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Mécanismes biologiques

Le sport comme antidépresseur : comment ça se passe dans le cerveau ?

Par Stanislas Deve

Faire du sport suffit à réduire les symptômes de dépression et d’anxiété, mais pourquoi ? On vous explique les mécanismes du cerveau qui sont à l’œuvre derrière ce remède naturel.

Mihaela Rosu / istock
Selon l'Organisation mondiale de la santé, 5 % des adultes souffrent de dépression dans le monde, en majorité des femmes. En France, 3 millions de personnes seraient touchées.
Pour garder une bonne santé physique et mentale, l’agence estime que les adultes de 18 à 64 ans devraient consacrer au moins 150 à 300 minutes par semaine à une activité d’endurance d’intensité modérée, ou pratiquer au moins 75 à 150 minutes d’activité d’endurance d’intensité soutenue.

Le sport est un antidépresseur naturel redoutablement efficace. Agissant sur la motivation et l’humeur, la pratique régulière d’une activité physique est même recommandée par l’Association européenne de psychiatrie (EPA) pour venir à bout d’un syndrome d'anxiété chronique, qui toucherait environ trois millions de personnes dans l'Hexagone. Cela aurait chez certaines personnes un impact aussi positif que celui produit par des traitements antidépresseurs. Mais pourquoi un tel effet anxiolytique ? Comment ça se passe concrètement dans le cerveau ?

Le sport intensif booste la production de neurones

Les mécanismes biologiques par lesquels le sport améliore la santé mentale sont multiples. C’est d’abord sur la croissance de la structure cérébrale qu’il agit : "Faire de l’exercice régulièrement modifie la biologie du cerveau", affirme le psychiatre Arash Javanbakht, de l’université de Wayne State (aux Etats-Unis), dans un article paru dans The Conversation. "Le cerveau est un organe très 'plastique' : de nouvelles connexions entre les cellules cérébrales - les neurones - se forment chaque jour dans les régions cérébrales importantes", à commencer dans l’hippocampe, qui joue un rôle dans l’apprentissage, la mémoire, la motivation, la régulation des émotions négatives, l’appétit...

Or, de récents travaux ont montré qu’une activité physique de haute intensité, comme le cardio, augmentait drastiquement les niveaux d’une certaine molécule, appelée "facteur neurotrophique issu du cerveau", qui aide le cerveau à produire des neurones et donc à croître. Une neurogenèse qui, selon une étude, est également favorisée par l’acide lactique, une molécule dont la production explose lors d’un effort physique. En résumé, le cerveau est comme boosté, dopé, "renouvelé" en neurones par la pratique sportive.

Les "hormones du plaisir" comme antidépresseurs

Par ailleurs, l’activité physique, d’autant plus si elle est intensive, stimule et libère dans le cerveau certains neurotransmetteurs et hormones associés au plaisir, à la détente ou encore à la motivation : les fameuses endorphines, mais aussi de la dopamine et de la sérotonine, pour ne citer que les plus importantes. Considérées comme la "drogue" des athlètes, les endorphines, au pouvoir analgésique, produisent un tel état de bien-être et de satisfaction après l’effort que la personne souhaite réitérer l’expérience les jours suivants. La dopamine et la sérotonine, elles, participent à la sensation de relaxation et d’euphorie que l’on peut ressentir après un long jogging. Ce n’est pas tout : le sport fait baisser naturellement le taux de cortisol, l’hormone du stress, ce qui a un effet apaisant sur l’organisme. Bénéfice bonus : tous ces mécanismes hormonaux permettent de mieux dormir en conjurant les troubles du sommeil, qui sont un facteur de risque des troubles mentaux comme la dépression.

L’activité physique est anti-inflammatoire

Si le sport fait autant de bien au mental, c’est aussi parce qu’il aurait des propriétés anti-inflammatoires, rappellent des études ici et . Alors que l’inflammation de l’organisme est aujourd’hui suspectée de jouer un rôle majeur dans l’anxiété et la dépression (en réduisant notamment la sécrétion de dopamine), l’activité physique, même modérée, viendrait "réguler le système immunitaire et l’inflammation, évitant qu’elle ne soit excessive", selon le neuroscientifique Arash Javanbakht. En plus de réduire les symptômes dépressifs déjà existants, cela permettrait donc de prévenir leur apparition tout au long de la vie.