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QUESTION D'ACTU

"Man flu"

Grippe, rhume : oui, les hommes prennent plus cher

Pour son édition de Noël, le BMJ revient sur cet enjeu de santé publique majeur qu’est la « grippe d’homme ».

Grippe, rhume : oui, les hommes prennent plus cher L'Agonie dans le jardin de Gethsemane, de Francesco Trevisani (1740)




« Je vais crever. » Qui n’a pas entendu ces mots, grommelés d’une voix d’outre-tombe de sous la couette ? Face au moindre rhume, les hommes ont la réputation d’en faire des tonnes. Le concept, très vivace dans la culture anglo-saxonne, porte même un nom dans la langue de Shakespeare : man flu, ou « grippe d’homme ». Un peu mauviettes, un rien opportunistes, les hommes surjoueraient tel un footballeur italien frôlé dans la surface.

Peut-être faudrait-il faire un sort à ce concept infamant. Sans doute piqué par les taquineries de sa femme, le Dr Kyle Sue, professeur assistant de médecine à la Memorial University de Terre-Neuve (Canada), s’est emparé du sujet dans l’édition de Noël du British Medical Journal (en anglais). À l’approche des fêtes, la prestigieuse revue britannique a l’habitude d’évoquer des sujets fantaisistes en mêlant ironie et rigueur médicale.

 « Le concept de "grippe d’homme", tel que défini communément, est potentiellement injuste », conclut le médecin, un rien sardonique. « Il se peut que les hommes n’exagèrent pas leurs symptômes mais qu’ils aient une réponse immunitaire plus faible aux virus respiratoires, ce qui conduit à une morbidité et une mortalité supérieure à celle des femmes. »

Sale coup immunitaire

En effet, les hommes semblent beaucoup plus sensibles aux infections, qu’elles soient bactériennes, virales ou parasitaires, tant du point de vue de la prévalence que de la gravité des symptômes. Les études épidémiologiques montrent que les hommes sont plus susceptibles de mourir de la grippe que les femmes – avec un taux de mortalité supérieur de 50 % entre 50 et 64 ans, selon des données américaines (en anglais).

On sait aussi que les hommes répondent en général moins bien aux vaccins, comme ceux contre la grippe et la fièvre jaune. À l’inverse, les femmes sont bien plus concernées par les maladies auto-immunes, liées à une réaction immunitaire excessive et chronique, telles que l’asthme allergique ou la thyroïdite de Hashimoto. Les systèmes immunitaires des hommes et des femmes ont ainsi des seuils de réactivité différents.

C’est hormonal, chérie

Comme souvent, les hormones sexuelles figurent au banc des accusés. Les études sur la souris montrent que les hormones féminines (œstrogènes et progestérone) ont un effet immunostimulant tandis que la testostérone tend au contraire à abaisser le seuil de réactivité immunitaire. C’est vrai aussi bien pour la réponse innée – première ligne de défense contre la grippe saisonnière – que pour la réponse adaptative, en jeu après une vaccination, lorsque le pathogène est déjà connu.

Bref, tout porte à croire que les hommes sont simplement plus susceptibles d’en baver lorsqu’ils ont un rhume ou une grippe, que de jouer aux divas à l’article de la mort. Et le bon Dr Sue de conclure en ces termes. « Il serait peut-être temps de mettre en place des espaces "man-friendly", équipés d’énormes postes de télévision et de fauteuils à bascule, afin que les hommes puissent se remettre des effets dévastateurs de la grippe d’homme en tout sécurité et confort. » Un axe de santé publique à développer d’urgence.

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