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Médecine intégrative et patient autonome : de quoi parle-t-on ?

Une médecine centrée sur chaque individu et non plus seulement sur la maladie, c'est ce que permet l'émergence de nouvelles technologies dans le secteur de la santé. Pleins d'espoir, les experts parlent de médecine intégrative. Pour accompagner cette révolution, il faudra rendre le patient plus actif dans son parcours de soins, plus autonome. Pourquoi Docteur fait le point. 

Médecine intégrative et patient autonome : de quoi parle-t-on ? Drazen Zigic/iStock




Aujourd’hui, 97% des personnes atteintes de cancer sont traitées par des produits testés sur seulement 3% des patients lors d'études cliniques. Toutefois, grâce à l’émergence de l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé et au gain de temps que ces nouvelles technologies offrent aux médecins, l’occasion est donnée d'offrir des prises en charge plus personnalisées mais aussi de se recentrer enfin sur l’humain, de redéfinir le rôle du malade au sein du parcours de soins et de repenser plus efficacement celui-ci. Les spécialistes parlent de médecine intégrative et de patient autonome. De quoi s’agit-il exactement ? 

La médecine intégrative croise tout ce qui est connu, de la biologie de la tumeur et de son environnement, ainsi que toutes les disciplines disponibles (intelligence artificielle, imagerie médicale, réalité virtuelle) pour définir la stratégie thérapeutique la plus adaptée. Il s’agit donc de tenter une approche plus personnalisée du cancer, tenant à la fois compte des expériences scientifiques et du malade. 

“Aujourd’hui, quand on administre un médicament, c’est que ses effets ont été validés par une étude. Pour que celle-ci soit bien faite, on va éliminer les nombreux biais : on va choisir quelques patients sélectionnés pour montrer l’efficacité anti-tumorale, mais une fois qu’on a ce résultat, on va donner ce même médicament à toute la population atteinte. Est-ce qu’on obtiendra le même bénéfice pour chaque patient ? Pas forcément. C’est pour cela qu’il faut arriver à considérer chaque patient de manière différente, avec sa singularité”, explique à Fréquence Médicale dans une émission réalisée sur le sujet, le docteur Alain Toledano, cancérologue, radiothérapeute à la clinique Hartmann, à Neuilly-sur-Seine, et président de l’Institut Rafael.

“Il va falloir qu’on revoit nos manières de faire, nos démonstrations et qu’on s’adapte, qu’on aille au plus près de chacun”, poursuit-il. Désormais l’objectif est donc de “passer d’une médecine centrée sur la mdiealadie à une médecine centrée sur l’individu et son projet de vie.”  

Un carnet médical numérique

Le spécialiste détaille :  “la cellule cancéreuse existe au sein d’un environnement, donc on doit considérer l’individu dans la société et son environnement, et pas uniquement se concentrer sur la maladie (…)  Il faut travailler avec d’autres disciplines pour promouvoir la santé globale. Il va falloir prendre en compte la santé sexuelle, psychologique ou encore sociale de l’individu.”

Et cet individu aura bien sûr un rôle à jouer, car le concept de la médecine intégrative n’a pas de sens sans celui du patient autonome. Grâce à une prise en charge numérisée associant à la fois téléconsultation et suivi des malades entre deux consultations par l’utilisation du numérique, ces derniers seront bien plus actifs qu’à l’heure actuelle.

Grâce à un carnet numérique, le patient pourra régulièrement décrire comment il vit la maladie et son traitement. Aujourd’hui, lors “d'une consultation courte, avec beaucoup d’émotions, il va oublier de rapporter certains espèces secondaires”, explique Alain Toledano. Or, les traitements contre le cancer engendrent de nombreux effets secondaires.  

“Troubles de la sexualité, des bouffées de chaleur, des troubles du sommeil… faire le récit de ces effets secondaires va permettre de mieux prendre en charge le patient. On va devoir déléguer des taches aux outils numérique pour pouvoir se recentrer sur l’humain”, poursuit le spécialiste. “On ne s’est jamais préoccupé de ce cortège d’effets secondaires qui peut miner la vie du patient. En utilisant ce temps gagné dans la collecte des données, on va pouvoir recentrer la prise en charge autour des patients et pas autour de sa maladie.”  

Permettre moins de déplacements  

“Le smartphone doit être un outil complémentaire du soignant et nous permettre d’aider à évaluer le patient et à être à ses côtés. Il doit surtout permettre au patient de retrouver une certaine autonomie pour que nous puissions mieux l’accompagner (…) Le médecin, l’infirmière de coordination et l’équipe médicale autour du patient, doivent réussir à lui faire prendre conscience que le retour de ses données et son propre vécu sont fondamentaux pour que nous puissions l’accompagner, et que son ressenti est au centre de tout cela. Cela permettra moins de déplacements, moins de transports à rembourser…”, renchérit à Fréquence Médicale le docteur Florian Scotté, qui dirige le département d’oncologie médicale et de soins de support à l’hôpital Foch.

L’expert cite plusieurs études démontrant une supériorité, non seulement en terme de longévité, mais surtout de qualité de vie, pour les patients malades du cancer ayant été suivis via une plateforme internet. “Les patients âgés préfèrent rester à la maison dans leur environnement”, assure Florian Scotté. Ainsi, le patient n'aura plus à se déplacer inutilement pour récupérer un résultat qu'il aurait pu obtenir par mail, et la relation médecin-patient n'en sera que plus agréable. “Il va falloir recréer un contact humain et déléguer la technique et tout ce qui est inutile en terme de dépense d'énergie (...). D’une médecine prescriptive, on va passer à une médecine intégrative”, conclut Alain Toledano.  

Voir ci-dessous la vidéo de Fréquence Médicale sur la médecine intégrative et le patient autonome : 

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