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QUESTION D'ACTU

La psylocybine

Dépression : une substance présente dans les champignons hallucinogènes comme traitement potentiel

D'après une nouvelle étude, la psylocybine, le principe actif des champignons hallucinogènes aurait un effet sur le claustrum, zone cérébrale clé dans la perception de soi et a priori réduite chez les personnes dépressives. 

Dépression : une substance présente dans les champignons hallucinogènes comme traitement potentiel Svetlana Malysheva/iStock




L'ESSENTIEL
  • La psilocybine, présente dans les champignons hallucinogènes, modifie le claustrum, une zone du cerveau souvent réduite chez les personnes dépressives.
  • "Cette étude d’imagerie apporte une meilleure compréhension des mécanismes qui sous-tendent le fonctionnement de la psilocybine dans le cerveau".
  • En France, près de 9 millions les personnes ont vécu ou vivront une dépression au cours de leur vie, soit une personne sur sept.

Voilà plusieurs années que les études scientifiques analysent les effets des “drogues psychédéliques” sur l'anxiété, le stress ou la dépression. En 2017, des chercheurs avaient pour la première fois réussi à observer les conséquences sur le cerveau de la psilocybine, le principe actif des champignons hallucinogènes. Ils en avaient conclu que cette substance pouvait améliorer l'état des personnes souffrant de dépression, résistantes aux antidépresseurs traditionnels.

Aujourd’hui, des chercheurs américains se sont intéressés aux effets de cette la psilocybine sur le claustrum, une zone du cerveau présentée par des experts comme une clé dans la régulation cérébrale et siège de la perception de soi et de la conscience. Or, dans la dépression, les patients expriment souvent le sentiment d’être déconnectés d’eux-mêmes. D’après les résultats de l’étude parue dans la revue NeuroImage, le claustrum serait très sensible à la psylocybine, le principe actif des champignons hallucinogènes. A terme, cette découverte pourrait ouvrir la voie à des traitements potentiels.

Pour leur étude, les chercheurs du département de psychiatrie du centre Johns Hopkins Medicine à Baltimore (Etats-Unis) ont sélectionné 15 volontaires et leur administré, soit la substance, soit un placebo. Les participants se sont ensuite allongés sur un canapé avec lunettes et écouteurs. Ils ont écouté de la musique avant d’être conduits en voiture vers des installations d’imageries par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf).                

Une réduction de l’activité du claustrum

Les images ont été réalisées une heure après la prise de drogue ou de placebo. Résultat : l’hallucinogène agit bien directement sur le claustrum, en réduisant de 15 à 30% son activité. Ce phénomène semblait associé aux expériences émotionnelles et mystiques vécues par les participants. Ce ralentissement aurait des répercussions sur l’audition, l’attention, la prise de la décision et la mémorisation et se rapprocherait du sentiment souvent exprimé par les personnes dépressives d’être déconnectées d’elles-mêmes.  

En 2016, d’autres travaux réalisés post mortem avaient d'ailleurs déjà montré que, chez les personnes souffrant de dépression ou de schizophrénie, le claustrum était réduit.

L’étude présente a toutefois quelques limites, concèdent les chercheurs. Le placebo étant toujours administré en premier, cela a “réduit les effets de report potentiels de l'exposition, car les effets importants de cette dose chez les individus en bonne santé peuvent persister pendant au moins 6 h après l'administration”, écrivent-ils notamment. 

“Une meilleure compréhension des mécanismes”

Quoi qu’il en soit, “cette étude d’imagerie apporte une meilleure compréhension des mécanismes qui sous-tendent le fonctionnement de la psilocybine dans le cerveau”, commente le docteur Frederick Barrett, professeur de psychiatrie et des sciences du comportement à Johns Hopkins.

En conclusion, les auteurs du papier recommandent de mener plus de recherches sur le sujet. “Comme orientation future qui pourrait s'appliquer largement au domaine des psychédéliques, la comparaison des effets des médicaments psychédéliques chez les participants avec et sans exposition préalable aux psychédéliques sera importante pour comprendre les interactions entre les effets aigus et durables de ces composés”, avancent-ils.

La dépression est la maladie mentale la plus courante qui soit. Dans le monde, 264 millions de personnes seraient concernées, selon les estimations de l’OMS. En France, Santé publique France estime à près de 9 millions les personnes qui ont vécu ou vivront une dépression au cours de leur vie, soit une personne sur sept.

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