’urgence" de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) contre cette maladie infectieuse, aujourd’hui la plus mortelle au monde (1,6 millions de décès en 2017), les Nations Unies se sont réunies le 26 septembre lors d’une réunion exceptionnelle à New York. Ce sommet visait à lever 1,3 milliards de dollars par an afin d’éradiquer la tuberculose d’ici 2030 et à faciliter l’obtention de médicaments à moindre coûts. Car si l’infection se soigne de mieux en mieux, les traitements sont encore trop longs à mettre en place.

Qu'est-ce que la tuberculose ?

La tuberculose est une maladie contagieuse, secondaire à une infection au "bacille de Koch" (Mycobacterium tuberculosis). Cet agent bactérien est transmis par voie aérienne, via les gouttelettes contaminées par la bactérie, qui sont en suspension dans l’air expiré par les malades, en particulier lors d'une toux. Toutefois, alors qu’un quart de la population mondiale est porteuse de la maladie, seule 10% des personnes infectées vont la développer, souffrant alors de fièvre, de sueurs nocturnes, de toux avec crachats et parfois de filets de sang, de fatigue, de douleurs dans la poitrine, de maux de tête ou encore d’une perte d’appétit. Les personnes qui développent la tuberculose sont le plus souvent âgées ou victimes de malnutrition.

C’est pourquoi les pays les plus touchés sont aussi les plus pauvres. En tête de liste se trouve l’Inde, puis l’Indonésie, la Chine, les Philippines, le Nigéria, le Pakistan et l’Afrique du Sud. Ces nations totalisent à elles-seules 64% des cas de tuberculose, selon les chiffres de l’OMS. "La tuberculose touche les zones concernées par le VIH et/ou la pauvreté. C'est la maladie de la pauvreté. Ce lien est historique. On a longtemps considéré dans les pays développés que le problème de la tuberculose était réglé. Mais la maladie a toujours été bien présente (rien qu’en France, le dernier cas de tuberculose a été diagnostiqué en avril dans le Val-de-Marne, NDLR), elle a perduré et a baissé très faiblement dans les pays les plus pauvres", détaille Pierre-Yves Norval, médecin, ancien expert de l’OMS sur la tuberculose et directeur du cabinet Team, soutien technique des pays exposés à la maladie, interrogé par France Culture.

Six mois rien que pour le traitement préventif  

En effet, si l’OMS se félicite de "l’établissement du diagnostic et de la distribution de traitement" qui ont permis "de sauver 53 millions de vies entre 2000 et 2016", "la baisse est moins importante que d’autres maladies, en particulier le sida, en terme de mortalité, et de nombre de cas par habitant. La baisse est de 2% par an du nombre de cas pour 100 000 habitants. En Afrique, dans les pays plus pauvres, il y a une stagnation", explique Pierre-Yves Norval. Aussi, "il faudrait une baisse de 5 à 10% par an pour atteindre l’objectif de 2030 de l’OMS", poursuit-il, incriminant le manque de moyens, que ce soit en termes de recherche ou d’approvisionnement des médicaments.

Par ailleurs, soigner l’infection est extrêmement compliqué. En effet, rien que le traitement de la prévention, avant que la tuberculose ne se transforme en maladie, dure six mois. "Or, il est impossible de mettre en place un traitement de six mois pour les personnes qui sont infectées par la tuberculose sans être malades", explique Pierre-Yves Norval. Et de développer : "il est impossible de traiter un quart de la population mondiale avec un traitement préventif, en l’absence de symptômes pendant six mois". Quant au traitement de la maladie dit résistante, il dure neuf mois, ce qui est également beaucoup trop long. 

Des outils de diagnostic encore beaucoup trop faibles 

Enfin, les outils de diagnostic sont encore trop faibles, surtout chez les enfants. "Concernant les tuberculoses dites multirésistantes, il existe 600 000 nouveaux cas par an résistants aux antibiotiques, et seulement 30% sont dépistés, mis sous traitement et notifiés", explique Pierre-Yves Norval. "De manière générale, le dépistage de toutes les formes de tuberculose est insuffisant et nécessite un effort (…) Les besoins les plus importants sont dans le dépistage. Il y a un manque de moyens financiers, humains et d’attention", s’inquiète-t-il.

"De nouveaux traitements plus simples et plus courts, incluant la bédaquiline, doivent voir le jour. Et si on veut espérer lutter efficacement contre la maladie, il est urgent de développer des tests de dépistage simples et rapides, et des vaccins efficaces pour les adultes et les enfants", alertait également Médecins Sans Frontière sur son site mardi 25 septembre. 

Toutefois, avec le sommet de New York, "c’est la première fois que nous sommes témoins d’un intérêt politique à un si haut niveau et d’une prise de conscience de ce qu’il faut faire à l’échelle mondiale pour mettre fin à la tuberculose et à la tuberculose pharmacorésistante", se félicite le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, dans un communiqué paru sur le site officiel de l’Organisation. Et de conclure : "nous devons tirer parti de ce nouvel élan et collaborer pour mettre fin à cette terrible maladie". 

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