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Perte de chance

Cancer : il suffit d'un mois de retard de traitement pour que les risques de décès augmentent

Les retards de traitement des cancers conduisent à une augmentation du risque de décès de 6 à 13%, qui s'accroit à mesure que le retard grandit. Des chiffres dont la résonance est particulièrement forte en pleine crise sanitaire où certaines prises en charge sont différées.

Cancer : il suffit d'un mois de retard de traitement pour que les risques de décès augmentent Ridofranz/iStock




L'ESSENTIEL
  • Faire passer le délai d’attente pour ce type d’opération à 12 semaines au lieu de 6 augmentait le risque de mortalité de 9%.
  • Un retard de quatre semaines pour une chirurgie augmente la mortalité de 6% à 8%.
  • Pour le cancer du sein, un retard compris entre huit et douze semaines fait passer les risques de mortalité entre 17 et 26%.
  • La baisse des dépistages, estimée à 30% pendant le premier confinement, pourrait se traduire par une augmentation de la mortalité par cancer entre 2 et 5% d’ici à 5 ans.

À côté des victimes directes de la Covid-19, il y a les victimes collatérales. Parmi elles se trouvent tous les patients qui ont vu leurs opérations reprogrammées, ceux qui ont pris du retard dans leur traitement ou dans leur diagnostic. Des chercheurs britanniques se sont penchés sur les conséquences des retards de traitements pour sept types de cancer et ont révélé qu’un mois de retard entraîne une augmentation des risques de décès. Plus le retard est long, plus le risque s’accroit, ajoutent-ils dans l’étude parue le 4 novembre dans la revue BMJ.

Un risque qui grandit à mesure que le retard augmente

Selon les chercheurs, un mois de retard conduit à une augmentation des risques de décès de 6 à 13%, un chiffre qui s’accroit à mesure que le retard grandit. Pendant la période de confinement au printemps dernier, les retards de 12 semaines pour les opérations des femmes atteintes d’un cancer du sein vont conduire à 6 100 décès supplémentaires aux États-Unis et 1 400 au Royaume-Uni en un an seulement, avancent les chercheurs. Pour cela, ils ont étudié 34 études publié ces vingt dernières années pour analyser les conséquences d’un retard de traitement de sept types de cancers. “Les retards de traitement sont l’exception mais peuvent malgré tout toucher 10% à 15% des patients” hors période de pandémie comme actuellement, a décrit l’oncologue Ajay Aggarwal, l’un des auteurs de l’étude, à l’AFP.

Ces résultats sont contradictoires avec les stratégies sanitaires de certains pays, posent les chercheurs. “Certains pays ont publié des recommandations sur la priorisation des chirurgies des cancers, que les résultats de cette étude ne semblent pas valider”, poursuivent-ils. Les auteurs prennent l’exemple du Royaume-Uni où des retards de 10 à 12 semaines ont été pris pour le traitement de certaines pathologies telles que les chirurgies colorectales sans que des effets négatifs pour les patients aient été estimés. “Nous avons trouvé que faire passer le délai d’attente pour ce type d’opération à 12 semaines au lieu de 6 augmentait le risque de mortalité de 9%”, ont noté les chercheurs. 

Un risque qui doit inviter à la réflexion

De manière plus globale, un retard de quatre semaines pour une chirurgie augmente la mortalité de 6% à 8%, de 9% pour une radiothérapie d’un cancer de la tête et du cou et grimpe à 13% pour le traitement adjuvant des cancers colorectaux. Pour le cancer du sein, un retard compris entre huit et douze semaines fait passer les risques de mortalité entre 17 et 26%, ont calculé les chercheurs. Ces résultats “invitent à la réflexion”, estiment-ils alors que le nombre de déprogrammation d’opérations jugées non urgentes ne cesse d’augmenter afin de libérer des lits pour accueillir les malades de la Covid-19.

En France, la sonnette d’alarme sur les pertes de chance qui pourraient être liées à la crise sanitaire a été tirée par la Ligue contre le cancer. Elle a notamment pointé la baisse des dépistages, estimée à 30% pendant le premier confinement, qui pourrait se traduire par une augmentation de la mortalité par cancer entre 2 et 5% d’ici à 5 ans. “Il ne faut pas que l'effet collatéral soit pire que le mal”, a plaidé Julien Taieb, chef du service d'oncologie digestive de l'hôpital européen Georges-Pompidou, à Paris, pour inciter les patients à continuer à venir se faire dépister à l’hôpital.

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