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Progrès scientifique

On a trouvé le talon d'Achille du cancer colorectal

Presque toutes les cellules tumorales du cancer colorectal possèdent le même gène spécifique muté, ce qui offre des possibilités de développer des approches thérapeutiques.

On a trouvé le talon d'Achille du cancer colorectal Mohammed Haneefa Nizamudeen/iStock




Tous sexes confondus, le cancer colorectal est la troisième cause de cancer dans l’Hexagone. Nous faisons d’ailleurs partie, avec les Etats-Unis, le Japon, et l’Australie, des pays où le risque de développer un cancer colorectal est le plus élevé. Selon les prévisions avancées par l’Institut national du cancer, nous devrions atteindre 45 000 nouveaux cas annuels en 2020. Cependant, une bonne nouvelle se profile à l’horizon ! Un groupe de chercheurs allemand de l’université de Würzburg a découvert que dans presque 90 % des cas de cancer du côlon, un gène spécifique - le gène APC - est muté. L'étude a cherché des cibles dans ces cellules qui pourraient être utilisées pour les détruire. Les conclusions de cette recherche ont été publiées le 4 novembre dans la revue Nature Cell Biology.

Un gène responsable des cellules cancéreuses

Ainsi, lorsque les chercheurs ont inhibé le gène appelé eIF2B5, les cellules cancéreuses mutantes du côlon ont subi une mort cellulaire programmée, un système d'autodestruction par lequel l'organisme élimine normalement les cellules endommagées ou âgées. Les cellules saines, en revanche, ont été capables de faire face à l'inhibition du gène sans aucune altération. “Nous voulions trouver des gènes qui ne sont importants que pour la survie des cellules porteuses de mutations APC, mais pas pour les cellules saines”, a déclaré le Dr Armin Wiegering, chef d'un groupe de recherche junior au Biocentre JMU et médecin en chirurgie au CHU de Würzburg.

Les chercheurs connaissent maintenant un site où de nouveaux médicaments antitumoraux pourraient avoir un effet ciblé. “Nous avons ainsi identifié un talon d'Achille très spécifique des tumeurs mutées par APC“, se réjouit Martin Eilers, chercheur sur le cancer au Biocentre. L'efficacité d'une inhibition du gène elF2B5 a été démontrée avec succès dans des expériences sur des animaux. Comme le gène n'est pas entièrement actif chez les souris, elles ne développent pas le cancer du côlon aussi rapidement et survivent beaucoup plus longtemps.

Place à la recherche future

L'étude ne s'arrête pas là, car le gène elF2B5 n'est qu'une des cinq sous-unités du complexe génique eIF2B sur lequel les chercheurs veulent approfondir leurs recherches. “Nous voulons aussi caractériser les autres sous-unités et voir si nous pouvons également leur trouver une spécificité, indique Armin Wiegering. Nous établirons ensuite une méthode pour dégrader l'eIF2B5 dans les cellules cancéreuses. Si cela réussit, cela pourrait mener à une nouvelle option thérapeutique.”

Le cancer colorectal se développe sur la paroi interne du côlon et du rectum, et peut dans certains cas le reflet de notre mode de vie. Certains facteurs, comme la consommation d’alcool ou de tabac, la sédentarité, l’absence de fibres dans l’alimentation, l’excès de viande rouge ou le surpoids peuvent aggraver sa survenue. D’abord bénin, il finit par devenir cancéreux s’il n’est pas pris en charge rapidement. Découvert à un stade précoce, le cancer colorectal offre de bonnes chances de survie. Selon les chiffres publiés par Santé publique France, le taux de survie à cinq ans du cancer colorectal est de 63 %. Dans son rapport de 2018, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), 21 % des cancers colorectaux chez les plus de 30 ans seraient imputables à la consommation d’alcool. 

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