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AcSé-ESMART

Cancers pédiatriques : un essai promet un meilleur accès aux innovations

L'essai ESMART, soutenu par l'INCa, va permettre à 260 enfants et adolescents en échec thérapeutique d'accéder à des traitements de dernière génération.

Cancers pédiatriques : un essai promet un meilleur accès aux innovations frantab/epictura



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  • OMS

Les cancers de l’enfant et du jeune adulte restent des maladies rares, qui dans 80 % des cas peuvent être soignées grâce à des traitements standard. Mais pour les jeunes patients en échec thérapeutique, l’accès aux molécules innovantes est primordial. Dans le cadre du Plan cancer, l’Institut national du cancer (INCa) s’est engagé à faciliter l’inclusion des enfants et des adolescents dans des essais cliniques précoces. L’essai AcSé-ESMART, lancé ce mardi, devrait permettre en deux ans de doubler le nombre de médicaments pour ces enfants.

 

Dix molécules disponibles

ESMART est un essai unique au monde dans les cancers pédiatriques. Il permettra à 260 jeunes patients en échec thérapeutique d’avoir accès à une dizaine de molécules innovantes (thérapies ciblées et immunothérapies), développées pour les adultes, mais qui peuvent s’avérer efficaces dans les cancers pédiatriques.

Les patients seront pris en charge dans l’un des 6 centres d’essais précoces labellisés par l’INCa (CLIP), aujourd’hui ouverts aux enfants. « Les CLIP étaient jusqu’en 2016 réservés aux adultes, la labellisation de ces 6 centres pour les cancers pédiatriques est un message fort de la part de l’INCa », souligne le Pr Gilles Vassal, directeur de la recherche clinique de Gustave Roussy.
Les enfants inclus dans l’étude bénéficieront d’un diagnostic moléculaire pour identifier des cibles thérapeutiques possibles sur leur tumeur. En fonction de ce « portrait génétique », un traitement innovant leur sera proposé.

 

Retrouvez l'émission L'invité santé, avec le Dr Dominique Valteau Couanet 
service de cancérologie de l'enfant et de l'adolescent, Gustave Roussy, Villejuif (9 juin 2016)

 

Trop de retard dans les essais pédiatriques

Ces médicaments sont des molécules développées pour l’adulte et pour lesquels l’usage pédiatrique n’est pas encore possible en routine, faute de données suffisantes. « Il y a beaucoup de retard dans les essais pédiatriques, déplore Gilles Vassal. La loi prévoit que dès la fin des essais de phase 1 chez l’adulte, un plan d’étude pédiatrique soit déposé, or ce n’est pas le cas. »
Des retards qui conduisent parfois à des situations ubuesques, un anticorps anti-PD1, dont l’efficacité contre le lymphome d’Hodgkin a été démontré, vient d’être autorisé aux Etats-Unis. Mais faute de données pédiatriques, le médicament ne pourra être prescrit qu’aux adultes, or « ce lymphome est une maladie typique de l’adolescent et du jeune adulte », souligne Gilles Vassal.

 

Renforcer la législation

Longtemps montrés du doigt pour leur manque d’innovation dans les médicaments pédiatriques, les laboratoires pharmaceutiques - pour certains - commencent à revoir leur position sur le sujet. L’essai ESMART est d’ailleurs le fruit d’une collaboration entre l’INCa, l’association de parents Imagine for Margo, Gustave Roussy et trois laboratoires. Astrazeneca, BMS et Novartis se sont ainsi engagés à fournir plusieurs de leurs dernières molécules. « Il y a une réflexion en cours chez les industriels, qui veulent faire mieux et différemment », relève Gilles Vassal.

Ecoutez...
Gilles Vassal, directeur de la recherche clinique à Gustave Roussy : « On a commencé à décoller avec la réglementation maintenant il faut complètement changer de braquet ! (...) Il faut aussi changer les états d'esprit...»



Mais pour le spécialiste, par ailleurs président de la Société européenne d’oncologie pédiatrique, accélérer l’accès à l’innovation, passe forcément par une mobilisation des décideurs. « La loi sur les médicaments pédiatriques a vraiment changé le paysage mais elle ne va assez loin, et elle ne correspond pas aux besoins des enfants », estime le Pr Vassal.
Promulgué en 2007, ce texte prévoit que toute molécule développée chez l’adulte fasse l’objet d’essais pédiatriques, « si le besoin existe ». Une précision qui permet dans de nombreux cas aux industriels de demander une dérogation. C’est notamment le cas pour le crizotinib, molécule utilisée dans le traitement du cancer du poumon. Cancer qui n’existe bien entendu pas chez l’enfant. Or un essai, mené à Gustave Roussy, et dont Gilles Vassal a présenté les résultats lors du dernier congrès de la Société américaine d’oncologie clinique, montre que la molécule est efficace dans différents cancers pédiatriques.

Une réévaluation de la loi était prévue au bout de 10 ans. L'Europe devra donc prendre position l'an prochain. Oncologues et parents espèrent qu'elle renforcera la législation pour limiter le nombre de dérogations, et permettre une accélération de l’accès à l’innovation pour tous les enfants de l’Union européenne. Aujourd'hui, seul un sur dix a accès à une molécule innovante quand il est en échec thérapeutique.

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