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Silver économie : la peur de la Covid-19 persiste même si les clients reviennent

Le déconfinement permet un certain retour à la normal. Mais l'expérience du confinement a marqué certaines populations. José Viegas, entrepreneur dans la "silver economy", nous fait partager son expérience.

Silver économie : la peur de la Covid-19 persiste même si les clients reviennent Daisy-Daisy/iStock




Retour à la normale, du moins en apparence. Après ces deux mois de confinement où le chiffre d'affaires a été nul, José, entrepreneur parisien dans la 'silver économie' - soit les services aux personnes âgées -, respire de nouveau depuis une dizaine de jours seulement. "On a du boulot tout le mois de juin et on commence à prévoir des chantiers en août et septembre" se réjouit-il. Même s'il est resté optimiste durant toute la durée du confinement, le pari était loin d'être évident. Spécialisé dans le maintien à domicile des personnes âgées et à mobilité réduite, il vend notamment des produits domotiques et des aménagement de logement à une tranche de la population fragile et donc plus vulnérable que la moyenne à la Covid-19.

L'heure de la résurrection pour son activité n'a pas sonné lors du déconfinement du 11 mai, mais quelques semaines plus tard. "Au début, les clients ont eu très peur de voir arriver chez eux des intrus pour la réalisation de devis ou des travaux d'aménagement, explique José. Ils n'ont accepté que l'on échange de nouveau sur le projet qu'après les annonces officielles de la fin mai. Même s'ils sont presque tous déconfinés aujourd'hui ils restent extrêmement prudents."

Une peur installée

Concrètement une fois sur trois ses clients s'assurent avant un rendez-vous qu'il portera bien un masque - une mesure qui s'applique bien évidemment. À cela s'ajoute quelques nouvelles manies nées durant le confinement. "Certains clients ont leur propre bombonne de gel hydroalcoolique et ils nous demandent de nous laver les mains avant de toucher quoique ce soit, d'autres nettoient tout ce qu'on touche juste après notre passage ou alors nous demandent de ne pas toucher les poignées de portes" raconte-il.

Pour rassurer ses clients, il a instauré un protocole anti-Covid-19 classique dans son magasin : masque obligatoire pour tous, port d'une visière de sécurité pour lui et son salarié et disposition d'un point de distribution de portions de gel hydroalcoolique dans des sachets. Une sorte de cadeau commercial pour rassurer ses clients les plus anxieux. "Je vois qu'ils ont pris l'habitude de porter des masques et de ne pas sortir de chez eux. Ils ont très peur et cette peur ne s'évanouira pas comme ça, affirme-t-il. S'il y a une deuxième vague je pense qu'ils se confineront d'eux-même."

Difficultés logistiques

Pourtant si les clients sont presque tous revenus, il n'en va pas de même pour l'appareil logistique. "On sent que ce n'est pas revenu à 100%, parfois on ne peut pas démarrer un chantier parce qu'il nous manque un ou deux éléments et lorsqu'ils sont livrés ils mettent 2 à 3 fois plus de temps que d'habitude" regrette le chef d'entreprise. Des perturbations dues à la fermeture d’entrepôts, à des sociétés de transport ou de logistique plus ou moins à l'arrêt et de la mise en place du télétravail, estime-t-il. À cette difficulté matérielle s'ajoute un imprévu de taille : "je reçois environ 20% des objets cassés ou rayés, assure-t-il. C'est un pourcentage anormalement élevé que je ne m'explique pas." Entrepôts débordés ou charge de travail décuplées sont des pistes parmi d'autres.

Malgré ses difficultés, l'entreprise a repris ses affaires suspendues durant le confinement. Mais ces deux mois perdus seront payés tôt ou tard. "Il se passe 6 à 8 mois entre la décision d'investir et le début du chantier de rénovation, explique-t-il. Or je n'ai eu aucun contact pour de nouvelles commandes entre mi-mars et mi-mai. Cela veut dire que j'aurai certainement un 'trou commercial' vers la fin de l'année."

Autre crainte à plus long terme : la baisse des aides à l'aménagement des logements. José craint que les dépenses exceptionnelles d'aujourd'hui pour sauver l'économie - comme le chômage partiel et aide pour les entreprises - se remboursent demain par des réductions de l'argent public et notamment des aides pour aider les personnes à adapter leurs logements à leurs besoins sanitaires. Des subventions qui représentent jusqu'à 50% de l'investissement nécessaire pour démarrer un chantier chez un particulier. Un tel scénario pourrait faire chuter son activité.

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