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QUESTION D'ACTU

Crise des hôpitaux

La réorganisation des hôpitaux doit prendre en compte le projet médical pour les maladies chroniques

Dans une interview à Libération, Agnès Buzyn, la ministre de la santé s’avance sur certains choix de la réorganisation à venir des hôpitaux. Le Pr André Grimaldi s’inscrit en faux sur un des éléments choisis pour baser la réflexion et rappelle la nécessité d’une vraie politique pour les maladies chroniques.

La réorganisation des hôpitaux doit prendre en compte le projet médical pour les maladies chroniques Pablo_K/istock




Dans sa dernière interview à notre confrère Libération, la ministre répète que « la T2A  a été un des éléments dont les effets se sont révélés les plus négatifs ». Mais elle ajoute : « les travaux sur le changement de modèle de tarification (des hôpitaux, ndl) vont nous conduire à nuancer justement le poids de la T2A... Le budget global n'oriente vers rien. L'intérêt d'une tarification par activité, c'est que l'on peut faire des choix ». Ce disant  elle se trompe perpétuant l'erreur dénoncée par la frange « orthodoxe » des économistes de la santé.

Un budget global annuel pour les maladies chroniques

Le financement est là pour permettre le juste soin au moindre coût pas pour remplacer une vraie politique de santé, nécessaire notamment pour relever les défis de la maladie chronique (qualité, coordination, réactivité pour s'adapter en permanence aux nouveaux modes de traitement...). Le mode de paiement doit permettre cette politique, pas s'y substituer, comme le fait structurellement la T2A.

L'avantage du budget global annuel cogéré avec l'administration pour le financement des maladies chroniques est de donner le premier rôle au projet médical et non à la gestion financière alors que la politique tarifaire, aussi sophistiquée soit-elle, conditionne l'activité aux tarifs sans possibilité de choix médical.

L'inconvénient du budget global qu'on a connu est le risque de figer la dotation au fil des années. C'est pourquoi le « nouveau budget global annuel » pour les maladies chroniques doit être  modulé en fonction de quelques critères simples et robustes d'activité et du statut social de la population. Il doit être partagé avec un intéressement collectif de l'équipe et de l'établissement en cas d'économie et révisable en cas de saut technologique diminuant les coûts de prise en charge.

Va-t-on allonger la liste des hôpitaux qui vont mal ?

Plus surprenant, la ministre nous dit : « Avec Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des Comptes publics, nous travaillons très bien. Jamais un gouvernement n'a été aussi solidaire, je n'ai jamais eu à demander un arbitrage à Matignon ». A la lecture on est surpris de la référence nominale à Gérald Darmanin et à la relecture on se demande si c'est bien du Agnès Buzyn dans le texte.

Quoi qu'il en soit les hospitaliers, soignants et non soignants, médecins et infirmières doivent comprendre qu'ils doivent eux mêmes demander « l'arbitrage de Matignon ». Quelle justification y a-t-il, en effet, à baisser encore les tarifs T2A et le montant des dotations en 2018, alors que l'ONDAM de 2017 a été tenu, alors qu'il n'y a pas eu d'augmentation d'activité (de son codage) et alors que les hôpitaux enregistrent un déficit de 1,5 Milliard d'euros ?

La ministre se félicite à raison que « beaucoup d'hôpitaux fonctionnent très bien, sans déficit, avec une très bonne ambiance de travail ».

Le but de la nouvelle purge 2018 est-il d'allonger la liste des hôpitaux qui vont mal, après Paris, Marseille, Grenoble, Lille, Toulouse, Angers, Orléans, Limoges...?

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