• CONTACT

QUESTION D'ACTU

Proposition d'Emmanuel Macron

Le ministre de la Santé doit-il être médecin ?

ENTRETIEN - Emmanuel Macron a proposé de nommer un médecin à la tête du ministère de la Santé. Une idée qui ne garantirait pas d’efficacité politique.

Le ministre de la Santé doit-il être médecin ? JPDN/SIPA




La suggestion revient régulièrement sur le tapis : placer un professionnel à la tête du ministère le représentant. Substituer à l’élite politique coupée des réalités les travailleurs de terrain, ceux qui savent, mieux que personne, ce qui façonne leur quotidien.

Ce jeudi, sur le plateau de l’Emission Politique, c’est Emmanuel Macron qui a brandi l’idée. « Je souhaite nommer un médecin à la Santé », a expliqué le candidat à l’élection présidentielle sur France 2. Si la proposition semble séduisante, pragmatique, elle ne garantit pas une quelconque efficacité politique : un médecin n’a pas forcément le meilleur diagnostic pour lui-même… Claude Lepen, économiste de la santé, livre son point de vue.


Est-il préférable, voire nécessaire, qu’un ministre de la Santé ait une formation de médecin ?

Claude Lepen : En fait, cela peut s’avérer compliqué car les prérogatives du ministère de la Santé ont beaucoup évolué. Avant les années 1990-200, il y avait un ministre des Affaires Sociales qui gérait les comptes de la Sécurité sociale, et un ministre de la Santé qui s’occupait des questions de santé publique, de vaccination, de prévention, de sécurité sanitaire… et qui n’avait pas de compétences budgétaires et financières. Il y a ainsi eu des couples historiques – Michel Barsac et Philippe Seguin, qui ont marqué les esprits.

Puis, les choses ont changé, la Santé a récupéré des attributions du ministère des Affaires Sociales : le couple a fusionné. Aujourd’hui, les compétences du ministre de la Santé sont à la fois des compétences médicales de santé publique, et des compétences financières, des connaissances sur la protection sociale des Français.

Ce ne sont pas les mêmes attributs : il vaut mieux être médecin pour la partie santé publique, ou du moins avoir une culture médicale, épidémiologique... Mais pour gérer les comptes de la Sécurité sociale, il vaut mieux avoir une optique financière, économique, d’accès aux soins, de protection sociale. Un médecin peut être un bon ministre de la Sécurité sociale mais il n’a aucune légitimité spécifique, et inversement. Donc, dans cette configuration, il n’est pas nécessaire que la responsabilité du ministère incombe à un médecin.

Ecoutez l'intégralité de l'entretien avec Claude Le Pen :

 

 

Par corporatisme, un professionnel ne risquerait-il par d’être le ministre des médecins avant d’être celui des patients ?  

Claude Lepen : C’est l’une des questions que l’on peut se poser. Le ministère de l’Education est-il celui des Enseignants ? Le ministère de la Défense est-il celui des Militaires ? Il y a toujours une double appartenance ; on défend un secteur mais aussi les travailleurs dudit secteur.

Effectivement, à la Santé comme ailleurs, il y a un risque que le ministre défende les intérêts corporatistes d’une profession. Après, c’est une question d’éthique, de choix politique, de capacité à porter des grands choix nationaux, et à se détacher des intérêts corporatistes des professionnels.

Au final, ne vaut-il pas mieux que des médecins occupent des postes au sein du cabinet ministériel plutôt qu’à la tête ?

Claude Lepen : Bien sûr, un médecin peut être ministre : il ne lui est pas interdit d’avoir des compétences financières, certains praticiens ont même été ministre du Budget, comme Jérôme Cahuzac.

Mais je crois effectivement que la bonne configuration, dans l’état actuel des choses, c’est plutôt d’avoir un ministre de la Sécurité Sociale qui s’occupe des questions financières et sociales, et un solide cabinet avec des représentants de la santé publique - pas forcément des cliniciens, mais plutôt des spécialistes de la santé collective, de la médecine sociale.

 

Vous aimez cet article ? Abonnez-vous à la newsletter !

EN DIRECT

LES MALADIES

J'AI MAL

Bras et mains Bras et mains Tête et cou Torse et haut du dos Jambes et pied

SYMPTÔMES