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Démographie

Pourquoi la Terre n'aura pas 10 milliards d'habitants en 2100

La population mondiale devrait atteindre son pic en 2064 avec 9,7 milliards de personnes, pour ensuite diminuer et tomber à 8,8 milliards en 2100. Ces prédictions se fondent sur l’amélioration de l'accès à la contraception et de l'éducation des femmes qui vont entraîner des baisses généralisées et durables de la fécondité.

Pourquoi la Terre n'aura pas 10 milliards d'habitants en 2100 Abrill_/iStock




L'ESSENTIEL
  • Le nombre de personnes de plus de 65 ans devrait être de 2,37 milliards en 2100 contre 1,7 milliard actuellement.
  • La baisse de la fécondité devrait s'accélérer et la moyenne mondiale tourner autour de 2,1 enfants par femme.
  • Les populations qui diminuent le plus rapidement se trouveront en Asie et en Europe.

La population mondiale ne devrait pas atteindre 10 milliards ce siècle. L’année 2064 devrait marquer le point culminant du nombre de personnes sur Terre, à environ 9,7 milliards d'habitants, avant de doucement diminuer pour retomber en dessous des 9 milliards au début du siècle prochain. Ces estimations sont le fruit d’une modélisation réalisée par des chercheurs américains de l'Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) de l’école de médecine de l'université de Washington (Etats-Unis). Ils se sont basés sur les données de la Global Burden of Disease Study menée en 2017 pour projeter la future population mondiale et ont utilisé de nouvelles méthodes de prévision de la mortalité, de la fécondité et de la migration. Les résultats ont été publiés le 14 juillet dernier dans la revue The Lancet.

Plus de personnes âgées

Ces estimations tranchent avec celles réalisées précédemment et misent sur un futur déclin avec environ 2 milliards de personnes en moins. D’ici 2100, 183 des 195 pays auront des taux de fécondité totaux, qui représentent le nombre moyen d'enfants par femme, en dessous de 2,1. Cela signifie que dans ces pays, les populations diminueront, à moins qu'une faible fécondité ne soit compensée par l’immigration. “La croissance démographique mondiale continue tout au long du siècle n'est plus la trajectoire la plus probable pour la population mondiale, avance le directeur de l'IHME, le docteur Christopher Murray, qui a dirigé la recherche. Cette étude offre aux gouvernements de tous les pays l'occasion de commencer à repenser leurs politiques en matière de migration, de main-d'œuvre et de développement économique pour relever les défis posés par le changement démographique.”

L’étude prédit également d'énormes changements dans la structure par âge mondiale. Elle estime qu’environ 2,37 milliards d'individus auront plus de 65 ans en 2100, contre 1,7 milliard de moins de 20 ans. Selon les statistiques du Rapport sur l’état de la population mondiale, réalisée par l’ONU, les plus de 65 ans n’ont représenté qu’une personne sur 11 en 2019. Ce bouleversement aura de nombreuses conséquences économiques. “Nos résultats suggèrent que la baisse du nombre d'adultes en âge de travailler à elle seule réduira des taux de croissance du PIB qui pourraient entraîner des changements majeurs dans la puissance économique mondiale d'ici la fin du siècle, prévoit Stein Emil Vollset, premier auteur de l'article. Réagir au déclin de la population deviendra probablement une préoccupation politique primordiale dans de nombreux pays, mais ne doit pas compromettre les efforts visant à améliorer la santé des femmes ou les progrès des droits des femmes.”

Une accélération de la baisse de la fécondité

La baisse de la fécondité devrait s’accélérer dans le monde. Une grande partie de cette baisse anticipée est prévue dans les pays où la fécondité est élevée, en particulier ceux d'Afrique subsaharienne, où les taux devraient tomber sous le niveau de remplacement pour la première fois, passant d'une moyenne de 4,6 naissances par femme en 2017 à 1,7 en 2100. Au Niger, où le taux de fécondité a été le plus élevé au monde en 2017, avec des femmes donnant naissance à sept enfants en moyenne, le taux devrait baisser à environ 1,8 au siècle prochain. La population de l'Afrique subsaharienne devrait pourtant tripler au cours du siècle, passant d'environ 1,03 milliard en 2017 à 3,07 milliards en 2100. L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient sont les seules régions qui devraient avoir une population plus importante en 2100 (978 millions) qu'en 2017 (600 millions).

À mesure que la fécondité diminue et que l'espérance de vie augmente dans le monde, le nombre d'enfants de moins de 5 ans devrait baisser de 41%, passant de 681 millions en 2017 à 401 millions en 2100. Le nombre de personnes de plus de 80 ans devrait être multiplié par six, de 141 millions à 866 millions. De même, le ratio mondial d'adultes de plus de 80 ans pour chaque personne âgée de 15 ans ou moins devrait passer de 0,16 en 2017 à 1,50 en 2100, dans les pays où la population a diminué de plus de 25%.

Des pays verront leur population divisée par deux

Les populations qui diminuent le plus rapidement se trouveront en Asie et en Europe. Les populations devraient diminuer de plus de moitié dans 23 pays et territoires, dont le Japon (passant d'environ 128 millions de personnes en 2017 à 60 millions en 2100), la Thaïlande (71 à 35 millions), l'Espagne (46 à 23 millions), l'Italie (de 61 à 31 millions), le Portugal (11 à 5 millions) et la Corée du Sud (53 à 27 millions). Il y a 34 autres pays qui devraient connaître des baisses de population de 25 à 50%, y compris la Chine (1,4 milliard en 2017 à 732 millions en 2100).

Cette baisse démographique devrait également avoir pour conséquence de redistribuer les cartes du jeu géopolitique. “Le XXIe siècle verra une révolution dans l'histoire de notre civilisation humaine, a réagi le docteur Richard Horton, rédacteur en chef de The Lancet. L'Afrique et le monde arabe façonneront notre avenir, tandis que l'Europe et l'Asie reculeront dans leur influence. D'ici la fin du siècle, le monde sera multipolaire, avec l'Inde, le Nigéria, la Chine et les États-Unis comme puissances dominantes. Ce sera vraiment un monde nouveau, auquel nous devrions nous préparer aujourd'hui.”

Les limites de l’étude

Les auteurs notent certaines limites importantes, notamment le fait que les prévisions sont restreintes par la quantité et la qualité des données utilisées. Ils ajoutent que les tendances passées ne sont pas toujours prédictives de ce qui se passera dans le futur, et que certains facteurs non inclus dans le modèle pourraient modifier le rythme de la fécondité, de la mortalité ou de la migration. Par exemple, la pandémie de Covid-19 a affecté les systèmes de santé à travers le monde et causé plus d'un demi-million de décès. Cependant, les auteurs estiment que les décès supplémentaires causés par la pandémie ne modifieront probablement pas de manière significative les tendances prévisionnelles à long terme de la population mondiale.

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