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16 millions de prescriptions en France

Reflux gastrique : les IPP augmentent le risque d'insuffisance rénale chronique

Les inhibiteurs de la pompe proton (IPP) utilisés pour traiter les reflux gastriques sont associés à un risque accru de 20 à 50 % de développer une maladie rénale chronique.

Reflux gastrique : les IPP augmentent le risque d'insuffisance rénale chronique Joseph Dean/REX Shutter/SIPA




Le traitement de référence contre les remontées acides, les inhibiteurs de la pompe à proton (IPP), augmenterait considérablement le risque de développer une insuffisance rénale chronique. Telles sont les conclusions de deux études présentées la semaine prochaine au Congrès annuel de l’association américaine de néphrologie à San Diego (Californie, États-Unis).

Apparus dans les années 1990, les IPP sont depuis largement prescrits dans le traitement des reflux gastro-oesophagien, des ulcères digestifs ou encore en prévention de lésions induites par les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).
En France, avec plus de 16 millions de prescriptions par an, soit près de 60 millions de boîtes vendues, les IPP sont classés parmi les 100 médicaments les plus prescrits selon la Caisse nationale d’assurance maladie.

Et malgré une utilisation massive de ces médicaments depuis plus de vingt cinq ans, leurs effets secondaires sont encore mal connus. Des études ont montré que leur utilisation augmentent le risque d’infections pulmonaires et favorisent l’ostéoporose. D’autres travaux ont mis en évidence le rôle des IPP dans la néphrite interstitielle, une inflammation des reins. Aujourd’hui, deux études d’ampleur suggèrent que leur consommation contribue au développement de l’insuffisance rénale chronique.

Des milliers de patients suivis

Dans l’une d’elle, les chercheurs de l’université Johns Hopkins ont étudié plus de 10 400 patients en bonne santé entre 1996 et 2001. Ils ont découvert que les participants prenant des IPP ont entre 20 % et 50 % plus de risques de développer une insuffisance chronique rénale que les autres volontaires. Les scientifiques ont ensuite confirmé leurs résultats lors d’une seconde étude dans laquelle environ 240 000 patients ont été suivis pendant 17 ans. « Dans ces deux études, les participants qui prenaient des IPP ne présentaient pas de risque accru de développer une pathologie rénale », souligne le Dr Benjamin Lazarus, responsable des travaux. 

Dans l’autre étude présentée au congrès, une équipe de l’université de Buffalo a examiné les données de santé de 71 000 patients atteints de pathologies rénales chroniques. Parmi eux, plus d’un quart ont reçu des IPP. D’après les observations des chercheurs, ces patients traités par IPP ont moins de risque de développer des maladies vasculaires, des cancers, des diabètes, de l’hypertension ou encore une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO). En revanche, la consommation de ces médicaments est associée à un risque accru de 10 % de développer une insuffisance rénale chronique et un risque accru de 76 % de mort prématurée.

Des prescriptions injustifiées

« Les IPP sont souvent prescrits en dehors des recommandations officielles d’utilisation, relève le Dr Pradeep Arora, coordinateur de ces travaux. Et on estime que plus de deux tiers des patients sont traités inutilement par IPP. »

Outre, l’utilisation injustifiée d’IPP, l’automédication est également problématique. En France, plusieurs de ces médicaments sont disponibles en pharmacie sans ordonnance. Pour éviter une utilisation prolongée, les conditionnements ont été limités à 14 comprimés. Toutefois, au vu des effets indésirables potentiels, de meilleures mesures de prévention pourraient s'avérer nécessaires. 

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