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Deuil périnatal : «Il est important d’accepter de ressentir une série d’émotions intenses»

Comment se reconstruire après la perte d’un bébé mort in utero ou juste après sa naissance ? Comment en parler à ses proches ou à ses enfants déjà présents ? Zoom sur le deuil périnatal, un sujet encore tabou dans notre société.

Deuil périnatal : \ kieferpix/Istock




À l’occasion de la journée mondiale de sensibilisation au deuil périnatal, la société Dans nos cœurs a rédigé, en collaboration avec un médecin et une sage-femme, un livret d’accompagnement et de soutien pour les parents endeuillés. On en parle avec Émilie Thiébaud, responsable communication du projet.

Deuil périnatal : il correspond au décès de 20 bébés par jour

Quand peut-on parler de deuil périnatal ?

Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé, le deuil périnatal désigne la perte d’un bébé survenue entre la 22ème semaine d’aménorrhée (les semaines d’aménorrhée sont comptées à partir du premier jour des dernières règles) et les 7 jours suivant la naissance. Plus largement, le deuil périnatal englobe les interruptions naturelles de grossesse, plus souvent appelées “fausses couches”, les interruptions médicales de grossesse, les interruptions volontaires de grossesse, la mort subite du nourrisson, etc.

Comment se reconstruire après un deuil périnatal ? Pour la maman qui portait le bébé ? Et le co-parent ?

Il est déjà important d’accepter de ressentir une série d’émotions particulièrement intenses. Lors de la perte d’un enfant, les parents peuvent ressentir de la tristesse, un sentiment de culpabilité, un sentiment de manque et de détresse, parfois même un sentiment de vide. Il est également tout à fait normal de ressentir de la douleur, que celle-ci soit physique ou émotionnelle. Le deuil est interprété et vécu de façons différentes en fonction des personnes. Il en est de même au sein d’un couple. C’est pourquoi, il est nécessaire de prendre en compte le fait que le co-parent ne vit pas toujours les choses comme la maman. Pour se reconstruire et continuer à avancer, le couple doit pouvoir échanger sur ce sujet si sensible. Quand cela est trop compliqué, il est possible de se faire aider par un professionnel.
La reconnaissance de cet enfant décédé est une étape importante dans le processus de reconstruction. A ce sujet, la loi a évolué : depuis 2009, il est possible de donner un prénom à l’enfant même sans acte de naissance. La délivrance d’un livret de famille est également possible, ainsi que l’établissement d’un acte de décès pour un enfant né sans vie ou né vivant non viable. Et depuis décembre 2021, les parents peuvent désormais inscrire un nom de famille dans l’acte de l’enfant décédé.
Le processus de reconstruction passe également par les explications médicales de ce qu’il s’est passé, pour tenter de comprendre l’impensable. Puis par des rituels d’hommage : se recueillir devant des objets souvenirs de son enfant que les parents peuvent garder dans une petite boîte souvenir (une photo, une mèche de cheveux, un petit body…), parler de son enfant, tenir un carnet de deuil, méditer et surtout trouver une écoute auprès d’associations ou de professionnels.

Perte d'un bébé : "Dans beaucoup de cas, l’entourage ne sait pas comment réagir"

Comment faire face à l’entourage ?

Dans beaucoup de cas, l’entourage ne sait pas comment réagir. Il arrive parfois qu’il paraisse insensible à cette situation, généralement, les proches des par’anges ne savent pas comment communiquer avec eux. Effectivement, il est difficile de savoir si les parents qui ont perdu un bébé souhaitent en parler, nommer le bébé par son prénom, parler de ce qu’il s’est passé… Lors de la perte d’un bébé, il ne faut pas que les parents hésitent à expliquer à leurs proches qu’ils souhaitent évoquer ce petit ange disparu ou au contraire, qu’ils ont besoin de temps pour pouvoir en parler plus sereinement dans quelques semaines, mois, voire années.
Encore une fois, chaque couple et chaque famille peut ressentir des émotions complètement différentes. Le tout est d’en parler, de communiquer à propos de ces émotions, pour que ce deuil ne soit pas invisibilisé au sein de la famille et que les par’anges ne se sentent pas abandonnés, mais au contraire, écoutés, respectés et soutenus.

Lorsqu’un enfant est déjà présent dans la famille, comment lui en parler ?

Le deuil périnatal concerne plus de 7 000 familles par an. Dans ces 7 000 familles, il y a bien sûr la maman, le co-parent, mais également les autres enfants du couple. Parler de la mort aux enfants est toujours un sujet sensible au sein des familles. Tout dépend de l’âge de l’enfant, car il ne comprendra l’irréversibilité de la mort que vers 8-10 ans, mais dans tous les cas, il ne faut pas cacher ses émotions, mais lui expliquer. En effet, les enfants sont très sensibles aux émois de leurs parents et tenter de leur cacher ne fera qu’augmenter l’incompréhension qu’ils éprouvent. Il ne faut pas créer un tabou où l’enfant risquerait de se sentir coupable de la tristesse des parents.
Il est également important d’expliquer que ce qu’il s’est passé n’est pas normal, pas dans l’ordre des choses. Prendre le temps de mettre des mots simples et authentiques sur ce que traverse la famille est important. Il existe également des ressources sur lesquelles s’appuyer, notamment des livres pour enfants. Nous pouvons citer le livre de Bertrand Gimonet “Léa, mon étoile filante”. C’est l’histoire des parents et de ce grand frère affrontés à la plus dure épreuve pour une famille, la perte d’un enfant, d’une sœur, Léa.
Sans les imposer pour qu’ils ne soient pas mal vécus, il est possible de mettre en place des “rituels” avec l’aîné pour qu’il ait un souvenir positif de ce bébé parti trop tôt. Il peut allumer une bougie pour faire perdurer “sa lumière”, faire un bisou à sa photo en allant dormir… Certaines familles vont chaque semaine sur la sépulture de leur enfant pour lui apporter des fleurs, des statuettes, son grand frère - ou sa grande sœur, peut également participer à cet hommage en lui apportant un doudou, en lui faisant des dessins…

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