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QUESTION D'ACTU

Horloge biologique

Notre sensibilité à la douleur dépendrait de l’heure de la journée

D’après des chercheurs français, le rythme circadien, cette horloge biologique interne réglée sur une journée de 24 heures, aurait un rôle majeur dans notre perception de la douleur.

Notre sensibilité à la douleur dépendrait de l’heure de la journée Tero Vesalainen /istock




L'ESSENTIEL
  • Presque toutes les fonctions de l’organisme sont soumises au rythme circadien de 24 heures, et la synchronisation de cette horloge se fait essentiellement grâce à la lumière naturelle. Les troubles de ce rythme peuvent avoir des conséquences aussi bien sur le sommeil que sur le métabolisme, le fonctionnement du système cardiovasculaire, du système immunitaire…
  • L’étude en question révèle que nous serions le plus sensibles à la douleur en pleine nuit, entre 3 et 4 heures du matin, et le moins sensibles en plein après-midi, entre 15 et 16h.

Nous savons depuis longtemps que les personnes souffrantes ressentent plus fortement les douleurs la nuit qu’en journée, mais pourquoi ? C’est la question que s’est posée une équipe de neuroscientifiques de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) à l’université de Lyon, et ils disent avoir mis le doigt sur un semblant de réponse : l’intensité de la douleur serait régulée par l’horloge circadienne interne.

Pour rappel, le rythme circadien est défini par l’alternance entre la veille et le sommeil sur un cycle d’environ 24 heures. C’est une sorte d’horloge interne qui permet de réguler nos rythmes biologiques, et dont dépendent presque toutes les fonctions de l’organisme : le système veille/sommeil, le système cardiovasculaire, le système immunitaire, la production d’hormones, l’humeur, la mémoire... Mais également, donc, la douleur.

Des volontaires tenus éveillés et testés à la douleur

Pour parvenir à leurs résultats, parus le 9 septembre dernier dans la revue Brain, les chercheurs ont sollicité douze jeunes volontaires, hommes uniquement (pour éviter les perturbations liées au cycle menstruel), en bonne santé et sans antécédents de troubles du sommeil. Ils les ont suivis au cours d’un "protocole de routine constant", une méthode régulièrement utilisée par la recherche pour étudier les cycles circadiens.

Au programme : isolés dans un laboratoire, les participants ont dû rester éveillés durant 34 heures, toujours dans une position semi-allongée, avec interdiction même de se lever pour aller aux toilettes. Ils n’avaient aucune notion du temps, ni smartphone ni lumière naturelle, ni repas à heure fixe - une collation leur était donnée toutes les heures.

En parallèle, les volontaires ont été testés sur leur tolérance à la douleur en exposant leur bras à une source de chaleur toutes les deux heures (de 42 à 46 °C). Ils devaient indiquer à quel moment cela devenait insupportable, et évaluer l’intensité de douleur sur une échelle de 1 à 10. L’objectif, vérifier l’hypothèse que la sensation de douleur est rythmée sur un cycle de 24 heures.

Plus sensibles à la douleur au milieu de la nuit

Les résultats n’ont pas déçu : l’horloge circadienne a bel et bien un impact sur la tolérance à la douleur, qui oscille tout au long de la journée et de la nuit. L’étude révèle, par exemple, que nous serions le plus sensibles à la douleur en pleine nuit, entre 3 et 4 heures du matin, et le moins sensibles en plein après-midi, entre 15 et 16h, soit une demi-journée plus tard. "On ne sait pas pourquoi la sensibilité est maximale au milieu de la nuit, explique l’auteur principal de l’étude, Claude Gronfier dans un communiqué. On peut penser que l’évolution a mis cela en place afin d’être réveillé rapidement en cas de contact douloureux et d’éviter une menace vitale. Pendant la journée, l’individu est conscient de l’environnement et plus facilement sujet aux blessures ; ce signal d’alerte pourrait donc être moins nécessaire."

Les chercheurs ont également fait une autre découverte : plus la dette de sommeil est importante, plus la douleur ressentie est intense. "Il est souvent dit que le sommeil a une action antalgique, mais en modélisant mathématiquement nos résultats, nous montrons que l’horloge interne est responsable de 80 % de la variation de la sensation douloureuse au cours de 24 heures, contre seulement 20 % pour le sommeil." Autrement dit, votre manque de sommeil n’arrange pas notre tolérance à la douleur, certes, mais c’est d’abord et surtout le moment de la journée qui joue sur notre capacité à la supporter.

"Il est légitime de penser qu’améliorer la synchronisation des rythmes biologiques et/ou la qualité du sommeil chez des individus souffrant de douleurs chroniques pourrait participer à une meilleure prise en charge thérapeutique", conclut le chercheur de l’Inserm. "Comment et quand dormez-vous ?", telle peut être la question à poser si vous avez mal quelque part...

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