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Journée mondiale de la statistique

Statistiques : les chiffres ne mentent pas, les Hommes si !

« Si les chiffres ne mentent pas, il arrive que les menteurs chiffrent », disait Jacques Duhamel. Le mensonge est souvent au centre des débats dans l’actualité. Pathologie ou normalité de l’intelligence, le médecin a-t-il un rôle à jouer pour soulager le menteur ? y aurait-il mensonge et mensonge ?

Statistiques : les chiffres ne mentent pas, les Hommes si ! epictura/BrianAJackson




Michel Lejoyeux est professeur de psychiatrie à Paris. Ce spécialiste de l’addictologie, c’est-à-dire surtout des drogués et des alcooliques, a entendu bien des mensonges dans son cabinet. Ce qui lui permet d’identifier quatre grandes familles de menteurs.

Menteurs et mythomanes

La première, celle qui indiscutablement concerne la médecine, est celle de la mythomanie. Comme toujours en psychiatrie, l’utilisation dans le langage populaire de termes médicaux a un peu dévoyé la réalité du « mytho », pour en faire un « baratineur », un « rêveur ».  Loin de la réalité d’une vraie maladie et surtout souffrance, pour celui qui ressent un besoin impérieux de mentir. Pour répondre au mépris qu’il éprouve de lui-même ; une « abjection de conscience », comme le dit si joliment Boris Cyrulnik.

Ce neurologue de renom, qui est aussi spécialiste du comportement animal, hésite à traiter le mythomane de menteur, à la différence de celui pour qui le mensonge est cynique et utilitaire. Point de pathologie identifiée pour ce menteur, qui abuse et manipule, alors que le mythomane ment pour le plaisir d’attirer l’attention. Malade ne veut d’ailleurs pas dire candidat à un traitement, puisqu’il ne consulte jamais spontanément. Il n’est d’ailleurs examiné, dans la grande majorité des cas, que dans le cadre d’une expertise judiciaire… On ne peut pas parler non plus de traitement chez le menteur cynique, puisque son acte disparaît dès que le danger disparaît.

Toutefois, dire devant un menteur que l’on est en face d’un mythomane ou pas, ce qui juridiquement pourrait changer la responsabilité, est extrêmement complexe, nécessite un examen psychiatrique long et soigneux. Ce qui signifie que les exemples dont s’abreuve actuellement l’actualité ne permettent pas de trancher.

Les deux catégories de mensonge, mythomanie et mensonge utilitaire, ne résument pas le problème

Il existe une troisième catégorie, très particulière, le « déni », que l’on pourrait définir comme le refus de prendre en charge certaines réalités. C’est le domaine de prédilection des toxicomanes ou de certaines maladies psychiatriques.

Enfin, la médecine ne peut pas aborder le chapitre du mensonge sans évoquer une quatrième et dernière catégorie, que les médecins appellent pudiquement « la fausse vérité acceptable ». Une façon bien particulière pour expliquer que certains mentent à leurs malades pour ne pas leur faire de la peine. Un débat qui, contrairement à ce qu’affirment de nombreux médecins, est loin d’être tranché.  

Quelle attitude avoir face au mensonge ?

Pour Boris Cyrulnik, il faut apporter des nuances, même si le mensonge cynique et manipulateur reste méprisable. Dès que l’on enlève la passion qui entoure ce sujet, on peut aussi penser que le mensonge est une preuve de virtuosité intellectuelle et que nous sommes tous contraints à mentir ; l’animal est d’ailleurs, lui aussi, menteur dès qu’il est capable d’agir sur le mental des autres.

Autre exemple particulier, l’enfant, grand menteur sans que personne ne lui ait appris ; il s’agit, chez lui, d’un mécanisme de défense, de négation d’une réalité qui le gêne… Pourtant, pour Michel Lejoyeux, le débat qui agite notre société aujourd’hui présente un danger : la base de la vie en communauté présuppose que l’autre dit la vérité. Il faut se méfier des généralisations lapidaires, car la réalité n’est pas si simple et le mensonge est un comportement difficile à classer. Le généraliser en fait une banalisation bien pratique…

« Tous les acteurs sont des menteurs et les plus mauvais font de la politique »

Smaïn

 

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