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QUESTION D'ACTU

Série "diabète" (3/5)

Perturbateurs endocriniens : ces nouveaux facteurs de risque de diabète

Causes, traitements, prise en charge... La recherche avance dans le domaine du diabète. Dans le cadre d'une nouvelle série consacrée à cette maladie, Pourquoi docteur a recueilli les propos du professeur Nicolas Chevalier, médecin endocrinologue et métabolismes au CHU de Nice, qui pointe des associations entre le diabète et les perturbateurs endocriniens. 

Perturbateurs endocriniens : ces nouveaux facteurs de risque de diabète Teka77 / istock.




L'ESSENTIEL
  • Plus de 90 000 composés chimiques sont couramment utilisés, principalement issus de la production industrielle (solvants, plastiques (bisphénol A [BPA]), plastifiants, pesticides, fungicides, agents pharmacologiques…).
  •  À ces produits synthétiques s’ajoutent les substances naturelles retrouvées dans l’alimentation (phyto-oestrogènes, isoflavonoïdes, lignanes contenus dans le soja, la luzerne, le lin…). 

"Les perturbateurs endocriniens environnementaux, notamment le bisphénol A, doivent être désormais considérés comme des facteurs de risque à part entière d’insulino-résistance", estime le professeur Nicolas Chevalier, médecin endocrinologue et métabolismes au CHU de Nice. "Leur participation dans l’épidémie d’obésité et de diabète de type 2 ne semble plus faire de doute", a-t-il ajouté lors du dernier congrès de la Société Francophone du Diabète.

Les facteurs environnementaux jouent un rôle dans le diabète de type 2

De nombreux chercheurs ont établi des connexions entre l’exposition à des produits chimiques et des anomalies chez les animaux et chez l’Homme. Il en est ainsi des perturbateurs endocriniens. Largement répandus dans notre environnement quotidien, ils concernent toute substance chimique d’origine naturelle ou artificielle, étrangère à l’organisme, capable d’interférer avec le fonctionnement du système endocrinien et d’induire des effets délétères sur l’individu et/ou sa descendance.

Plusieurs observations ont montré un lien entre la survenue du diabète de type 2 et une exposition accidentelle à un ou plusieurs polluants. "Actuellement, de nombreux arguments, qu’ils soient expérimentaux ou épidémiologiques, tendent à confirmer que des facteurs environnementaux jouent un rôle dans la genèse d’une insulino-résistance et d’un défaut de l’insulino-sécrétion (les mécanismes physiopathologiques du diabète de type 2)", juge Nicolas Chevalier.

Le bisphénol A mis en cause

Les premiers liens confirmant le rôle du bisphénol A dans la survenue du diabète sont apportés par l’étude épidémiologique américaine NHANES (National Health and Nutrition Examination Survey). "Il est ainsi montré que la plupart des participants ont des taux détectables de différents produits chimiques et, en particulier, de bisphénol A, avec une association forte entre le diabète auto-déclaré et l’exposition au bisphénol A", détaille Nicolas Chevalier. Cette étude a souligné, en outre, que toute élévation de la concentration de bisphénol A est associée à une augmentation du risque de diabète. De la même manière, l’analyse de l’étude NHS (Nurse Health Study) et de son suivi a révélé une corrélation positive entre les concentrations urinaires de bisphénol A et l’apparition d’un diabète de type 2. Cette relation a été mise en évidence uniquement chez les femmes les plus jeunes, avant la ménopause. 

Ces données concernant les effets métaboliques du bisphénol A ont été également confirmées pour l’obésité (un facteur de risque de diabète, NDLR). On estime ainsi que l’exposition au bisphénol A est responsable de 42 000 cas d’obésité infantile chaque année en Europe, avec un coût de santé annuel estimé à 1,5 million d’euros.  

Les études chez l’animal ont, par ailleurs, permis de fournir des éléments pertinents sur le rôle du bisphénol A au niveau du métabolisme, en particulier glucidique. Enfin, si l’on considère les effets d’une exposition prénatale au bisphénol A chez les rongeurs, les données sont relativement convergentes pour la survenue d’une obésité à l’âge adulte. "En revanche, elles sont plus controversées pour le diabète de type 2, probablement en raison d’un déterminisme multifactoriel", conclut Nicolas Chevalier. 

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